Edge of Tomorow : Les jour le plus long
Une variation astucieuse autour d’un thème éculé de la Science-fiction qui enrichie sa narration cinématographique grâce aux codes des jeux vidéos.
All You Need is Kill I / All You Need is Kill II de Hiroshi Sakurazaka et Takeshi Obata
Adapté au cinéma par Doug Liman sous le titre Edge of Tomorrow
À l’origine de Edge of Tomorrow, il y a le manga All You Need is Kill de Hiroshi Sakurazaka, sorte de mariage entre Un Jour sans Fin, le jour le plus Long et la Guerre des Mondes.
L’histoire est simple : un soldat revit à l’infini la même bataille contre un peuple extra-terrestre belliqueux.
Soyons clairs, le thème de la boucle temporelle est usé jusqu'à la corde en Science-fiction. Pourtant, ces dernières années, l’émergence de la culture jeu vidéo a légèrement modifié le principe en y ajoutant des concepts directement issus des expériences de jeux (en particulier la répétition d’une même action jusqu'à obtenir un succès)
Sur ce terrain, Edge Of Tomorow est probablement l’exemple le plus avancé et le plus réussi.
Pour une fois, j’ai découvert l’adaptation avant l’original. Je vais donc parler du film en premier.
Un débarquement sur une plage française, des troupes alliées qui se font massacrer sur la plage…Si le manga représente la guerre comme un cauchemar qui évoque les tranchées de la Der des Ders, le film lorgne plutôt vers la seconde guerre mondiale versant débarquement en Normandie.
Par ailleurs le principe de Edge Of Tomorrow, s’il parait similaire à celui de Un Jour sans Fin de Harold Ramis, emprunte surtout à la narration vidéoludique.
Car, le film réussi là où les adaptations de jeu vidéo ont tristement échoué : Prendre en compte l’expérience de jeu du spectateur pour enrichir la narration cinématographique.
Un mélange que l’on retrouve dans l’humour noir des morts de William Cage (Tom Cruise, excellent), mais aussi dans différents aspects qui vous rappelleront les meilleures heures de vos parties de jeu : "je mémorise les mouvements de mes ennemis", "je répète un passage autant de fois que nécessaire pour y arriver" ou encore "il me reste une seule vie avant le game over".
Du coup, contrairement au manga d’origine, le film est parfois très drôle. Pas nécessairement parce que le scénario enchaine les blagues, mais plutôt dans les relations entre les personnages, les dialogues savoureux (Bill Paxton est hilarant) et les interactions induites par le fait que Cage est le seul à savoir ce qui se passe.
D’ailleurs, le film en joue astucieusement en plaçant parfois le spectateur en dehors de la boucle temporelle. Souvent, nous n’auront pas toutes les informations, nous ne vivrons pas tout ce que vis Cage et certaines scènes qui se déroulent pour la première fois à l’écran on déjà été vécues par le personnage une bonne dizaine de fois.
Aussi, Cage connais les gens (parfois intimement, comme c’est le cas avec Rita Vrataski), mais eux ne le connaisse pas. Il y a donc un décalage, de plus en plus profond à mesure que le film avance, entre Cage et le reste du monde.
Sur le fond c’est donc une réussite, car le scénario parvient très adroitement à renouveler une formule vieille comme la Science-fiction et offre à Tom Cruise un rôle puissant, le début du film le montrant même à contremploi total.
Hélas, sur la forme, c’est beaucoup plus quelconque. La direction artistique est terne, le design des exosquelettes militaires déçoit, le visuel est générique.
Quant à La mise en scène, elle est convenable, mais elle cède trop facilement aux sirènes de la caméra branlante d’un réalisateur qui y est habitué (Doug Liman est aussi le réalisateur de La Mémoire dans la Peau).
Quelque part, le film est à contrecourant des blockbusters actuels qui misent tout sur le visuel au détriment du scénario. Ici c’est exactement l’inverse.
Au départ, All You Need is Kill est un roman japonais pour jeunes adultes, adapté en manga sous les crayons de Takeshi Obata, le dessinateur de Death Note.
Keiji Kiriya, lâche jeune recrue militaire, redémarre sans arrêt la même journée à chaque fois qu’il meurt sur le champ de bataille. Il devra passer de boucle en boucle jusqu'à devenir aguerri par une immense expérience du combat qui fait de lui un vétéran, dans l’espoir de survivre à une ultime boucle et de mettre un terme à la guerre.
