Écho des livres du 21 mai 2016

le grand marin
Un écho baladeur: de la Creuse, à l’Alaska, en passant par Istanbul, l’Allemagne, et l’Inde…

Hélène a lu
« Envoyée spéciale » par jean Echenoz

Un bonheur !!!

Constance étant oisive, on va lui trouver de quoi s’occuper. Des bords de Seine aux rives de la mer Jaune, en passant par les fins fonds de la Creuse, rien ne devrait l’empêcher d’accomplir sa mission. Seul problème : le personnel chargé de son encadrement n’est pas toujours très bien organisé.

Echenoz s’empare d’un sujet très personnel, tout en étant drôle et inventif : on se fait « balader » en Creuse, pour une mise au vert. Car Constance est en phase de déconditionnement, pour justement être envoyée en mission en Corée du nord. Là, cela devient drôlissime, et elle finira extradée.

Echenoz maîtrise son écriture, et nous sert une merveilleuse parodie de roman d’espionnage. On se laisse complètement mener par le bout du nez !!!

« Le grand marin » par Catherine Poulain

Il s’agit du premier roman d’une cinquantenaire : on est loin, très loin, de la littérature nombriliste, auteuriste et selfienne. Nous sommes dans le grand large, sur un bateau de pêche, en Alaska.

Magnifique !
 2084 « 2084 » par Boualem Sansal

« A l’inverse de Marie-Hélène, je n’ai pas du tout aimé. J’ai tenu à aller jusqu’au bout, mais je me suis ennuyée ! Pourtant, j’aime bien Sansal. Mais là, c’est trop bavard, il y a beaucoup trop de personnages »

Réponse de Marie-Hélène : « c’est fait exprès, justement, pour donner une impression de fouillis, de questionnement, de vie grouillante ».

« Le lagon noir » par Arnaldur Indridason

A Reykjavik, en 1979, le corps d'un homme est repêché dans le lagon bleu. La police découvre que la victime est un ingénieur travaillant dans la base américaine de Keflavik et que d'étranges vols sont réalisés entre le Groenland et l'Islande. Tandis que les autorités américaines ne semblent pas prêtes à coopérer, Erlendur et Marion Briem mènent l'enquête.

L’action se passe juste après « Les nuits de Reyjavik », dans la période où les américains avaient une base en Islande : les islandais étaient divisés, entre ceux qui étaient « intéressés » par la présence américaine, et ceux qui n’y voyaient qu’une invasion.

On suit avec toujours autant de plaisir les aventures d’Erlendur !


Marie-Hélène a lu
« Le musée de l’innocence » par Orhan Pamuk

En 1975, Kemal, âgé d'une trentaine d'années, s'apprête à épouser Sibel issue comme lui de la bonne bourgeoisie stambouliote. Mais il rencontre Füsun, une parente éloignée, vendeuse dans une boutique de luxe, et en tombe amoureux. Sous prétexte de lui donner des cours de mathématiques, il la retrouve chaque jour dans l'appartement vide de sa mère.

Le récit d’une belle histoire d’amour, au-delà des clivages sociaux. Au fil du temps, Kemal va récolter de menus objets, et en faire un musée.

Un livre plein de nostalgie et de beauté

« Kairo » par Kurosawa Kiyoshi
Kairo Michi, une jeune fille de 21 ans, témoin de phénomènes bizarres et paranormaux, pressent que quelque chose est en train de se dérégler dans le monde, après la disparition brutale ou le suicide inexpliqué de personnes de son entourage...

Dans cette histoire fantastique, les morts arrivent à communiquer via les ordinateurs. Du coup, on voit ces machines d’une toute nouvelle manière !!!

C’est facile à lire, enlevé, et bien mené

« Vaterland » par Anne Weber

L’auteur, ici, est une écrivaine allemande, qui se traduit elle-même en français. Elle raconte sa propre histoire, la recherche de son passé, et de son arrière grand-père, prussien, à la fin du 19ème siècle. A partir de là, la chronique familiale va peut-être aider à comprendre la succession des évènements historiques tels que les deux guerres mondiales.

Très beau, très bien écrit, on suit un cheminement dans l’analyse : par exemple, les protestants (symbole de la liberté, de la relation directe avec dieu… et du libéralisme !) émigrent aux Etats-Unis…sont-ils les précurseurs de la laïcité ? Ou  d’un capitalisme débridé ?

Chantal a lu
« Un fils en or » par Shilpi Somaya Gowda

En Inde, nous suivons l’aîné d’une famille importante, dans un petit village. Il fait ses études de médecine aux Etats-Unis : se heurte au racisme, au poids de l’exil, à la lourdeur des traditions indiennes. On pense beaucoup au très beau film « La saison des femmes », de la réalisatrice indienne Leena Yadav.

Le deuxième personnage fort du livre est l’amie d’enfance du héros : elle sera mariée de force, et va vivre le pire.


Denise a lu
« Magnus » de Sylvie Germain
Magnifique encore d’un point de vue stylistique : une prose poétique exceptionnelle- un verbe puissant, une force de description impressionnante ( pour moi en tout cas )
 

C’est un roman traité comme un policier où le héros balloté est en marge et en quête de lui – même. Amnésique depuis un grave traumatisme  vécu enfant durant le bombardement de Hambourg, il va au fil des mots se découvrir, se construire puis se perdre, se retrouver et muer ainsi à l’infini en changeant de prénom et de nom de famille car !!!!!! son seul lien avec le passé est un ours en peluche un peu brulé , rescapé comme lui de la guerre. 

Sur un fond historique , on voyage sur terre et au plus profond de l’être humain. Magnus, le héros  décide de porter à un moment donné dans le livre et dans son parcours, le nom de son ours pour s’ancrer dans la réalité, il a la faculté de se nourrir des profondeurs invisibles pour les autres, de s’en nourrir et de renaitre, étoffé de souvenirs, de mémoire et d’amour. Il va aller de découverte en découverte sur son identité réelle et modifier sa perception personnelle au fil du roman.

à lire absolument (il est à Marc Bernard)

 « la fille du train
» de Paula Hawkins la fille du train Un thriller psychologique haletant ( Françoise devrait l’aimer )
L’héroïne Rachel, addict à la boisson a tout perdu : son mari, sa maison, son travail – sa coloc ignore qu’elle part tous les matins par le train sans but mais on voit beaucoup de choses par la fenêtre et l’imagination est fertile lorsque la vie n’est meublée que de vacuité – cette déviance psychologique va conduire Rachel vers une issue palpitante, car qui l’aurait cru ?

En vivant une vie par procuration, on approche une réalité inimaginable. Jeu de kapla jubilatoire où s’entrecroisent et se tissent des liens ignorés de tous les protagonistes.
à lire absolument car très bien écrit – style limpide, structuré, traduction excellente.

Le 25 juin, nous consacrerons notre rencontre « écholière » à la littérature de science-fiction, et échangerons sur les titres proposés par Nicolas…


Sandrine S.

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