Geek Art, une anthologie: Art, Design, illustration et sabre laser, La trilogie

"Live long and prosper"


NOGA oblige, voici un billet littéraire sur une œuvre originale, peu banale, véritable ovni dans la littérature française, la trilogie Geek art une anthologie aux éditions Huginn & Muninn.
Derrière cette trilogie, l'auteur français Thomas Olivri nous raconte une histoire, celle de la « culture geek ».





"Vers l’infini et au-delà"


Mario, Dark Vador, Pikachu, Marty McFly, Frodon, Spiderman, Batman, Link… Tous ces héros, et bien d'autres, sortis tout droit des jeux vidéo, du cinéma, du dessin animé, des comics, des séries télé ou de la littérature de science-fiction, inspirent aujourd'hui des dizaines d'artistes à travers le monde.
Avec près de 240 artistes pour presque autant de pays, cette trilogie recueille le meilleur de cette expression moderne et populaire qu’est le geek art et expose des illustrateurs, graphistes, photographes … Qui ont mis leur talent au service de ces icônes modernes.
Un ouvrage de référence pour les fans et les amateurs de culture geek mais pas seulement.


"This is my spot" - c’est quoi le geek art?


En effet, Geek Art, une anthologie est aussi un outil indispensable pour comprendre la scène artistique contemporaine.       
Avec l’émergence puis la sacralisation de la culture geek dans la pop culture, est né un nouvel art, empreint de nostalgie, de passion et porteur d’univers infinis pour la créativité. Et si le geek art était le digne héritier - celui que l’on n’attendait plus - du pop art ? Capable, sous le prisme de ces nouveaux dieux, à la fois de nous faire rêver tout en critiquant les excès de la société contemporaine?
La culture geek est aujourd’hui sur tous les fronts et mise à toutes les sauces. Son univers, autrefois réservé à une poignée de « nerds », cantonnés à la caricature du jeune solitaire passionné de science-fiction sans amis ni petite copine et martyrisé par tous, (George Mac Fly) s’est étendu aujourd’hui à tous les niveaux. Aujourd’hui, c’est « cool » d’être « geek », à tel point qu’il n’est pas exagéré de penser que les geeks raillés autrefois ont pris le pouvoir.
Mais à leur manière : l’antihéros plutôt que le héros, la simplicité plutôt que l’exubérance, Peter Parker plutôt que Dany Zuko.   

En toute simplicité donc, les premiers fans ont passé le flambeau à une nouvelle génération d’artistes, de graphistes et de designers qui se nourrissent avec plaisir de toute l’inspiration qu’ils trouvent dans ces incroyables mondes de SF, de fantasy ou de super-héros.


 "Winter is coming" - les artistes


Cette trilogie nous permet d’apprécier autant de formes d’art différentes que d’artistes aux univers singuliers. De quoi tenir un bon moment au chaud avec l’hiver qui s’installe.
Au menu, des sérigraphies, des photographies, du modélisme, de la peinture, de la sculpture  mais aussi des formes d’arts plus émergentes comme le détournement ou le matte painting… Bref, toute une exposition a portée de main. 


Parmi les artistes proposés dans le volume 1, on retrouve les français Mr Garcin et Grégoire Guillemin. L’un fait des montages en découpant des pages de comics, l’autre de la pixilation.  Les influences vont de Warhol  à Roy Lichtenstein, en passant par Banksy et Ashley Wood. 


Mais encore Andy Fairhust , peintre digital gallois , spécialisé dans le character design qui offre une représentation de ces héros d’enfance tout droit sortis de Retour vers le futur ou des Goonies et qui n’a rien à envier à Pierre Soulages. Jerod Gibson, graphiste américain freelance, rend hommage à sa manière aux films et séries télé qui l ‘ont marqué, en utilisant de nombreuses citations relatives à ces derniers pour donner corps à une image permettant d’illustrer parfaitement le film en question. Ainsi, en compilant des phrases, le savon de Fight club prend forme.



Dans le volume 2, le dessinateur Josh Ln marque les esprits. Avec sa série Hero Glyphics, l'artiste met en scène ses héros de profil, façon égyptienne, les Xmen, les chasseurs de fantômes de Ghostbusters... Il se croit prisonnier d'un vortex temporel puissant qui lui fait revivre inlassablement les années 1980 et 1990. Ce n'est que par ellipse qu'il refait surface à notre époque pour laisser libre cours à son art et à son imagination, écrit de lui Thomas Olivri pour introduire son œuvre.

