Écho des livres du 14 octobre

On débute cet écho du 14 octobre en fanfare, ou presque : Chantal revient sur sa lecture de « Je veux croire au soleil » par Jacques Sémelin, conseillé par André le mois dernier.  Elle explique sa découverte de toute une vie, avec ses différences, ses richesses… bref, à quel point cela lui a appris.

Réponse d’André : « Vous savez, la vue, c’est 80 % des sens… alors, quand on est aveugle, il se passe forcément autre chose. »

Et on attaque, comme d’habitude, le tour de table des lectures respectives :

Claude a lu :

« Une histoire perdue » par Karl Friedman

Résumé : Chaja travaille comme baby-sitter chez les Kalman, une famille habitant le quartier juif d'Anvers, afin de payer ses études en philosophie. Si le travail est difficile, le père de famille est hostile à cette jeune fille qui ne semble pas respecter la loi juive. Chaja ne démissionne pas et se rapproche du petit Simcha, mais elle ne doit pas dépasser les limites d'une orthodoxie intransigeante...

Chaja va vivre une histoire d’amour avec Simcha, ils rêvent ensemble. Mais se pose le problème de la culpabilité : elle a conscience (mauvaise… ?) de le détourner du chemin indiqué par ses parents, c'est-à-dire celui de l’orthodoxie. Un très beau bouquin, un coup de cœur !!!

« Le venin du papillon » par Anna Moï

Résumé : Roman d'apprentissage qui retrace l'enfance et l'adolescence de Xuân, fille d'un officier excentrique et rebelle à la fin de la période coloniale française et durant la guerre américaine. De courts chapitres permettent de suivre son évolution auprès de sa famille. A l'adolescence, elle est initiée à la sexualité par Edgar, un énarque bien plus âgé qui travaille pour les renseignements français.

Un roman très attachant, où tout est très bien évoqué : la situation de guerre, les histoires diplomatiques souterraines … un roman passionnant !

Françoise a lu :

Françoise nous parle avec enthousiasme de deux titres de Jean-Michel Guenassia : « Le club des incorrigibles optimistes », et « La vie rêvée d’Ernesto G. ». 

Ce dernier dresse le portrait d’un homme, et contient en fait deux livres en un : l’un sur l’Algérie, l’autre sur la République Tchèque. C’est vraiment super, les personnages sont d’une grande profondeur, et il y a plein de péripéties !

« Toute la lumière que nous ne pouvons voir » par Anthony Doerr

Résumé : Pendant la Seconde Guerre mondiale,  Marie-Laure, jeune fille aveugle, doit se réfugier chez un oncle à Saint-Malo avec son père. Celui-ci, employé au Museum d'histoire naturelle de Paris, est chargé d'un diamant qui ne doit pas être volé par les Allemands. En Allemagne, le jeune Werner est enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes avant d'entrer à la Wehrmacht. En 1944, leurs destins se croisent.

Il s’agit de la vie de deux adolescents, mais pas n’importe lesquels : elle, aveugle, a été élevée par son père ; lui va être conduit à commettre des atrocités dans la Wehrmacht… leur histoire est très belle.

Evelyne a lu :

« Montedidio » par Erri De Luca

Résumé : Le narrateur est un garçon de treize ans qui vit à Montedidio, un quartier de Naples, dans l'immédiat après-guerre. Apprenti menuisier, d'une famille très modeste dans laquelle on parle le napolitain, il s'efforce de noter ses impressions en italien. Sa vie évolue au gré des rencontres. Celle de don Rafaniello, rescapé de la Shoah, sera déterminante.

C’est écrit sous forme de journal, c’est le jeune garçon qui raconte. Entre autres : un vieux cordonnier bossu veut rejoindre Jérusalem ; très âgé, il pense que sa bosse abrite des ailes. Bon, ce roman est sordide… mais les personnages sont sauvés par l’amour qui les lie.

« La chair » par Rosa Montero

Résumé : Soledad, 60 ans, engage un gigolo de 32 ans pour l'accompagner à l'Opéra et rendre jaloux l'amant qui l'a quittée. A la sortie, un événement inattendu et violent bouleverse la situation et marque le début d'une relation volcanique et dangereuse. Le récit de l'aventure se mêle aux histoires des écrivains maudits de l'exposition que Soledad prépare pour la Bibliothèque nationale. ­

Les deux amants, Soledad et son gigolo, vont entamer une relation tarifée… et elle va tomber amoureuse de lui. C’est un bouquin drôle et méchant, avec beaucoup de dérision et c’est bien écrit !!!

