Nîmes et le Goncourt
1892 – 1942 – 1972
Exposition du 15 novembre 2022 au 29 janvier 2023
Galerie de l’Atrium, bibliothèque Carré d’Art
Célébré et désiré mais aussi décrié, controversé, voire même refusé, le prix Goncourt ne laisse pas indifférent. Le service patrimoine de la bibliothèque du Carré d’Art propose une exposition qui retrace les grandes lignes de l’histoire du prix, en mettant en avant trois figures nîmoises : Alphonse Daudet, Marc Bernard et Jean Carrière.
Edmond de Goncourt et Alphonse Daudet, des amis pour la postérité
Rentiers issus de la petite aristocratie lorraine, Edmond (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870) cherchent à promouvoir de jeunes écrivains novateurs et entendent consacrer leur héritage à la création d’une société littéraire chargée de décerner un prix annuel. Formalisées dans un testament maintes fois remanié, ces dispositions seront attaquées par la famille. Aussi faudra-t-il attendre 1903 pour voir les statuts de l’Académie déposés et le premier prix Goncourt attribué.
« (…) Ce prix sera donné au meilleur roman, au meilleur recueil de nouvelles, au meilleur volume d’impressions, au meilleur volume d’imagination en prose, et exclusivement en prose, publié dans l’année.» (Testament définitif d’Edmond de Goncourt, 7 mai 1892)
Quelques années après la mort de son frère, Edmond de Goncourt se lie d’une profonde amitié avec Alphonse Daudet (1840-1897). La stature littéraire de ce dernier – il est l’auteur qui vend le plus avec Zola – fait de lui le profil idéal pour présider la future société littéraire. Il est également chargé d’exécuter le testament des Goncourt mais il meurt sans avoir eu le temps de siéger à l’Académie.
Marc Bernard, un lauréat dans la guerre
Marc Bernard (1900-1983) obtient le prix Goncourt en 1942 pour son roman Pareils à des enfants… où il redonne vie à sa sensibilité et son regard d’enfant avec une grande acuité. Le roman, à caractère autobiographique, se déroule à Nîmes, la ville de sa jeunesse.
Issu de la classe ouvrière, rien ne le prédestine à devenir un écrivain reconnu, si ce n’est son amour des gens, une grande curiosité et un sens de l’observation accru. Lorsque son nom est proposé pour le prix Goncourt, l’écrivain nîmois peine à y croire, et, jusqu’au bout, le suspense demeure entier. Lors de la séance de vote du jury, il est proposé et soutenu par le gardois Léo Larguier et par Roland Dorgelès. Il est élu dès le premier tour par sept voix contre trois.
Cette reconnaissance tombe à point : sa femme Else est juive et le couple a désormais les moyens, grâce à la dotation du prix, de fuir plus facilement les persécutions. Cependant, l’édition n’est pas favorisée par la période, qui connaît une pénurie de papier : de toutes les œuvres lauréates, Pareils à des enfants est celle comptant le moins d’exemplaires publiés.
Jean Carrière et un Epervier lourd à porter
Jean Carrière naît le 6 août 1928 à Nîmes. Son enfance est heureuse, il apprend très tôt à aimer – voire à adorer – les lieux dans lesquels il vit, surtout la garrigue des alentours de Nîmes. Sa vie connaît un véritable tournant quand il devient secrétaire particulier de Jean Giono, à Manosque, en 1956.
Après Retour à Uzès, son deuxième roman, L'Épervier de Maheux, paraît en 1972. Il obtient le prix Goncourt et se vend à près de deux millions d’exemplaires. Récit métaphysique, âpre et sombre, son action s’ancre dans les Cévennes mais son propos dépasse de loin de simples préoccupations régionalistes.
Pour Jean Carrière le succès proprement phénoménal de son livre est le déclencheur d’un long épisode de dépression. Il rendra compte de cette expérience douloureuse en 1987 dans le Prix d’un Goncourt. Malgré sa période dépressive, Jean Carrière fait paraître en 1979 La Caverne des pestiférés où il met de nouveau en scène le Haut-Pays cévenol. D’autres romans et des essais suivent, jusqu’à sa mort en 2005.
À la disparition de Jean Carrière, Julien Gracq a écrit : « La vraie littérature ne trouve plus guère de combattant aussi fougueux et aussi complètement engagé en elle. »
Une exposition et des événements
Dans la galerie de l’Atrium de Carré d’Art seront présentés de nombreux documents originaux provenant des collections de la bibliothèque et, pour Jean Carrière, des Archives départementales du Gard : éditions originales, manuscrits, correspondance, coupures de presse, photographies… Le manuscrit de Jack, le grand roman d’Alphonse Daudet, acquis cette année, sera montré à cette occasion pour la première fois.
Deux films – Les Lozère de Jean Carrière (1976) de Jean-Claude Morin et Une journée toute simple (1968) d’Olivier Ricard d’après le roman de Marc Bernard – seront diffusés dans la salle.
Et de multiples événements accompagneront l’exposition pendant toute sa durée : lectures musicales, rencontres et conférences, projections de films méconnus, etc.
Vous pourrez retrouver notre programmation sur www.nimes.fr et dans Interlignes.
Le service Patrimoine des Bibliothèques de Nîmes.
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