"Ma sombre Vanessa"

Cela pourrait  être une version moderne du Lolita de Nabokov, à l’heure de #metoos ou la version fiction/roman du consentement de Vanessa Springora, il s’agit ici du pouvoir de la fiction.

Ma sombre Vanessa, premier roman de Kate Elizabeth Russell met en scène une jeune fille de 15 ans, la solitaire et tourmentée Vanessa, qui, élève d’un pensionnat privé et élitiste du Maine, s’engage dans une liaison avec son professeur de littérature, Jacob Strane. Véritable histoire d’amour ou sordide affaire d’abus sexuel de la part d’un homme de 42 ans exerçant une autorité sur mineure ?

La romancière creuse la question du consentement des victimes d’abus sexuels car si  Vanessa se replonge dans son passé, elle se refuse à dénoncer Strane. Jamais.

Réalité sordide, engrenage construit autour d'un mécanisme d'emprise psychologique savamment rôdé, certaines scènes sont difficiles à concevoir et pourtant nécessaires.

Certains(nes) féministes ont reproché à  l’auteur de déplorer le fait que les victimes soient forcées de partager publiquement leurs traumatismes.

Peu importe, Kate Elizabeth Russell victime collatérale  ou non du phénomène #metoo, nous offre ici un roman puissant, d’une écriture belle et forte, un très beau personnage de femme.

Non pas que j'aie été violée. Pas "violée, violée". Strane m'a fait mal, parfois, mais jamais de cette façon. Même si, j'en suis sûre, je pourrais affirmer qu'il m'a violée, et on me croirait. Je pourrais participer à ce mouvement de femmes qui, les unes après les autres, affichent sur les murs chaque mauvaise chose qui leur est jamais arrivée. Sauf que je ne mentirai pas pour entrer dans le moule. Je ne vais pas me qualifier de victime…. … Il l'a dit lui-même - avec moi, c'était différent. Il m'aimait, il m'aimait...

Ma sombre Vanessa
Kate Elizabeth Russell
Escales, 2020

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Et…Vanessa Springora le consentement

Françoise M. Bibliothécaire