Bernie :

Je tenais à dire que je n’aime pas du tout Delphine De Vigan : « Dans rien ne s’oppose à la nuit », on est complètement perdu, il n’y a aucun intérêt…je ne l’ai pas fini. Je n’aime aucun de ses bouquins.

Par contre, dans « Le taxi mauve », de Michel Déon (qui est ma première re-lecture), on ne s’ennuie pas une seule seconde. J’adore le début, les magnifiques descriptions de la campagne irlandaise…c’est très bien écrit.

Chantal a lu :

« Condor » par Caryl ferey

Résumé : Des bas-fonds de Santiago au désert d'Atacama, l'histoire du Chili depuis les années 1970 rejoint celle du couple formé par Gabriela, une jeune vidéaste mapuche, et Esteban, un avocat qui tente d'expier un héritage familial trouble en défendant les causes perdues, le temps d'une enquête menée sous la forme d'un road-trip. ­

Il y a la mort de plusieurs adolescents par overdose, dans un quartier pauvre de Santiago. Les pouvoirs publics et les flics s’en foutent complètement, et sont tous corrompus. Il ne faut pas oublier qu’au Chili, les sbires de Pinochet sont toujours au pouvoir ! Un bouquin très dur, et très beau !

« Dans la forêt » par Jean Hegland

Résumé : Alors que la société vit dans la peur et que la civilisation s'écroule, Nell et Eva, deux adolescentes, se retrouvent livrées à elles-mêmes dans leur maison perdue dans la forêt, après la disparition de leurs parents. Portées par leur passion pour la danse et l'écriture, elles luttent pour survivre et découvrent les richesses de leur milieu naturel.

C’est de la science-fiction sans en être ce bouquin…Cela pourrait arriver demain. C’est réaliste, et dur, et surtout bien écrit.

Denise a lu :

« Jour sans faim » par Delphine de Vigan

Résumé : Laure a 19 ans, elle est anorexique. Hospitalisée au dernier stade de la maladie, elle comprend peu à peu pourquoi elle en est arrivée là.

Il s’agit d’un essai/roman sur l’anorexie. C’est très bien écrit.

Petite question subsidiaire de Françoise : « Et c’est drôle ? »…

« Et il dit » par Erri de luca

Résumé : Un homme est retrouvé, épuisé, au bord d'un campement. Alpiniste devenu simple vagabond, il rejoint les siens et notamment son frère qui le recueille à bout de forces. Il s'agissait de leur guide, mais sa disparition avait fait perdre espoir au peuple tout entier. C'est ainsi que débute le Décalogue, dans lequel l'auteur met en scène une poétique biblique des commandements.

Cela raconte l’épopée de Moïse et du peuple hébreu, avec une espèce de mise en abîme, parce qu’on voit émerger une langue sacrée. Le style est très beau.

« Hiver noir » par Cecilia Erback

Résumé : 1717. Une nouvelle famille de colons vient de s'installer sur la montagne de Blackasen, en Laponie. Dorotea et Frederika, les deux jeunes filles de la maison, découvrent un corps au milieu de la forêt. En l'absence de leur père, la mère décide de mener l'enquête pour permettre à ses filles de vivre tranquillement.

C’est à la fois policier et fantastique : les femmes ont des dons, ce sont des sorcières, et elles sont très fortes.

C’est bien écrit, c’est une épopée. A lire absolument !!!

Monique a lu :

« Ne m’appelle plus Anastasia » par John Boyne

Résumé : Dans la Russie des tsars, le jeune paysan Gueorgui croit vivre un conte de fées : engagé pour protéger le prince Alexeï Romanov, il se retrouve dans le fastueux palais impérial et y rencontre la belle Anastasia, dont il tombe amoureux.
Mais la révolution de 1917 va éclater, balayant tout sur son passage...

Dans ce livre, je trouve l’histoire intéressante, justement parce que c’est historique, et parce que c’est bien écrit. Il a aussi écrit « Le garçon en pyjama rayé ».

