Vernon SULLIVAN/ Boris VIAN

Parmi les nombreux pseudonymes utilisés par Boris Vian, Vernon Sullivan, même s’il n’est pas le plus utilisé, est sans aucun doute le plus connu du public. Quatre romans (J’irai cracher sur vos tombes, Les morts ont tous la même peau, Et on tuera tous les affreux, Elles se rendent pas compte) et une nouvelle (Les chiens, le désir et la mort) portent cette signature. Boris Vian reconnaîtra officiellement être l’auteur de ces ouvrages en 1948 (cf. affaires sensibles/France Inter/ Boris Vian et Vernon Sullivan)

1946. Boris Vian, qui vient de « manquer » le Prix de la Pléiade, fait la connaissance d’un jeune éditeur, Jean d’Halluin. Ce dernier souhaite publier, afin de lancer Les éditions du Scorpion, des romans dans le style de la mode après-guerre : les thrillers et romans noirs américains (Tropique du cancer d’Henri Miller par exemple). J’irai cracher sur vos tombes sera écrit en deux semaines seulement et publié avec la mention « le roman que l’Amérique n’a pas osé publier » en raison de ses nombreuses scènes érotiques.



J’irai cracher sur vos tombes (1946)


Sud des Etats-Unis. Lee Anderson est un métis à la peau blanche et aux cheveux blonds. Il est ce que les américains appellent un noir « qui a franchi la ligne » (qui se revendique blanc). Parti de sa ville natale après le lynchage de son jeune frère, Lee n’a qu’un seul désir : le venger. Il s’établit en tant que libraire dans une petite ville et s’intègre très rapidement à la jeunesse blanche locale - jeunesse sexuellement très active et en manque d’alcool. Il va rapidement mettre au point un plan diabolique.

Le récit est violent, cru, l’écriture extrêmement efficace. On est loin ici de la poésie et de la mélancolie de L’écume des jours. Peu remarqué à sa parution, ce roman va connaître un succès croissant lorsque France Dimanche et l’Époque réclament des poursuites pénales pour cause de pornographie. Le scandale s’amplifie à la suite d’un sordide fait divers : un homme a assassiné sa maîtresse dans une chambre d’hôtel en laissant à ses côtés un exemplaire de J’irai cracher sur vos tombes.

En 1949, suite à une procédure entamée par le Cartel d’action sociale et morale, ce livre sera interdit car considéré comme immoral et pornographique, son auteur condamné pour outrages aux bonnes mœurs.
Ce roman est adapté en tant que pièce de théâtre dès 1948.
Le matin du 23 juin 1959, Boris Vian assiste à la première projection du film tiré de son œuvre. Il avait auparavant combattu cette adaptation qu’il désapprouvait car trop édulcorée. Quelques minutes après le début de la projection, il est victime d’un crise cardiaque et meurt avant son arrivée à l’hôpital.


Les chiens, le désir et la mort (1947)

Le narrateur, attendant sa mise à mort, endosse le poids d'un crime qu'il n'a pas commis et revient sur la cause de son inculpation.


Les morts ont tous la même peau (1947)


Dan Parker, un «sang mêlé», mène une vie plutôt tranquille. Il est marié à une femme blanche qui ignore ses origines, est père d’un enfant, blanc, et travaille comme videur dans une boîte de nuit. Jusqu’au jour où Richard, son frère noir, le retrouve et menace de révéler à tous ses vraies origines…








Et on tuera tous les affreux (1948)


Véritable apollon et favori de toutes les femmes, Rock Bailey a décidé de garder sa virginité jusqu’à ses vingt ans. Un soir, il retrouve ses amis en boîte de nuit. En sortant prendre l’air, il est drogué, enlevé et emmené dans la clinique secrète du Dr Schutz, où le personnel tente de le forcer, en vain, à faire l’amour à une femme sublime. Relâché, il décide de mener l’enquête pour savoir ce que manigance ce docteur.

Contrairement aux deux précédents romans, véritables romans noirs, Et on tuera tous les affreux se rapproche beaucoup plus des autres romans signé Boris Vian, car très burlesque et avec énormément de retournements de situation. Ce texte a d’abord été publié, mais très vite interrompu, sous forme de feuilleton dans le Journal du Dimanche.



Elles se rendent pas compte (1950)

Washington, années 50. Francis Deacon, travesti en Francès pour l'occasion, participe à la soirée costumée donnée par son amie d'enfance Gaya qui lui apprend son mariage imminent. Surprise, car le futur mari n'est autre que Richard Walcott, un trafiquant de drogue notoirement homosexuel.
Aidé de son frère Ritchie, Francès va tout tenter afin de comprendre les raisons de ce mariage contre nature.

Retour au roman noir avec ce quatrième ouvrage écrit sous ce pseudo. Humour noir potache, sexe et violence sont toujours au rendez-vous.










Sandrine B. Bibliothécaire

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