Dans le volume 3, Ale Giorgini, artiste italien international que l’on qualifia un jour de «rétrogéometrique », est fan de dessins, d’architecture et de mode. Il redessine ses héros préférés. L’artiste dit de ses dessins : Chacun d’entre nous est lié à l’autre d’une manière invisible. Voilà pourquoi mes personnages sont toujours connectés les uns aux autres… Concluons par un artiste peintre français, Pierre Adrien Sollier, qui dans le volume 3 a décidé de se consacrer entièrement à la peinture autour de ce petit bonhomme bien connu au visage d’émoticône, le playmobil.  Et cela pour rendre hommage à sa manière aux plus beaux tableaux de l’histoire comme La Cène, La Joconde, Le radeau de la méduse ou encore Nigttaws.





"La cuillère n’existe pas" - les univers


Vous l’aurez compris, le geek art est indissociable de la culture geek. Aussi les artistes s’inspirent-ils de tous les héros issus des univers précités (télévision, jeux vidéo, cinéma, science-fiction, internet…) Mais ils s’inspirent aussi des objets, des univers, des « level » dans les jeux vidéo.... Aussi, lorsqu’il ne s’agit pas de rendre hommage en se concentrant sur le personnage principal,  il n’est pas rare que les univers se croisent, se confondent, que les héros d’un film soient dans le dessin animé d’un autre, que le héros d’un jeu vidéo joue dans le jeu vidéo qui n’est pas le sien. Dans Alice Dilemma, celle qui s'est perdue au pays des merveilles doit choisir entre la pilule rouge et la pilule bleue de Matrix.  (Avec MCQUARE PJ) c’est bien le héros de Breaking bad qui se cache derrière le masque de Dark Vador. La forme au profit du fond, l’imaginaire face à la mesure. 


Parfois, il s‘agit de confronter ces héros dans la vie de tous les jours, dans sa banalité comme dans ses excès. L’art comme conception critique de notre société reprend ses droits. Avec Grégoire Guillemin, il est possible de retrouver Dark Vador fumant un cigare, Iron Man jouant à la console ou Catwoman suçant plutôt langoureusement une Chupa Chups. On parle tantôt de violence, de guerre, de pornographie et tantôt  de poésie,  d’une forme de beauté que peut avoir une situation dans la banalité. Ainsi, avec l’artiste Andry Rajoelina, même les Avengers ou  les Tortues Ninjas vont bien sagement à l’école…



"Que la force soit avec toi"


Pour ceux qui découvriraient le concept, l’art geek, ou le geek art ne peut donc plus se cantonner aux fans arts plus ou moins maladroits, Il s’agit d’un courant, d’un mouvement artistique majeur et identifiable parmi les autres. Cette trilogie repose donc sur des oeuvres inspirées, créées par des artistes exigeants, issus des domaines de l’illustration, du graphisme, du design ou encore de l’art contemporain qui utilisent les techniques les plus diverses (peinture, ordi, tablette graphique, sculpture…) pour rendre hommage à des oeuvres cultes (Star Wars, Goonies, Terminator, Retour vers le futur…),  ou des blockbusters récents. (les héros DC et Marvel, mais aussi une bonne partie des dessins animés Disney, Pixar, sans compter les très populaires Game of Thrones ou Harry Potter, ou enfin les indétrônables Mario et Zelda). 


Initialement regardés de haut, socialement inaptes, les geeks ne portent plus, aujourd’hui, leur passion comme une plaie. Que ce soit à travers les nombreux films et séries de super-héros qui envahissent nos écrans chaque année, les expositions d’envergure dans les musées du monde entier ou encore les essais d’auteurs et de chercheurs qui analysent ces œuvres, la culture geek est devenue dominante. Pour le meilleur mais parfois pour le pire. De plus en plus nombreux à être exposés aux quatre coins du monde, vendant généralement leurs oeuvres sous licence officielle pour des questions de droit, très réclamés par les studios ou par les éditeurs de jeux vidéo, courtisés par les marques de produits culturels et hightech qui ont trouvé là un juteux marché, les rangs des geeks se sont considérablement étoffés, si bien que le terme apparaît aujourd’hui un peu galvaudé. Attention à ne pas passer du côté obscur de la force, ne pas trahir cette culture au profit de la commercialisation ou de la marchandisation et lui faire perdre sons sens. Etre Geek au fond, c’est avant tout savoir garder son âme d’enfance ! 



Julien F.



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