47 Ronin : légende nationale

Pour son premier film, Carl Erik Rinsch adapte un mythe fondateur de la culture japonaise, en y ajoutant un bestiaire fantastique légendaire. Un film ambitieux qui fut un échec cuisant aux États-Unis lors de sa sortie en décembre 2013. Annoncé comme un naufrage, le film est pourtant loin d’être honteux.
 

kai est réduit en escalavage



Le mythe des quarante-sept rônin par Jiro Osaragi
Au cinéma depuis le 2 avril 2014

Folklore Japonais


Depuis 300 ans, l’histoire des 47 rōnin est un exemple de courage et de dévouement pour les Japonais.

Le film de Carl Erik Rinsch est la première adaptation hollywoodienne du mythe. Une version sympathique, sans être transcendante, qui accentue l’aspect mythologique tout en ajoutant un personnage principal occidental absent des livres d’histoire.

L’histoire reste plus ou moins la même : Après la mort de leur seigneur, Lord Asano, victime de la trahison de son rival, 47 Samouraï (devenus rōnin, des Samouraï sans maitre) jurent vengeance, bien que le Shogun l’ait formellement interdit, sous peine de mort.

Une superproduction aux multiples influences


47 Ronin est une production ambitieuse au budget confortable de plus de 150 millions de dollars, agrémentée de la présence de  Keanu Reeves et de décors Japonais très esthétiques.

Il faut dire que les images sont belles. Carl Erik Rinsch s’en sort bien pour une première réalisation. Son Japon féodale fantasmé, teinté de fantastique, est très réussi, dans un esprit similaire au roman La voie du sabre de Thomas Day.


la sorcière se métamorphose en dragon de légende

Certes les effets spéciaux ne sont pas toujours parfaits, mais la noblesse des traditions Japonaises ressort bien du film qui possède une certaine majesté dans ses cadres et sa photographie.

On sent d’ailleurs de nombreuses influences récentes, à l’image du marché aux esclaves qui évoque étrangement Pirates des Caraïbes ou encore du plan de synthèse virevoltant à la Peter Jackson sur le palais du perfide Kira. Sans parler de Keanu Reeves, coiffé comme Tom Cruise dans le Dernier Samouraï auquel 47 Ronin fait irrésistiblement penser.

Un casting inégal et des personnages effacés


Keanu Reeves qui est d’ailleurs très en retrait dans le film. À se demander pourquoi un acteur connu occupe le rôle. Le personnage est pratiquement inexistant et ses origines mystérieuses sont tristement sous-exploitées.

De même l’intérêt de ce personnage occidental au milieu d’un casting japonais est proche du néant, tant cet élément est peu exploité par le scénario, en dehors d’une vague intrigue autour de l’acceptation. Le film aurait pu et aurait du, aller beaucoup plus loin à ce niveau.

Mais le vrais héros du film, c’est Oishi interprété par le formidable Hiroyuki Sanada (le héros de San Ku Kaï), acteur très charismatique, qui ne se dépare que rarement de son air digne et impénétrable.

Au rayon des antagonistes, ils se résument à des caricatures dont les interprètes cabotinent. En particulier Mizuki la sorcière dont les scènes de transformations sont en revanche très réussies. Sans surprise ce sont d’authentiques salauds, au-delà de toute rédemption.

Il est dommage que les 47 rōnin ne soient pas plus étoffés. En dehors d’une poignée, la plupart ne sont que des ombres qui n’ont pas de vraie présence à l’écran.


combat inégal

Tragédie et Bushido


Là où le scénario de 47 Ronin est épique et marque des points, c’est dans la tragédie qu’il met en place. En particulier lors de la première partie (la meilleure du film) avant la chute de la maison Asano.

À de nombreuses reprises on craint vraiment pour la vie des protagonistes, puisque tout le suspens réside dans le fait de savoir non pas SI, mais QUAND le drame qui va lancer toute cette histoire de vengeance aura lieu.

Il y a comme un parfum de Conte de Montechristo : trahis, déshonorés, emprisonnés et même réduits en esclavage, les personnages chutent dans tous les sens du terme. Mais dignes, ils attendront leur heure pour prendre les armes et restaurer l’honneur de leur maison, dans le respect du Bushido.

Et ils se vengeront non pas parce qu’ils le veulent, mais parce qu’ils le doivent, parce que "quand un crime reste impuni, le monde est déséquilibré".


l'honneur du samouraï

Un peu de retenue


D’ailleurs, le film ne fait pas dans le sensationnalisme. L’histoire est surtout épique dans son propos et dans la philosophie qu’elle illustre.

Pas de grande bataille démesurée, mais une scène finale d’infiltration montée en tandem avec une représentation de théâtre.

De l’épique certes, mais de l’épique tout en retenue et en dignité. Le film illustre davantage une posture philosophique (le Bushido) qu’un appel au sang.

À cet égard la fin est très réussie et sort du carcan hollywoodien. Un parti pris respectueux de l’histoire d’origine, audacieux pour un film de ce budget.

Bref, dans le genre c’est plutôt plaisant et ça ne méritait pas un tel bide.

Au cinéma en ce moment.

Nicolas

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