Bright lights, Big city de Jay McINERNEY

Jay Mc INERNEY a quelque peu souffert de son compagnonnage de route avec son compère écrivain Brett Easton ELLIS. Les deux hommes sont parvenus à la célébrité au milieu des années 80, avec des univers urbains et modernes très similaires. Mais si le second n’a jamais vraiment perdu sa notoriété, le second est toujours demeuré un peu plus confidentiel.

Il faut dire aussi qu’il y a souvent quelque chose qui relève du conte moral dans les écrits de Mc INERNEY, et Bright lights, Big city, son premier roman, ne fait pas exception à la règle. Ce récit à la seconde personne du singulier relate la dérive d’un jeune homme de 24 ans dans une New York qui le détruit progressivement. 



Décrire une ville, c’est décrire une ambiance, mais aussi décrire une époque. On est dans les années 80 des yuppies, foisonnantes, superficielles et pécheresses. New York est encore la ville violente décrite dans Taxi Driver de Martin SCORSESE. Une ville susceptible de faire perdre tout équilibre à un jeune homme qui cherche simultanément à trouver sa place et à se distinguer. 


Bright lights, Big city est de l’étoffe dont sont faits la plupart des romans de Jay Mc INERNEY : un brillant conte initiatique, dans lequel la ville entière, la New York tentatrice et cruelle, tiendrait le rôle du mauvais génie. Réussir à trouver sa voie dans un univers aussi déstabilisant est une gageure, et le narrateur, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, s’y perd comme tant d’autres. 


La Ville corruptrice, la Babylone des temps modernes : un motif aussi ancien que les plus anciens textes bibliques ! La Ville qui vous agrippe de ses griffes pour ne plus vous relâcher – à moins que, comme le cas du narrateur, à force de défaites et de déconvenues, elle finisse par vous enseigner l’humilité.


A la fin le narrateur, épuisé et presque brisé mais encore debout, finit par se retrouver à l’aube sur l’île de Manhattan. Il a faim. Il n’a plus d’argent. Seul au milieu de ce décor urbain hostile, il finit par comprendre où se situent ses intérêts vitaux. Il s’approche d’un boulanger qu’il n’a pas de quoi payer. Il enlève les Ray-Ban qu’il n’avait cessé de porter même en pleine nuit et obtient des petits pains en échange. Engloutissant sa nourriture, il comprend que, s’il a touché le fond, il ne peut désormais plus que remonter à la surface. Il a vaincu la ville : « La première bouchée te colle à la gorge, et tu manques t’étrangler. Il va falloir que tu prennes ton temps. Il te faut tout réapprendre, depuis le commencement ». 


Bruno B. Bibliothécaire

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