Le manga, très différent de l’adaptation de Doug Liman, est une réflexion assez amère sur la guerre, vécue ici comme un cauchemar qui semble ne jamais devoir s’arrêter.
On est loin d’une vision romantique du combat, alors que le héros est régulièrement mutilé, horriblement déchiqueté par ses ennemis avant de mourir et de recommencer encore et encore.
Si ce postulat vous fait craindre la répétitivité. Il n’en est rien. Car, le scénario est hyper nerveux et déboule à 100 à l’heure, renforcé par une partie graphique très dynamique (pas toujours très lisible cela dit).
Le souci ? Tout va trop vite ! Si l’on ne s’ennuie jamais, on aurait aimé que le scénario prenne un peu plus le temps de se poser, car les deux volumes se lisent à toute berzingue.
Quant à la temporalité du récit (comment savoir ou l’on en est alors que les boucles se suivent et se ressemblent ?) elle est astucieusement induite par l’évolution du personnage et le fait qu’il inscrive le nombre de boucles qu’il traverse sur sa main.
Car si la journée se répète, Keiji Kiriya, évolue. Il est d’ailleurs le seul, du moins c’est ce que l’on croit de prime abord. De jeune troufion, il devient un véritable vétéran au regard hanté, pour qui la mort (qui cesse d’être une délivrance) est devenue une sorte de jeu macabre, une vaste blague cosmique.
Un soldat confronté de plein fouet à l’implacable logique des boucles temporelles : changer une chose change tout. Sauver un équipier provoquera la mort d’un autre. Et si cette mort était la dernière ?
Une fois n’est pas coutume, l’original et l’adaptation ne sont pas du tout répétitifs et ne se télescopent pas. Ils sont même carrément complémentaires.
Il est d’ailleurs très amusant de constater à quel point le film est fidèle au manga tout en s’en éloignant énormément sur une foule de détails.
Le thème est le même, mais le traitement diffère totalement. Le manga est assez dur, désabusé et graphiquement violent, le film fait la part belle à l’humour noir.
Enfin, il faut constater une chose : l’univers visuel du manga est aussi riche et intéressant que celui du film est pauvre et convenu.
Nicolas
All You Need is Kill I / All You Need is Kill II de Hiroshi Sakurazaka et Takeshi Obata
Adapté au cinéma par Doug Liman sous le titre Edge of Tomorrow
À l’origine de Edge of Tomorrow, il y a le manga All You Need is Kill de Hiroshi Sakurazaka, sorte de mariage entre Un Jour sans Fin, le jour le plus Long et la Guerre des Mondes.
L’histoire est simple : un soldat revit à l’infini la même bataille contre un peuple extra-terrestre belliqueux.
Soyons clairs, le thème de la boucle temporelle est usé jusqu'à la corde en Science-fiction. Pourtant, ces dernières années, l’émergence de la culture jeu vidéo a légèrement modifié le principe en y ajoutant des concepts directement issus des expériences de jeux (en particulier la répétition d’une même action jusqu'à obtenir un succès)
Sur ce terrain, Edge Of Tomorow est probablement l’exemple le plus avancé et le plus réussi.
Vivre, mourir, recommencer…
Pour une fois, j’ai découvert l’adaptation avant l’original. Je vais donc parler du film en premier.
Un débarquement sur une plage française, des troupes alliées qui se font massacrer sur la plage…Si le manga représente la guerre comme un cauchemar qui évoque les tranchées de la Der des Ders, le film lorgne plutôt vers la seconde guerre mondiale versant débarquement en Normandie.
Par ailleurs le principe de Edge Of Tomorrow, s’il parait similaire à celui de Un Jour sans Fin de Harold Ramis, emprunte surtout à la narration vidéoludique.
Car, le film réussi là où les adaptations de jeu vidéo ont tristement échoué : Prendre en compte l’expérience de jeu du spectateur pour enrichir la narration cinématographique.
Un mélange que l’on retrouve dans l’humour noir des morts de William Cage (Tom Cruise, excellent), mais aussi dans différents aspects qui vous rappelleront les meilleures heures de vos parties de jeu : "je mémorise les mouvements de mes ennemis", "je répète un passage autant de fois que nécessaire pour y arriver" ou encore "il me reste une seule vie avant le game over".
