Ils ont été confinés : les littéraires


Le confinement, une préoccupation commune à bon nombre de nos écrivains, périodes pendant lesquelles leur inspiration est souvent aiguisée, voire majorée. Cependant, celle-ci, ne correspond pas toujours avec un désir volontaire de rompre avec le quotidien. Qu’en est-il, lorsque celle-ci est imposée par des circonstances, par des choix personnels, ou par la violence de désirs impossibles à maîtriser ?

Sainte Thérèse de Lisieux  


La petite Thérèse, née Thérèse Martin, est issue d’une famille extrêmement pieuse, à tel point que le couple parental s’abstient pendant une année de toute relation charnelle pour vivre en harmonie, avec leur foi chrétienne. Tancés par leur confesseur, ils vont donner naissance à cinq filles, qui deviendront toutes carmélites. 

Thérèse perd très jeune sa maman, et retrouve en sa sœur aînée une seconde maman à laquelle elle voue une tendresse éperdue. Très tôt, sa seconde maman « l'abandonne » et entre au Carmel. Très chagrinée, Thérèse, alors âgée de 13 ans, décide qu’elle aussi, entrera au Carmel. Dès lors, rien ne pourra ébranler sa foi : ni les multiples démarches entamées auprès des évêques et du Pape. 

Selon son désir, elle intégrera le Carmel à quinze ans. Maladroite, elle sera souvent l’objet de railleries de la part des sœurs du Carmel mais rien ne la détournera de ce qu’elle nomme sa petite “Voie". Ne pas accomplir de grandes choses mais vivre le quotidien, parfois difficile, au mieux, avec empathie, amour, et humilité.

Elle mourra très jeune, dans d’indicibles souffrances, décrivant dans ses derniers moments les murs du Carmel comme ceux de la Liberté infinie. Son incomparable « Histoire d’une âme » a été vendu à des millions d'exemplaires et elle reste, de nos jours, l’objet d’une vénération, jamais démentie.
 
Et pour la petite anecdote, Edith Piaf, une de ses très lointaines parentes, ne pénétrait jamais en scène sans avoir glissé dans son sac, une petite statuette de la sainte.


 

Le « divin » Marquis de Sade

Donatien, Alphonse, François de Sade, personnage sulfureux, controversé, le «divin Marquis»  (nom donné en référence au devin Aerin, premier auteur érotique des temps modernes) montre dès sa prime jeunesse, des opinions politiques, anticléricales très virulentes . 
Au cours de ses 74 années d’existence, il va être emprisonné, à de très nombreuses reprises par tous les régimes politiques successifs, essentiellement pour son athéisme clérical virulent et ses pratiques sexuelles hors-normes. Et va ainsi totaliser 25 années d’emprisonnement. 
Ce qui lui fera dire, avec son humour caustique et décapant : « les entractes de ma vie ont été beaucoup trop longs...» C’est en prison qu’il va rédiger « Justine ou les malheurs de la vertu ». C’est emprisonné qu’il rédigera également une partie de ses œuvres, ainsi que « les 120 journées de Sodome ». Sont-ce ces innombrables séjours carcéraux qui ont inspiré ses fantasmes érotiques et pornographiques, ou bien sa personnalité torturée, sadique et provocatrice.
Il finira ses jours dans un asile d’aliénés, oublié de tous. Ce n’est que bien plus tard que Jean Jacques Pauvert réhabilitera, l’ensemble de son œuvre lui donnant ainsi la possibilité d’intégrer La Pléiade


 

Oscar Wilde, le Suprême Dandy

Oscar Wilde, de son nom complet Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais. Son père est médecin, anthropologue et historien. Sa mère est poétesse.

Condamné le 25 avril 1895 pour "outrage aux mœurs" (c'est-à-dire homosexualité), il a tout perdu passant brutalement du statut de dandy provocateur à artiste anéanti. Il mourut à Paris, cinq ans après, dans la misère et la solitude.

Cet apôtre de la frivolité a dû toucher le fond dans sa cellule pour produire son vrai chef-d'œuvre. De profundis, long monologue de 150 pages, témoignage authentique et émouvant d’un homme blessé, encore et toujours profondément amoureux de son amant Lord Alfred Douglas, dit Bosie, « joli garçon » cruel.

De profundis clamavi ad te, Domine 
Des profondeurs, je criai vers Toi, Seigneur

Difficile de rester insensible à ce cri d’amour, de douleur, à la dure réalité subie par cet homme de lettre surdoué « Je devais garder à tout prix l’Amour dans mon âme. Si j’allais en prison sans Amour, que serait devenue mon Ame ».

Le 19 mai 1897, le prisonnier reparaît libre mais brisé. De sa cellule, il avait pris le soin d’envoyer la lettre à Robert Ross son plus fidèle ami : « Je ne peux pas reconstituer ma lettre, ni la récrire. Tu dois la prendre telle qu’elle est, marquée à de nombreux endroits par mes larmes, avec les signes de la passion ou de la douleur, et fais-en le mieux que tu pourras ». Heureusement, ce dernier, a conservé le manuscrit et envoyé à Lord Alfred Douglas une copie, que ce dernier a détruite après lecture.
Ross a publié la lettre plusieurs années après la mort de Wilde survenue en 1900. Grâce à cela nous sommes les témoins de "l'un des plus beaux livres qui soient nés de la souffrance d'un homme" Albert Camus.


Les bibliothécaires

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