Écho des livres de janvier 2018, la sélection des bibliothécaires de la médiathèque Marc Bernard
Et c’est parti pour le premier écho de l’année !
Denise a lu :
« L’ordre
du jour » par Eric Vuillard
Alors j’ai beaucoup aimé ce livre !!!
(Françoise, assassine : « Beaucoup, ce n’est pas
le mot… »)
Cela tient du documentaire, en fait, ça raconte comment on
aurait pu éviter la guerre de 39/45.
Encore Françoise : ça montre surtout l’importance du
monde économique !
Denise reprend : oui, car ces industriels (Siemens et
consorts) ont utilisé des ouvriers du STO, et des détenus…
Claude, ingénue : Ce n’est pas un peu facile de vouloir
réécrire l’histoire comme ça ?
Denise : C’est très très bien écrit incisif.
« Ör »
par Audur Ava Olafsdottir
Ör signifie cicatrice. On est toujours dans la même veine
que Rosa Candida, c’est très poétique, moi, j’adore !
Un homme islandais, vient de se séparer, et part en quête de
reconstruction, avec sa perceuse et sa boîte à outils. Il se retrouve dans un
pays qui sort de la guerre, où tout est à reconstruire.
On est toujours très près de la nature, on est dans
l’essentiel.
« L’Hôtel »
par Yana Vagner
J’ai adoré… ! C’est très slave, très fouillé.
Neuf Russes, quatre hommes et cinq femmes, se sont retrouvés
pour un séjour d'une semaine dans un chalet accessible uniquement en
téléphérique. L'endroit est pourvu de nourriture et de bois de chauffage en
quantité, mais les portables n'y captent pas de réseau. Bientôt, une tempête
glacée endommage le réseau électrique. La découverte du cadavre d'une des
femmes provoque la terreur.
On découvre que dans toutes les relations humaines, on peut
être manipulé. On apprend beaucoup sur la Russie. C’est vrai que j’ai eu un peu
de mal par moment, mais je suis allée jusqu’au bout, et j’étais tenue en
haleine. C’est très psychologique.
Chantal : oui, mais quand même, elle ne se renouvèle
pas, par rapport à ses deux premiers titres, c’est du pareil au même. Au moins,
on était attaché aux personnages…là, même pas.
Claude a lu :
« Zabor »
par Kamel Daoud
Résumé : Un orphelin de mère, mis à l'écart par son
père, se plonge dans les livres et dans l'écriture, grâce auxquels il espère
repousser sa mort. Un soir, un demi-frère qu'il détestait l'appelle au chevet
de son père mourant.
C’est entortillé comme la langue arabe, comme un conte
oriental, ça foisonne : ça parle de religion, de sexe, de vie, de
mort…C’est assez dur à lire car il n’y a pas d’histoire, mais il y a une grande
maîtrise de la langue française, une grande poésie aussi : « Le présent existe parce qu’un homme se
souvient ».
Je trouve que c’est un livre important, mais si vous n’aimez
pas le conte oriental, lisez autre chose !
« Discours
d’une grande gueule coiffée d’une casquette de prolo » par Edward
Limonov
Résumé : Le périple de Limonov conduit le lecteur à Kharkov,
où il assiste, alors jeune métallo, à la dislocation d'une grève, puis à
Brooklyn, où deux rabbins roublards le truandent, enfin à Paris où il travaille
comme ferrailleur pour obtenir une carte de séjour.
C’est à mourir de rire ! Sa verve, son insolence et sa
désinvolture sont remarquables ! Il ne laisse rien passer. Il est heureux
de vivre, et en même temps, il critique tout.
« L’été
des charognes » par Simon Johannin
Résumé : Au cœur de la montagne Noire, dans le Tarn,
l'évocation, le temps d'un été, du quotidien de Simon et de son meilleur ami,
Jonas. Leur passage à l'adolescence ne se fait pas sans difficultés, entre
tendresse et rage, camaraderie et violence.
C’est horrible, ce roman : la crasse, la boue, les
beuveries, la violence…après, ils finissent tous drogués !
Aucun intérêt à ce bouquin, c’est une vie à un moment donné,
et je n’ai pas réussi à dater ce truc.
Sandrine : je vais le lire, il me semble qu’il lui faut
une contre-critique…
Chantal a lu :
« Un
certain M. Piekielny » par François-Henri Désérables
Résumé : Enfant, Romain Gary fait la promesse à son
voisin, M. Piekielny, de mentionner son existence aux nombreuses personnalités
rencontrées. Des estrades de l'ONU à l'ambassade de Londres, du Palais fédéral
de Berne à l’Élysée, l'écrivain ne manque jamais d'évoquer son nom. Sous la
forme d'une enquête, le narrateur part à la recherche de ce mystérieux voisin.
C’est une variation sur Romain Gary, et sur un des
personnages de « La promesse de l’aube ». Désérables va faire des
recherches dans la réalité, et va démonter certaines fictions de Gary.
Il s’agit d’un jeu littéraire qui pose de vraies questions
sur la littérature.
