Minority Report : libre arbitre et déterminisme
Dans le futur dépeint par Minority Report, le meurtre n’existe plus. La division Precrime se base sur les visions de trois mutants doués de prescience (les précogs) pour arrêter les meurtriers avant qu’ils commettent leur acte. John Anderton, chef de Precrime, apprend qu’il commettra un meurtre dans les jours à venir… Encore une adaptation de Philip K. Dick, encore un excellent film !
Rapport Minoritaire par Philip K. Dick
Adapté au cinéma par Steven Spielberg en 2002
La nouvelle de Philip K. Dick est un texte coup de poing. On y retrouve le nihilisme habituel de l'auteur qui dépeint un futur assez sombre.
Certes, le crime n'existe plus, grâce à Precrime et à ses précognitifs, mais ce succès prend place dans un monde dépourvu de toute notion de liberté individuelle.
D'ailleurs, contrairement au film de Steven Spielberg, la conclusion de la nouvelle est assez pessimiste.
Sans dévoiler la teneur de cette conclusion (allez lire la nouvelle, elle est excellente), disons que le texte est fort intelligemment articulé autour des rapports majoritaires/minoritaire.
Chaque crime prédit étant le fruit d'un recoupement des visions des precogs : deux précogs sont d'accords sur la version des faits, c'est le rapport Majoritaire. Mais le troisième mutant peut parfois prédire une trame temporelle alternative (ou le crime, par exemple, n'aurait pas lieu), c'est le rapport minoritaire qui donne son titre à la nouvelle.
Dick pose donc des questions passionnantes qui donnent le vertige. Car ce sont in fine les probabilités qui décideront de la culpabilité du meurtrier en puissance (innocent donc, puisqu'il n'a techniquement commis aucun meurtre). En effet, quelle est la probabilité que deux précogs sur trois se trompent ?
L’adaptation de Spielberg, très éloignée du texte original, est un film adulte, froid et nihiliste, dans la veine des grands films d’anticipation qui dépeignent un futur où il ne fait pas bon vivre. À la fois Utopie (plus de meurtre) et Dystopie (plus de liberté individuelle).
L’univers d’anticipation est extrêmement crédible puisque tous les détails sont le fruit d’un Think Tank de spécialistes réunis par Spielberg pour extrapoler le futur de 2054 à partir de notre monde actuel.
Il en résulte un film qui interpelle par la proximité de son univers avec le nôtre, simplement plus extrême dans ses dérives (publicité personnalisée omniprésente, dérives sécuritaires, déshumanisation, solitude…)
D’ailleurs, la photographie presque monochromatique du film est volontairement surexposée, avec des blancs brulés aveuglants et des couleurs grises et contrastées qui donnent parfois l’impression de regarder un film en noir et blanc. Une image organique, extrêmement granuleuse, au fourmillement de pellicule intense.
Bref, le portrait d’une dictature ou tout est contrôlé et épié par un pouvoir que l’on n'aperçoit jamais : Big Brother is watching you !
Sur le fond le film est à la croisée des exigences du grand spectacle et d’une Science-fiction mature au propos intelligent.
Le scénario, très malin, propose une variation intéressante sur la dualité entre le libre arbitre et le déterminisme : est-ce que voir le futur, change le futur ?
Car, quand John Anderton, apprend qu’il va tuer dans 36 heures un homme qu’il ne connaît pas, il réagit d’une manière bien humaine : il fuit, déclenchant de ce fait une série d'évènements qui semblent conduire inexorablement vers la réalisation de la prédiction.
Mais paradoxalement la connaissance qu’a John Anderton de son avenir lui donne un pouvoir qu’aucun accusé de Précrime n’avait eu avant lui : la possibilité de changer ce futur, de faire un choix en ayant toutes les cartes en main.
Enfin le film s’attarde intelligemment sur les failles d’un système réputé parfait, qui sera détourné, corrompu et utilisé pour produire exactement ce qu’il avait été conçu pour empêcher.
Une très belle adaptation, à voir si vous ne l'avez pas vu, à revoir si vous avez cru avoir affaire à une superproduction décérébrée.
