Quand les émotions s'exposent
C’est à la lecture du livre d’Eva Illouz « les émotions contre la démocratie » que nous avons élaboré cette bibliographie.
Selon l’auteur l’avenir d’une société s’envisage moins en termes d’idéologie qu’en fonction du climat émotionnel. La puissance de cette remarque est qu’elle situe le politique à sa vraie place, dans notre intimité.
Pas si facile de définir les émotions, autrefois nommées passions et pendant longtemps dépréciées. Ne sont-elles pas contraires à la raison? Cette construction binaire a instauré une hiérarchie entre ces deux notions et a participé à dévaloriser l’émotion, perçue comme une perturbation de l’âme et du corps.
Alors qu’intuitivement, on les définirait comme un processus intime, quel rôle jouent-elles dans notre vie sociale ?
Conjuguées au pluriel, les émotions sont considérées comme des marqueurs de l’identité individuelle et les symptômes des mutations culturelles fondamentales que subit la société française depuis une vingtaine d’années.
Elles peuvent naître directement dans le collectif ou émerger des subjectivités individuelles, venir renforcer les engagements militants ou au contraire, freiner les luttes.
À ce jour, nous pouvons retenir trois formes de pouvoir politique des émotions :
- pouvoir de contestation quand les émotions servent de levier collectif de mobilisation au sein des mouvements sociaux (gilets jaunes, Black Lives Matter, activistes écologistes),
- pouvoir de persuasion politique (force du langage émotionnel dans les dynamiques populiste à travers les discours partisans ou les dispositifs politiques,
- pouvoir de résistance changement social quand elles permettent de «révéler» certaines problématiques et discriminations sociales (wokisme)
L’émotion est ce qui nous relie à autrui ou à notre environnement. Elle a en particulier un pouvoir de transformation sociale qui s’exerce à l’échelle de l’individu, mais aussi sur le plan collectif.
Chaque moment de la vie politique semble en effet propice à la diffusion de messages « visant à influencer les attachements et les répugnances, les espoirs et les craintes, les sentiments positifs ou négatifs à l’égard des institutions ou des personnalités de la scène politique ».
Nous vous proposons une sélection de livres pour vous permettre de comprendre ce phénomène.
Laurence Plagnol, bibliothécaire
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