La Sélection, téléréalité littéraire
Kiera Cass nous propose une immersion totale dans le futur des Etats-Unis, la nation d’Illéa. Entre conflits politiques et sociaux, la compétition de la Sélection est lancée, le prince Maxon doit trouver sa princesse : qui sera l’Elue ?
300 ans après la chute des Etats-Unis, la monarchie est le régime en place dans la nation d’Illéa et un système de castes a été mis en place. Les traditions doivent être respectées, et le futur roi Maxon ne déroge pas à la règle : il est temps pour lui de se trouver une épouse pour accéder au trône. La tradition veut que 35 jeunes femmes en âge de se marier soient sélectionnées (une par province) pour rejoindre le palais et rencontrer le prince, tout cela sous l’œil des caméras toujours présentes : la Sélection est une télé-réalité. Au fil du temps, le prince éliminera des jeunes femmes, pour enfin choisir l’Elue. Les formulaires d’inscription sont envoyés, et America Singer, « une Cinq » reçoit bien évidemment le sien, à son grand malheur.
Tirée au sort, elle intègre donc la compétition. Rivalité, trahisons, amitié et amour vont rythmer le quotidien de ces 35 jeunes femmes, mais les attaques des renégats – des révolutionnaires – viendront perturber cette routine. Le Prince arrivera-t-il à prendre cette grande décision malgré tout ?
Faisant écho à l’émission The Bachelor, ce roman young adult se lit très facilement, tout est très fluide et léger, même s’il y a quelques moments assez monotones. Ce qui est dommage, c’est que certains évènements ne sont que très peu abordés alors qu’ils mériteraient un peu plus d’attention (pour satisfaire la curiosité du lecteur et pour sa bonne compréhension).
Une auteure qui sait utiliser les clichés
Cette fiction mélangeant dystopie, conte de fée et téléréalité reste cependant très agréable et addictive, et les personnages sont pour la plupart très attachants – mais il reste important de noter que les personnages et certaines des relations entre eux sont très stéréotypés. Nous retrouvons America Singer, belle comme un cœur mais qui n’aime pas être complimentée, dévouée, qui se lie d’amitié avec le Prince par le plus grand des hasards, et qui finit par développer des sentiments plus profonds pour lui. Evidemment, son nom n’est pas sans signification : son prénom a été choisi en mémoire du passé d’Illéa, et son nom n’est pas sans équivoque : c’est une chanteuse. Nous retrouvons Aspen, ex petit-ami d’America, chef de famille, qui la quitte par orgueil mais qui, on peut très bien s’en douter, va vouloir la reconquérir. Maxon, le prince que personne n’écoute, qui a du mal à endosser son rôle, que personne ne connaît mais qui va s’ouvrir à America, tout en tombant sous son charme dès sa rencontre. Il est parfait, beau, riche, talentueux, intelligent, attentionné et il serait facile d’aligner encore plusieurs adjectifs pour le décrire.
Enfin, parmi les autres sélectionnées, nous retrouvons Céleste, « une Deux », riche mannequin, qui sait user de sa beauté et de ses charmes pour duper son monde. C’est la mean girl de la Sélection.
Un parallèle entre dystopie et réalité
Malgré tous ces stéréotypes, on rentre sans difficulté dans cette fiction qui peut être un reflet de notre société. La nation d’Illéa souffre de gros problèmes politiques et sociaux, mais aussi reflétant l’image de la femme : elle n’est qu’un objet, elle ne peut rien refuser au prince Maxon, peu importe les intentions de ce dernier. Les plus riches peuvent contrôler le nombre d’enfants qu’ils auront, les plus pauvres doivent faire avec les moyens du bord et nous retrouvons des familles avec cinq enfants – si ce n’est plus. La téléréalité reste ce qu’elle est : une réalité scénarisée. Evidemment, ce parallèle entre le roman et la réalité est à faire, mais tout reste de la fiction, Kiera Cass voit un futur détruit par les nombreuses Guerres Mondiales (quatre) et laisse tout de même un message sur notre société, comme toutes les dystopies. Ce qui est intéressant avec la sienne, c’est qu’elle nous tient en haleine tout du long, et sa dystopie est beaucoup plus lisse et plus sobre que les autres fictions du genre : tout reste gentillet et elle veille à ne rien écrire de choquant.
Elle connaît son public et prend en compte que certains lecteurs peuvent être trop jeunes pour avoir des détails affreux ou macabres, tout en exposant des faits terribles.
A lire pour se changer les idées, La Sélection, c’est une compétition pour la couronne dans une jolie cage dorée, divisant les sélectionnées. Mais plusieurs questions nous taraudent : qui veut la couronne ? Qui veut Maxon ? En bref : qui sera l’Elue ?
Celia F.
La Sélection
Kiera Cass
Collection R, Robert Laffont, 2012
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