Mohican / Eric Fottorino

Etre paysan aujourd’hui ? Entre tradition et modernité

Rencontre avec Eric Fottorino, en partenariat avec la Bibliothèque Orange , à l'occasion des 100 ans de cette association.

Samedi 22 octobre à 11h
Bibliothèque Carré d’Art –
Grand Auditorium (-1) 

A travers Brun et son fils Mo c’est l’histoire de la paysannerie française depuis le siècle dernier qui défile sous nos yeux. 

Trois générations d’hommes : du grand-père au petit fils, des paysans aux agriculteurs, du travail laborieux de la terre à la course effrénée au rendement qui accompagnent la croissance économique et démographique de l’après-guerre. 

Un sujet que l’auteur et directeur de presse connaît bien, puisqu'il a commencé sa carrière de journaliste dans les domaines des ressources naturelles et l’agriculture.

C'est après avoir parcouru la France avec le photographe Raymond Depardon et fait paraitre « J’ai vu la fin des paysans », en 2015 que l'idée du roman a germé. 

                                                        

« Mohican » c’est l’amour de la terre, ce sont les gestes transmis de génération en génération. 

Malgré les silences, leur pudeur et leur opposition fondée sur deux visions  divergentes du métier, l’affection père-fils y tient une place prépondérante. Les deux hommes ont en commun leurs morts et un attachement viscéral à leur terre et leurs bêtes.
 

« Les Soulaillans » c’est plus qu’une ferme, c’est une lignée d’hommes et de femmes qui, années après années se sont battus contre « vents et marées ».  

La colère de Mo l’entraine jusqu’à un acte irréversible qui le mène en prison. Une issue improbable va redonner de l’espoir, comme un conte auquel l’on aimerait croire. 

On respectera malgré tout ce choix de l’auteur, qui sait si bien parler d’un monde écartelé,  en pleine mutation et interrogation sur l’avenir. 

Roman lucide, respectueux et âpre comme ses personnages merveilleusement mis en valeur. 

Les descriptions du Jura, l’écriture simple, vivante, les dialogues authentiques et la voix de Suzanne, l’épouse et mère disparue, entrainent le lecteur dans un récit poignant qui touche profondément et fait réfléchir. 

Garder les pieds sur terre. C’est difficile pour Brun. Le sol se dérobe, il vacille. Il ne sait plus si c’est lui qui n’a plus la force  ou si c’est la terre qui  n’a plus envie. Il se souvient. La mémoire lui revient par éclairs. Il y croyait. Ils y croyaient tous. Brun avait la foi. Semer était sa façon de prier. Paysan n’était pas un métier. C’était ce geste ancestral toujours recommencé. Se nourrir pour ne pas mourir. Se faire l’égal de Dieu en multipliant le grain qui donne le pain… Lutter sans cesse contre la nature pour s’en rendre maître. Même s’il faisait partie de la nature, lui aussi.

Patricia M, lectrice Bibliothèque Orange

Christine F, bibliothécaire

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