Rétrospective Terminator 2/4 : Terminator 2 – Le Jugement Dernier

CYCLE TEMPS & IMAGINAIRE

Sept ans après le premier volet, James Cameron revient avec un méga blockbuster d’une efficacité implacable. Un film plus gros, plus fort et plus beau, mais aussi moins définitif, qui fut à l’époque un vaste laboratoire d’innovation technique.




Retrospective Terminator 1/4 : Terminator

« Trois milliards de vies humaines prirent fin le 29 Août 1997. Les survivants de l’incendie nucléaire appelé « Guerre du Jugement Dernier », ne vécurent que pour affronter un nouveau cauchemar : la guerre contre les Machines. »

« Je veux tes vêtements, tes bottes et ta moto »


Lors de sa sortie en 1991, Terminator 2 était le film de tous les superlatifs : le plus gros budget de l’histoire du cinéma (plus de 100 millions de dollars), une superstar alors au fait de sa gloire (Schwarzenegger dans le rôle de sa vie), des effets spéciaux révolutionnaires, dont le plus impressionnant est bien entendu le T-1000 en métal liquide, incarné avec une distance froide par Robert Patrick.

D’ailleurs, contrairement au film original, celui-ci est tourné en cinémascope, ce qui suppose l’utilisation d’objectifs et de caméras beaucoup plus couteux.

Je ne m’étendrais pas trop sur la forme de Terminator 2. À ce niveau, le film est référentiel, la moindre scène d’action est anthologique, la mise en scène de James Cameron est inspirée (et sa direction d’acteurs aux petits oignons) et certaines images possèdent une terrifiante puissance d’évocation : l’explosion nucléaire ou encore le T-1000 qui marche au milieu d’une mare d’azote liquide.

Quelques parts James Cameron démystifie le Terminator du film original, puisque cette fois-ci il ne s’agit pas d’un film d’horreur, mais d’un film de Science-fiction et d’action qui enchaine les morceaux de bravoures friqués.

On peux d'ailleurs regretter que le film repose trop sur ses effets spéciaux et surtout qu'il ait échangé l'efficacité radicale et minimaliste pour le grand spectacle tonitruant et pyrotechnique.



« Êtes-vous le tuteur légal de John Connor ?»


Comme dans le premier film, l’action est située dans le présent, ce qui permet de mettre les personnages faces à une menace beaucoup plus évoluée technologiquement. Une fois encore, la différence de puissance est immense entre les héros et leur adversaire de métal.

D’ailleurs, évolution oblige, ce qui était le grand final du premier film (le squelette de métal du Terminator débarrassé de son enveloppe humaine) n’est ici qu’un bref hors-d’œuvre au début du film. Une technologie qui était à la pointe et qui est désormais dépassée.

D’autant que cette fois, les deux voyageurs temporels qui s’affrontent sont tous les deux des Cyborgs.  À ce titre, le début du film joue habilement de l’incertitude du spectateur : laquelle de ces deux machines est ici pour tuer John Connor ?

Comme dans le film précédent, c’est le méchant du film qui opère sous le blason du policier. C’est même encore plus prégnant, puisque Robert Patrick porte l’uniforme pendant tout le film et qu’il semble, contrairement à son adversaire, beaucoup moins dangereux et beaucoup plus souriant.



Un robot-tueur toujours aussi dérangeant par son inhumanité, son intransigeance et sa psychopathie. Car, derrière son apparence fragile, le T-1000 est un voleur d’âme qui s’approprie le visage et l’identité même de ses victimes, les vidant littéralement de leur substance.

Un Terminator plus proche de l’idée qu’en avais James Cameron lors de la préproduction du premier film dans les années 80 : une machine d’infiltration, au physique banal et passe-partout qui devait être incarné à l’époque par Lance Henriksen (le Bishop de Aliens). Cameron avait changé d’avis en auditionnant Schwarzenegger pour le rôle de Kyle Reese.

« Bonjour Docteur Silberman. Le genou, ça va ? »


Terminator 2 c’est aussi l’évolution étonnante (mais 100 % réaliste) de Sarah Connor.

On découvrait une jeune fille pulpeuse et paumée dans le premier volet, on la retrouve ici rompue aux techniques de Guérilla, sa vie vouée à une cause désormais plus importante qu’elle, puisque son enfant est né.

Son corps porte les marques de ses sacrifices et l’on comprend comment le jeune John Connor pourra devenir le combattant aguerri aux traits couturés de cicatrices que l’on aperçoit dans l’ouverture du film.



Un personnage hanté, traumatisé par des visions cauchemardesques d’un futur qu’elle sait inévitable, taxée de folle furieuse et de déséquilibrée, désavouée même par son fils qui ne croit plus ses élucubrations.