Lisez également : Total Recall, d'après la nouvelle Souvenirs à Vendre de Philip K. Dick
Nicolas
Rapport Minoritaire par Philip K. Dick
Adapté au cinéma par Steven Spielberg en 2002
probabilité = cause = conséquence = probabilité
La nouvelle de Philip K. Dick est un texte coup de poing. On y retrouve le nihilisme habituel de l'auteur qui dépeint un futur assez sombre.
Certes, le crime n'existe plus, grâce à Precrime et à ses précognitifs, mais ce succès prend place dans un monde dépourvu de toute notion de liberté individuelle.
D'ailleurs, contrairement au film de Steven Spielberg, la conclusion de la nouvelle est assez pessimiste.
Sans dévoiler la teneur de cette conclusion (allez lire la nouvelle, elle est excellente), disons que le texte est fort intelligemment articulé autour des rapports majoritaires/minoritaire.
Chaque crime prédit étant le fruit d'un recoupement des visions des precogs : deux précogs sont d'accords sur la version des faits, c'est le rapport Majoritaire. Mais le troisième mutant peut parfois prédire une trame temporelle alternative (ou le crime, par exemple, n'aurait pas lieu), c'est le rapport minoritaire qui donne son titre à la nouvelle.
Dick pose donc des questions passionnantes qui donnent le vertige. Car ce sont in fine les probabilités qui décideront de la culpabilité du meurtrier en puissance (innocent donc, puisqu'il n'a techniquement commis aucun meurtre). En effet, quelle est la probabilité que deux précogs sur trois se trompent ?
Tout le monde s'enfuit
L’adaptation de Spielberg, très éloignée du texte original, est un film adulte, froid et nihiliste, dans la veine des grands films d’anticipation qui dépeignent un futur où il ne fait pas bon vivre. À la fois Utopie (plus de meurtre) et Dystopie (plus de liberté individuelle).
L’univers d’anticipation est extrêmement crédible puisque tous les détails sont le fruit d’un Think Tank de spécialistes réunis par Spielberg pour extrapoler le futur de 2054 à partir de notre monde actuel.
Il en résulte un film qui interpelle par la proximité de son univers avec le nôtre, simplement plus extrême dans ses dérives (publicité personnalisée omniprésente, dérives sécuritaires, déshumanisation, solitude…)
D’ailleurs, la photographie presque monochromatique du film est volontairement surexposée, avec des blancs brulés aveuglants et des couleurs grises et contrastées qui donnent parfois l’impression de regarder un film en noir et blanc. Une image organique, extrêmement granuleuse, au fourmillement de pellicule intense.
Bref, le portrait d’une dictature ou tout est contrôlé et épié par un pouvoir que l’on n'aperçoit jamais : Big Brother is watching you !
Savoir c’est pouvoir
Sur le fond le film est à la croisée des exigences du grand spectacle et d’une Science-fiction mature au propos intelligent.
Le scénario, très malin, propose une variation intéressante sur la dualité entre le libre arbitre et le déterminisme : est-ce que voir le futur, change le futur ?
Car, quand John Anderton, apprend qu’il va tuer dans 36 heures un homme qu’il ne connaît pas, il réagit d’une manière bien humaine : il fuit, déclenchant de ce fait une série d'évènements qui semblent conduire inexorablement vers la réalisation de la prédiction.
Mais paradoxalement la connaissance qu’a John Anderton de son avenir lui donne un pouvoir qu’aucun accusé de Précrime n’avait eu avant lui : la possibilité de changer ce futur, de faire un choix en ayant toutes les cartes en main.
Enfin le film s’attarde intelligemment sur les failles d’un système réputé parfait, qui sera détourné, corrompu et utilisé pour produire exactement ce qu’il avait été conçu pour empêcher.
Une très belle adaptation, à voir si vous ne l'avez pas vu, à revoir si vous avez cru avoir affaire à une superproduction décérébrée.
Lisez également : Total Recall, d'après la nouvelle Souvenirs à Vendre de Philip K. Dick
Nicolas
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