Du coup, contrairement au manga d’origine, le film est parfois très drôle. Pas nécessairement parce que le scénario enchaine les blagues, mais plutôt dans les relations entre les personnages, les dialogues savoureux (Bill Paxton est hilarant) et les interactions induites par le fait que Cage est le seul à savoir ce qui se passe.
D’ailleurs, le film en joue astucieusement en plaçant parfois le spectateur en dehors de la boucle temporelle. Souvent, nous n’auront pas toutes les informations, nous ne vivrons pas tout ce que vis Cage et certaines scènes qui se déroulent pour la première fois à l’écran on déjà été vécues par le personnage une bonne dizaine de fois.
Aussi, Cage connais les gens (parfois intimement, comme c’est le cas avec Rita Vrataski), mais eux ne le connaisse pas. Il y a donc un décalage, de plus en plus profond à mesure que le film avance, entre Cage et le reste du monde.
Sur le fond c’est donc une réussite, car le scénario parvient très adroitement à renouveler une formule vieille comme la Science-fiction et offre à Tom Cruise un rôle puissant, le début du film le montrant même à contremploi total.
Hélas, sur la forme, c’est beaucoup plus quelconque. La direction artistique est terne, le design des exosquelettes militaires déçoit, le visuel est générique.
Quant à La mise en scène, elle est convenable, mais elle cède trop facilement aux sirènes de la caméra branlante d’un réalisateur qui y est habitué (Doug Liman est aussi le réalisateur de La Mémoire dans la Peau).
Quelque part, le film est à contrecourant des blockbusters actuels qui misent tout sur le visuel au détriment du scénario. Ici c’est exactement l’inverse.
Les tranchées du futur
Au départ, All You Need is Kill est un roman japonais pour jeunes adultes, adapté en manga sous les crayons de Takeshi Obata, le dessinateur de Death Note.
Keiji Kiriya, lâche jeune recrue militaire, redémarre sans arrêt la même journée à chaque fois qu’il meurt sur le champ de bataille. Il devra passer de boucle en boucle jusqu'à devenir aguerri par une immense expérience du combat qui fait de lui un vétéran, dans l’espoir de survivre à une ultime boucle et de mettre un terme à la guerre.
Le manga, très différent de l’adaptation de Doug Liman, est une réflexion assez amère sur la guerre, vécue ici comme un cauchemar qui semble ne jamais devoir s’arrêter.
On est loin d’une vision romantique du combat, alors que le héros est régulièrement mutilé, horriblement déchiqueté par ses ennemis avant de mourir et de recommencer encore et encore.
Si ce postulat vous fait craindre la répétitivité. Il n’en est rien. Car, le scénario est hyper nerveux et déboule à 100 à l’heure, renforcé par une partie graphique très dynamique (pas toujours très lisible cela dit).
Le souci ? Tout va trop vite ! Si l’on ne s’ennuie jamais, on aurait aimé que le scénario prenne un peu plus le temps de se poser, car les deux volumes se lisent à toute berzingue.
Quant à la temporalité du récit (comment savoir ou l’on en est alors que les boucles se suivent et se ressemblent ?) elle est astucieusement induite par l’évolution du personnage et le fait qu’il inscrive le nombre de boucles qu’il traverse sur sa main.
Car si la journée se répète, Keiji Kiriya, évolue. Il est d’ailleurs le seul, du moins c’est ce que l’on croit de prime abord. De jeune troufion, il devient un véritable vétéran au regard hanté, pour qui la mort (qui cesse d’être une délivrance) est devenue une sorte de jeu macabre, une vaste blague cosmique.
Un soldat confronté de plein fouet à l’implacable logique des boucles temporelles : changer une chose change tout. Sauver un équipier provoquera la mort d’un autre. Et si cette mort était la dernière ?
Un thème commun, mais traité de deux manières différentes
Une fois n’est pas coutume, l’original et l’adaptation ne sont pas du tout répétitifs et ne se télescopent pas. Ils sont même carrément complémentaires.
Il est d’ailleurs très amusant de constater à quel point le film est fidèle au manga tout en s’en éloignant énormément sur une foule de détails.
Le thème est le même, mais le traitement diffère totalement. Le manga est assez dur, désabusé et graphiquement violent, le film fait la part belle à l’humour noir.
Enfin, il faut constater une chose : l’univers visuel du manga est aussi riche et intéressant que celui du film est pauvre et convenu.
Nicolas
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