Les Corps abstinents, par Emmanuelle Richard

« J’ai discuté avec celles et ceux qui comme moi ne font plus l’amour. »

Notons tout d’abord, avant de rentrer dans le corps du texte (si je puis me permettre !), que la notion d’abstinence est relative à chacun d’entre nous, en terme de durée, en terme de définition également : pour certains, l’abstinence signifie pas d’orgasme, pour d’autre, aucun contact physique… 

L’autrice a connu une période de 5 ans d’abstinence, et a voulu interroger d’autres personnes sur leur conception de l’abstinence, d’une part, et sur leur vécu de cette expérience, d’autre part.

En quoi l’abstinence questionne-t-elle notre rapport à la solitude, à la norme, aux prescriptions sociales ?

Dans la plupart des cas, toutes et tous expriment une grande difficulté face à la solitude, et au manque de contact physique. Contact physique et attachement semblent être nécessaires à toutes et tous.

Thomas : « La tendresse et l’affection me manquent beaucoup, beaucoup plus que le plaisir et la jouissance ».

Emmanuelle Richard : « peu à peu, je ne ressens plus rien à part un poids compact sur la poitrine quand je croise des amoureux.[…] La tendresse des autres me devient pornographique. […] Toute pulsion sexuelle en moi disparaît ; tout fantasme, toute représentation érotique. La souffrance mentale occupe la place tout le temps ».

« Etre quitté revient toujours à effectuer le deuil d’un vivant ». Il faut alors se reconstruire et s’estimer soi-même, être fier de soi pour ressentir et susciter du désir. 

Face au diktat de l’hypersexualisation, Alec : « Là où adolescent l’hypersexualisation croissante de notre société m’excitait, aujourd’hui je n’y vois rien de plus qu’un trait des plus normatifs. L’apologie de la partouze est devenue des plus conformistes. Le vrai rebelle de nos sociétés, celui qui transgresse, c’est l’abstinent. »

En fait, ce livre n’est pas un livre sur l’abstinence, mais sur des abstinents, la plupart avec des parcours difficiles, qui ont pu générer cette situation d’isolement. Toutes et tous déplorent leur manque de l’intimité:  « Pour être vivant, pour ne pas tomber dans l’animalité, pour avoir une vie équilibrée. Le toucher comme condition sine qua non de la vie tout court. »


Sandrine S. Bibliothécaire

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