Total Recall : souvenirs à prix raisonnables

Dans ce classique de la Science-Fiction, un employé lambda est obsédé par la planète Mars et rêve d’une vie plus excitante. Il pousse les portes de Rekall une société qui implante des souvenirs factices plus réels que les vrais. Mais à trop jouer avec la mémoire, comment séparer le réel du virtuel ? Comment savoir qui l’on est ?  

souvenirs à vendre



Une nouvelle de Philip K. Dick
Adaptée au cinéma par Paul Verhoeven en 1990
Nouvelle adaptation au cinéma par Len Wiseman en 2012


Obsessions Dickiennes


Dans la nouvelle Souvenirs à vendre, on sent bien les obsessions de Philip K. Dick pour la frontière entre le rêve et la réalité, le côté trompeur des apparences.

Dans le texte, rien ni personne n’est jamais vraiment ce qu’il parait être. Le personnage de Douglas Quaid, un simple fonctionnaire ennuyeux, est en réalité un agent secret de l’Interplan. Mais est-ce bien tout ce qu’il est ?

Un personnage qui se cherche et ne se sent pas à sa place, hanté par des obsessions qui seraient des réminiscences de vies passées et oubliées.

À moins que ça ne soit que des rêves…


L’inquiétante étrangeté


Pour son adaptation, Paul Verhoeven a gardé l’idée de base de la nouvelle mais n’en a pas suivi la trame narrative.

En gros, l’histoire de la nouvelle tiens dans la première partie du film, avant que l’action ne s’exporte sur Mars.

Sur la forme, Total Recall est un film à la violence graphique dérangeante, à la réalisation impeccable qui tient en haleine, malgré un Arnold Schwarzenegger qui n’est pas, comme chacun sais, le meilleur acteur du monde.

Une forme qui a quand même pris un sacré coup de vieux. Même pour l’époque les effets spéciaux sont datés et font clairement carton pate. Sans compter que la photographie est assez inégale (en dehors des plans martiens, très beaux). Heureusement, je suis extrêmement sensible au charme qui s'en dégage.


infiltration sur Mars

Mais peu importe, puisque c’est sur le fond que Total Recall est intéressant. Verhoeven a gardé au centre de son film le questionnement de la réalité en brouillant la frontière entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

Pendant tout le film on se demandera si Douglas Quaid rêve ou non. Et le plus beau c’est qu’à la fin on n’est pas plus renseigné qu’au début ! Vous pouvez retourner le film dans tous les sens, il y a autant d’indices d’un côté comme de l’autre. C’est à donner le vertige !

Cette incertitude vous hantera longtemps et c‘est pour cette raison que Total Recall est un vrai chef-d’œuvre du cinéma, bien supérieur, sur le fond, à la nouvelle dont il s’inspire.


La rassurante familiarité


La version de Len Wiseman est pas mal troussée avec de bonnes idées (l'inversion de gravité, la scène des ascenseurs…) et se démarque visuellement de son prédécesseur (fortement influencé en cela par Minority Report et Blade Runner).

Hélas, cette nouvelle mouture souffre d'être seulement un lifting nivelé par le bas du film de Verhoven. Le scénario est balisé et déjà vu puisqu'il propose les mêmes scènes (mais en moins bien) que le film original. D’autant que le scénario n’amène pas à se questionner puisqu’il zappe l’incertitude entre rêve et réalité. C’est moins frustrant, mais c’est aussi moins intéressant.

Le contexte géopolitique est légèrement différent, ancré dans un background post-apolcalyptique au potentiel totalement sous-exploité


Ainsi démarre le rêve

Bref, plus qu’une nouvelle adaptation du texte de Dick, c’est surtout un vrai remake du film de Verhoven. Un film aussi beau, lisse et aseptisé que le premier était crade, grotesque et ambivalent.

Un bon film…pour peu que l’on ne connaisse pas le métrage original. Un blockbuster qui pourrait permettre à ceux qui ne l’ont pas vu de s’intéresser à la version de Verhoven. C’est déjà ça.

Nicolas



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