Le Goût du vrai, par Etienne Klein

Le goût du vrai
La vérité comme bien commun...

La tendance, à l’heure actuelle, est d’avoir un avis non-éclairé sur tout, ce qui revient à considérer la science comme une croyance parmi d’autres (« populisme scientifique » selon Bronner).

Les scientifiques sont des « experts », et il faut beaucoup de temps et de labeur pour le devenir. « Les sciences progressent par l’organisation collective des controverses scientifiques » : il s’agit d’un temps long, alors que la politique règle les problèmes dans l’urgence. Il ne s’agit pas de la même temporalité. Ni de la même responsabilité : l’effet « Dunning-Kruger » nous rappelle ainsi que pour mesurer son incompétence, il faut être…compétent !

Deux attitudes opposées cohabitent, selon Bernard Williams : un attachement fort à la véracité (volonté de rester méfiant) et une défiance face à la vérité. Elles s’induisent même : le désir de véracité enclenche au sein de la société un processus critique généralisé. De ce fait, il y a une perte totale de confiance face aux paroles des experts/scientifiques.

Mais, il y a problème lorsqu’il n’y a plus de vérité, car il n’y a plus de monde commun. Nous sommes de plus en plus connectés, informés, en lien. Nous sommes de plus en plus nombreux, et conscients de l’être. Nous nous lions donc, dans de (tout) petits groupes, et ces groupes ont chacun leurs propres vérités. Il n’y a donc plus une vérité commune, qui avance et évolue du fait de la participation de tous.

Le champ est libre à toutes les vérités : ce qui veut dire qu’il n’y en a plus. Il n’y a plus de sagesse collective: c’est-à-dire, des désaccords, et surtout, des avancées.

Le moment est aux fake news, mais comment s’en protéger ? Par l’éducation, la culture, la pluralité des sources, le temps long, les débats, la conscience collective. Nous devons également reconnaître que nous sommes des êtres de nature, et pas uniquement au-dessus d’elle. La connaissance, le savoir, la vérité sont des valeurs à faire exister à condition d’être tous ensemble. Le sujet individuel, ou le groupe fermé, ne peuvent édicter des vérités.


Sandrine S. Bibliothécaire


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