Captain America, First Avenger : pulp fiction

En 2011, Marvel réussi le pari fou de porter l’univers de Captain America sur grand écran. Probablement le personnage le plus délicat à adapter. Un excellent film à l’esprit Pulp bourré de références, à revoir avant d'aller au cinéma pour le Soldat de l'Hiver.




Un film de Joe Johnston
La société des super-héros par Jean-Philippe Zanco

Marvel Cinematic Universe


Depuis 2005 Marvel s’efforce de reproduire au cinéma l’univers partagé qui existe sur papier. Aujourd’hui, ça n’a l’air de rien, mais à l’époque, cela paraissait inconcevable.

Pourtant, presque dix ans plus tard, cet univers est composé de neufs films : Iron Man, L’incroyable Hulk, Iron Man 2, Thor, Captain America, Avengers, Iron Man 3, Thor - le monde de ténèbres et  enfin Captain America - le soldat de l’hiver. 


Le premier Vengeur


Le projet d’adaptation de Captain America était risqué, pour ne pas dire casse-gueule.

Personnage crée à l’origine comme héros de propagande pendant la seconde guerre mondiale, Steve Rogers est un héros américain pur jus, portant haut les couleurs de la bannière étoilée et les valeurs de l’Amérique toute puissante.

Dans ces conditions, il était permis de redouter un film outrageusement patriotique et bas du front.


L’art de transformer les défauts en force


Fort heureusement, il n’en fut rien !

Le coup de génie du film, c’est de ne pas renier les origines du personnage pour en faire un héros de Pulp dans une ambiance à la Indiana Jones.

Des origines d’autant moins reniées que le film prend place à l’époque de la création du personnage : pendant la seconde guerre mondiale.

Ceci confère au film un cachet rétro-SF bien particulier, beaucoup moins technologique que les films Marvel précédents, soutenu par une photographie légèrement sépia et une belle reconstitution d’époque.



On y trouve même des ailes volantes qui font furieusement penser au Secret de l’Espadon, la première aventure de Black et Mortimer qui jouait déjà sur le terrain d’une Uchronie de Guerre Mondiale.

Le scénario traite donc frontalement le problème du patriotisme. Sans le nier et même en l’affichant, mais en le traitant comme une composante du personnage et de ses origines, avec un regard ironique et amusé.

Un des meilleurs passages du film montre Captain America transformé contre son gré en personnage de Music Hall pour motiver les civiles et soutenir l’effort de guerre, avant d’être conspué par les soldats au front qui se moquent de son message et du décorum niais qui l’accompagne.



Héros bannière et Némésis


Le Captain America du film est un personnage éminemment lumineux. Steve Rogers est juste "another kid from Brooklyn", un jeune boyscout idéaliste qui n’éprouve pas de haine particulière contre les ennemis de son pays.

À ce sujet l’excellent Chris Evans retranscrit très bien l’âme du personnage : profondément bon au point d'en être stupide, à mi chemin entre Bob Morane, Spirou et Son Goku.

Quant à Crâne Rouge, ennemis emblématique de Captain America il est ici la parfaite antithèse du héros : un méchant cabotin dont les tourments physiques sont le reflet de la noirceur interne. Il est interprété par Hugo Weaving qui s’amuse.

Un méchant qui touche Captain America parce qu’il a les mêmes pouvoirs (et le même créateur, le Dr Erskine, émouvant Stanley Tucci) et qu’il lui renvoie une image déformée de lui-même, ratée, corrompue, effrayante.



Continuité


Situer l’action du film à une époque antérieure, permet de découvrir le passé de l’univers Marvel.

Le film est ancré dans la mythologie Asgardienne entrevue dans Thor, au travers des références cosmiques, mais aussi du Cube qui donne sa technologie avancée à Crâne Rouge et qui préfigure les découvertes de Tony Stark et du Shield dans le futur.

Mais c’est aussi un vrai plaisir de découvrir Howard Stark, le père de Tony "Iron Man" Stark, interprété par Dominic Cooper, sorte de fusion entre Robert Doney JR et Howard Hughes.

À la mise en scène, Joe Johnston (déjà réalisateur du très sympathique et non moins pulp Rocketeer, dont je reparlerais peut-être un jour) fait du très bon travail. Sa réalisation est "à l’ancienne" avec une utilisation raisonnée des effets spéciaux et des morceaux de bravoures relativement réalistes.



Bref, ce film est tout simplement le meilleur opus Marvel Studios à ce jour et un des meilleurs films de superhéros tout court.

Autant vous dire que j’attends le second Captain America, actuellement au cinéma, avec une grande impatience ! Vous pourrez lire mon avis sur le film dès le lundi 31 mars 2014.


Nicolas

2 commentaires:

  1. C'est un Captain America tout simplement surprenant. Héritage spielbergien oblige, on savoure une tranche de bonheur cinématographique pour ce qui ont toujours réver de voir ce petit garçon chétif devenir le héros à la bannière étoilée. Une grosse frustration s'en est allée..

    Concernant l'univers Marvel, c'est l'âge de la maturité cinématographique.

    Mais attention à l'OVERDOSE !



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    1. En ce qui me concerne, ce film m'a fait lire Captain America, un personnage auquel je n'avais jamais réussi à accrocher :)

      Quant à l'overdose, c'est clair que le modèle de production de deux films par an est gargantuesque pour un niveau de qualité pas toujours au top (je pense à l'Incroyable Hulk, ou Iron Man 2 et 3 qui sont des films assez moyens à mon avis).

      Sans compter que les cinémas sont pas mal trustés par les superhéros depuis plus de 10 ans et qu'il y a un phénomène de ras-le-bol qui se fait lentement sentir.

      Maintenant, je pense que c'est une mode qui finira par passer. Il y a eu les Peplums, puis les Westerns, l'Espionnage et le Space Opera. Aujourd'hui c'est le Superhéros. À chaque époque ses obsessions.

      Sachant que Marvel Studios envisage sa franchise dans un esprit similaire au James Bond de Eon Productions : une saga sans fin, qui traverse les époques et les modes. Quand les Superhéros seront effectivement passés de mode, nous verrons si le modèle de Marvel Studios est capable de résister, de se renouveler et de proposer autre chose...

      ...Un virage qui semble déjà entamé si l'on en crois les premiers retours sur le Soldat de l'Hiver...

      Nicolas

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