Par bien des côtés, elle occupe ici la place que Kyle Reese remplissait dans le premier film.

« Pas de destin, mais ce que nous faisons. »


Le film aborde une thématique absente du premier film : le futur n’est pas déterminé. Il est possible de le changer.

 Alors que dans Terminator les actions des personnages semblaient accomplir un destin déjà écrit, ici le futur est en mouvement constant, à l’image de la route à la fin du film, qui s’enfonce dans la nuit, sans que l’on sache ce que l’on trouvera au bout.

L'histoire se concentre alors sur la lutte effrénée pour empêcher que l'apocalypse ne se réalise. Cette fois les humains tentent de riposter sur le même terrain que les machines. Finit la réaction, place à l’action car, si Connor n’est pas encore le leader de la résistance humaine, Skynet reste carrément à inventer.



Une invention qui dépend directement des évènements du premier film. Car, tout comme John Connor, Skynet apparait ex nihilo, puisqu'il n'a jamais été crée, juste recopié, réinventé, à partir des restes d'un Terminator qu'il avait lui-même programmé.

Pour toute ces raisons, ce film peut-être vu comme la conclusion de la saga, puisque les Connor parviennent à empêcher le développement de Skynet en interrompant la boucle de causalité qui mène à la création de Skynet, mais en créant un nouveau paradoxe : si Skynet n'existe pas, alors John Connor non plus ? L'existence même de Connor à cette époque est pourtant la meilleure preuve que le Jugement Dernier aura lieu, d'une manière ou d'une autre, quelques parts dans le temps…

D’ailleurs, une (médiocre) fin alternative présentait Sarah Connor vieillissante se réjouir d’avoir réussie à empêcher le jugement dernier.



Il est heureux que cette scène, archétype du Happy End Hollywoodien, ne soit pas incluse dans le montage final. Car, elle trahissait la vocation même de Terminator : la chasse à l’homme dans le temps et le vertige insondable d’un combat qui ne finira jamais, hanté par le spectre inaccessible d’un futur cauchemardesque.

« Si une machine, un Terminator, a pu comprendre la valeur d’une vie humaine, peut-être le pouvons-nous aussi ? »


Le premier Terminator nous parlait de la fusion Humain/Machine dans tout ce qu'elle pouvait avoir d'effrayant et de contre nature.

Terminator 2 rapproche les deux espèces au travers de l’apprentissage de l’humanité par la machine.  À ce sujet, la version longue du film est à privilégier, car elle rajoute une scène ou Connor mère et fils ouvrent le crâne du Terminator pour débrider la puce qui lui permettra d’apprendre à leur contact.

« Est-ce qu’il y a moyen que tu apprennes des trucs non-programmés, pour que tu puisses avoir l’air... plus humain... ne plus avoir l’air aussi con »

La machine ne ressemble plus seulement à un humain, elle apprend aussi ce que ça signifie, en particulier les incohérences de la nature humaine ("c'est dans votre nature de vous détruire vous-même") et constate les différences entre lui et nous. Un regard extérieur et dépassionné sur l'humain, alors que paradoxalement, un lien filiale se tisse lentement entre lui et le jeune Connor. 



Plus qu'un protecteur, le T-800 est un frère, voir un père de substitution pour un John Connor qui n'a jamais connu le sien, un compagnon avec qui rire (Hasta la Vista Baby) mais aussi apprendre. Car, John Connor apprend autant au contact de la machine que la machine apprend à son contact.

Certes, on sent pointer des limites : comprendre, ça n’est pas suffisant, encore faut il pouvoir appliquer ce que l’on a compris. Or le Terminator reste une machine, incapable d'expérimenter ces émotions typiquement humaines.

Pourtant, sur la fin, le Cyborg est capable de se sacrifier. Humain ? Peut-être pas, mais conscient de lui-même, très certainement.

« Il devient autonome le 29 Août, à 2 heures 14 du matin, heure de Greenwich »


Car l’éveil des Intelligences Artificielles est un thème central de la saga, déjà entr'aperçu dans le premier volet et complété de fort belle manière dans le troisième.

Puisque l’homme construit des machines de plus en plus perfectionnées, aux capacités de calcul exponentielles, il est normal qu’elles finissent par avoir consciences d’elles-mêmes puis, humanisation ultime, par se rebeller contre leur créateur.




  • À paraître le 03/10/2014 : Retrospective Terminator 3/4 : Terminator 3 – Le Soulèvement des Machines 
  • À paraître le 06/10/2014 : Retrospective Terminator 4/4 : Terminator Renaissance  
Nicolas

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