André a lu : 

« Ca ne peut pas rater » par Gilles Legardinier

Résumé : Marie pensait avoir trouvé l'homme de sa vie, jusqu'à ce que son couple implose de façon brutale et scandaleuse. Anéantie, elle prend une décision sur laquelle elle jure de ne jamais revenir : ne plus faire confiance aux mâles et surtout, ne plus rien leur passer. Ni dans sa vie privée, ni au travail. On remet les compteurs à zéro. On renverse la vapeur. La gentille Marie est morte, noyée de chagrin. À présent, c'est la méchante Marie qui est aux commandes. Marie est remontée comme un coucou. Marie ne croit plus à l'amour, ce mirage source de tous les malheurs des femmes…

L’écriture est très agréable. Cette femme, mise à la porte de chez elle, va se ressaisir : elle décide que les hommes, pour elle, c’est fini. Dés lors, elle reçoit des lettres amoureuses anonymes.

Ce livre est émaillé d’histoires rigolotes.

« deux petites filles en bleu » par Mary Higgins Clark

Résumé : Des jumelles de trois ans sont kidnappées. Leurs parents réussissent à en faire libérer une. Grâce à leur don de télépathie, les deux soeurs restent en contact..

Ma seule critique, sur ce bouquin, c’est qu’il y a trop de personnages, ce qui me perdait un peu par moments. Sinon, c’est bien et intéressant, surtout l’aspect télépathique.

Robert a lu :

« Plaidoyer pour l’altruisme » par Matthieu Ricard

Parler de ce livre, cela m’évoque la chanson de Françoise Hardy « Les ronds dans l’eau » : parce que ce sont les toutes petites choses qui sont importantes, et qu’il faut partir de peu, pour avoir de l’effet. Ainsi, cela peut paraître anodin, mais c’est en fait d’une extrême importance : la bienveillance, la compassion, l’écoute de l’autre, tout en lui laissant son libre-arbitre.

Il s’agit d’un livre de réflexions, qui nous accompagne… Sur la tolérance, sur le doute comme cheminement.

Sandrine a lu :

« Nuits d’encre » par Françoise Rey

Un recueil sur le thème d’une nuit d’amour : Bien écrit, à la fois dans l’organique, la chair et dans la sensibilité des êtres, leurs désirs. Une très jolie manière de parler de sexe.

« Le jardin des sept crépuscules » de Miquel de Palol

Résumé : une poignée de privilégiés rassemblés dans une forteresse au luxe insensé par une nécessité combien énigmatique se livre au plaisir délectable et retors de raconter des histoires — à partir d’un récit initial, la saga de la banque Mir et de son héritière Lluïsa Cros.  Chacune des intrigues que l’on se raconte en sept jours et sept nuits nous rapproche, sur fond de manipulations et de luttes d’influence, d’un mystère qui ne cesse de se dérober.

Ce bouquin est une somme ! une veillée de contes étalée sur trois semaines… c’est érudit, haletant, et d’une structure de toute beauté : les récits s’enchâssent les uns dans les autres, se répondent et se complètent. J’ai adoré ce livre !!!

« Des larmes sous la pluie » par Rosa Montero

Résumé : En 2119, dans les Etats-Unis de la Terre, les réplicants s'entretuent dans des crises de folie meurtrière, tandis qu'une force anonyme tente de prendre le contrôle des archives centrales pour manipuler l'humanité. Bruna Husky, une réplicante, mène l'enquête à la fois sur ces meurtres et sur elle-même, avec l'aide de marginaux et d'aliens.

Une histoire pas si lointaine, où humains et humanoïdes cohabitent…plutôt mal ! Comme dans une allégorie où les humains ne pourraient dépasser le stade de la différence. Mais cette réplicante est si « humaine »…, il faut dire qu’elle a été particulièrement bien dotée en terme de mémoire, de souvenirs. Est-ce pour cela qu’elle souffre, qu’elle doute, qu’elle boit ?

Un super bouquin !!!

« Un élément perturbateur » par Olivier Chantraîne

Résumé : Serge Horowitz est hostile à toute forme d'engagement. Hébergé par sa soeur, il ne doit son travail dans un cabinet de consulting spécialisé en optimisation fiscale qu'au réseau de son frère, François, ministre des Finances. Hypocondriaque, il fait échouer une affaire avec une société japonaise après une crise qui le rend aphone. Son patron lui ordonne de réparer les dégâts…

J’ai acquis ce bouquin d’après le résumé, qui me paraissait accrocheur…mais comme il s’agit d’un premier roman, méfiance ! Mais non, j’ai beaucoup aimé ce bouquin. Ce personnage, on dirait un type perché au pays de la finance/magouille internationale ! Et on se dit qu’il en faudrait plus, des perchés ! C’est drôle, et sérieux à la fois .

Voilà, on se retrouve le samedi 25 novembre, avec plaisir…

Sandrine S.