Réparer les femmes
Sensible à la question des droits des femmes à travers le monde et pour illustrer la bibliographie sur « Lanceurs d’alerte », j’ai choisi de vous parler du livre Réparer les femmes: un combat contre la barbarie du Dr Denis Mukwege et Dr Guy-Bernard Cadière.
Acquis l’année dernière, mais paru en 2014, ce livre a fait l'objet d'une révision par les auteurs, à l'occasion de l'attribution du Prix Nobel de la Paix 2018 au Dr Denis Mukwege.
Un homme humble et courageux
Médecin congolais, Surnommé « l'homme qui répare les femmes », Denis Mukwege a reçu de nombreuses distinctions pour son engagement contre les mutilations génitales pratiquées sur les femmes en République démocratique du Congo.
Fils de pasteur, il choisit, après ses études en Belgique, de retourner au Congo pour s'occuper de l'hôpital de Lemera, dont il devint médecin directeur.
« Nous avons tous le pouvoir de changer le cours de l’Histoire lorsque les conditions pour lesquelles nous nous battons sont justes. »
Intimidations, correspondances haineuses et menaces de mort sont le lot quotidien du réparateur des femmes violentées. Pourtant il décide de faire connaître au monde la barbarie dont sont victimes les femmes à l'Est de la République démocratique du Congo, et d'agir pour leur venir en aide.
Une rencontre
Sa rencontre en 2011 en Belgique, avec le Dr Guy-Bernard Cadière fut un véritable coup de foudre amical. L’un Belge, le Dr Cadière, rejoint le Congo pour assister le Dr Mukwege, Congolais. Leurs échanges, professionnels tout d’abord, puis amicaux, se feront sur un pied d’égalité.
Tous deux motivés par la même ambition « reconstruire les femmes » pour redonner au corps un début de guérison. Leur travail est époustouflant, mais il faut être bien accroché pour lire certains passages de ce récit qui raconte comment ils ont sauvé des milliers de femmes et fillettes en les « reconstruisant » après des agressions sexuelles.
Un combat contre la Barbarie
Pour asservir la population et exploiter les richesses minières, des hommes cruels ont trouvé une arme monstrueuse : le viol et la mutilation des femmes.
Détruire les femmes c’est détruire le village, et pour toujours s’emparer de la famille. En détruisant celle-ci, les rebelles anéantissent l’essence même de la société dans un but de s’emparer des ressources minières et richesses que contiennent ces terres.
Souvent après cette épreuve les hommes fuient, les femmes se retrouvent rejetées, abandonnées, démunies avec leurs enfants. Ils créent ainsi un contexte favorable pour que la famille rejette les victimes.
L’espoir : faire changer les mentalités
Dans l’hôpital qu’il a reconstruit à Bukavu, le Dr Denis Mukwege accueille, avec le soutien d’une communauté de femmes, les victimes des agressions. Elles bénéficient d’un programme de soins holistiques qui comprend un soutien médical, psychologique soci-économique. « Elles ont la force qu’un homme serait incapable de trouver au plus profond de lui-même, nous sommes trop fiers. Elles agissent pour leur enfant, leur famille, leur communauté ».
Outre la reconstruction physique et morale des femmes, l’objectif est de faire changer les mentalités afin, que les hommes ne les considèrent plus comme des esclaves, mais comme des êtres autonomes qui possèdent des droits.
L’honneur des familles repose sur la soumission des femmes. La banalisation des violences dont elles sont victimes découlent de cette appropriation collective et sociale de leur corps.
« Ce problème ne pourra pas se résoudre dans le bloc opératoire, il faut se battre contre les causes profondes de ces atrocités. » C’est son combat contre la Barbarie, et celui des hommes et femmes qui œuvrent à ses côtés quotidiennement.
Laurence P. Bibliothécaire
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