La littérature fait-elle vraiment exister ? Est-ce une
personne, ou un personnage, ce Piekielny ?
« Dans
quelle langue est-ce que je rêve ? » par Elena Lappin
Résumé : Elena vit à Londres avec son mari et ses
enfants. La révélation d'un prétendu oncle de Moscou bouleverse ses certitudes
: son père biologique n'est pas celui qui l'a élevée. Commence ainsi pour elle
un véritable périple, de l'Europe aux États-Unis, pour reconstruire l'histoire
de sa famille de Juifs émigrés polyglottes.
Il s’agit d’une autobiographie centrée sur les langues, et
sur une succession d’exils. A cela s’ajoute le dévoilement d’un secret de
famille, et la découverte d’une partie ignorée de la famille, vivant aux
Etats-Unis. C’est l’histoire de l’exil juif.
« Quand
sort la recluse » par fred Vargas
Résumé : Trois hommes sont récemment morts des morsures
de la recluse brune, une araignée venimeuse. Le commissaire Adamsberg suspecte
un meurtre.
J’ai été légèrement déçue, mais heureusement, il y a toujours
l’humour décalé de Fred Vargas. C’est quand même un vrai régal… Mais, j’ai
trouvé le coupable avant la fin, et c’est un peu tiré par les cheveux. Et
dommage que Danglard soit aussi con ! le dernier tiers du bouquin m’a
déçue.
Françoise a lu :
« La
louve » par Paul-Henry Bizon & « On
la trouvait plutôt jolie » par Michel Bussi
Je profite d’avoir lu ces deux bouquins pour exprimer ce qui
m’énerve : un déséquilibre entre l’intrigue (on parle du polar) et la partie documentée.
Alors, tu peux avoir de grandes digressions (comme dans « Condor » de Ferey), et alors on
ne sait plus où on campe.
Tout est bien dans « La louve », cela montre des
bobos enthousiastes et des escrocs dégueulasses…mais il y a peu d’intérêt
littéraire. Tu ne t’attaches pas à l’histoire.
[Claude : C’est peut-être parce qu’ils essaient de
renouveler un peu le genre ?]
Dans le Bussi, il s’agit aussi d’une histoire avec un thème
contemporain, l’immigration, les ONG et la corruption, mais c’est un vrai
polar. L’intrigue est prépondérante, et tu es tenu en haleine du début à la
fin.
Le côté documentaire ne doit pas prendre le pas, sinon, la
littérature se perd. Il nous faut de la littérature.
[Bidie : il y a la même dichotomie entre reportage
(sans fondement profond, sans écriture) et documentaire.]
Dominique a lu :
Ben moi, je suis toujours en immersion dans les écrits de
Victor Del Arbol, qui est fabuleux, complet…je les enchaîne. Il y a le thème
récurrent des « dettes » transgénérationnelles (les descendants
« payent » pour leurs aïeuls, ou du moins héritent).
Sinon, j’ai lu « La
servante écarlate », par Margaret Atwood :
Il s’agit d’une dystopie qui décrit une nouvelle société
dictatoriale. Les femmes en rouge y
sont des reproductrices, et ce sont des
esclaves : le taux de natalité est au plus bas. Tout est très stratifié.
Nous suivons une des servantes, qui a connu la vie d’avant, la liberté.
Je suis mitigée sur la construction du livre, et sur
l’intrigue.
« La
fête de l’ours » par Jordi Soler
Résumé : Argelès-sur-Mer, Jordi Soler est abordé par
une vieille femme qui lui remet une photo et une lettre. Sur la photo, trois
soldats républicains : Arcadi, le grand-père du narrateur, Oriol, son frère, et
leur père. Dans la lettre, une incroyable révélation sur Oriol. Le narrateur va
découvrir la face cachée de cet oncle à qui il est censé tellement ressembler.
C’est une histoire de résonance entre un fait ancien, et le
présent. C’est l’histoire d’un personnage solitaire et sombre. C’est un vrai
coup de cœur, très original !
Bidie a lu :
« Limites / La dimension de l’abîme » par Diego
Petersen
Diego Petersen est un auteur et poète argentin, vivant en
France depuis 1980, et résidant à Nîmes (il enseigne à l’université).
Ici, il s’agit de poèmes bilingues sur la mort, la
disparition de son père.
C’est très beau, simple et épuré.
« Va » par Véronique Gentil
Je vous en parle car cet ouvrage me parait défendre l’aspect
esthétique de la poésie, car il faut aussi satisfaire le plaisir des yeux, avec
le graphisme, les blancs…
Sandrine a lu :
« Sapiens »
par Yuval Noah Harari
Bon, j’ai lu « Homo Deus » avant, du coup, en
terme de chronologie, c’est à l’envers, puisque Sapiens décrit l’histoire de
l’humanité, et Homo deus s’interroge sur son avenir.
Mais je reste fan, car avec Harari, on prend de la hauteur
sans opacité, et il nous montre de multiples pistes de réflexion, et donne donc
envie de lire, voir des vidéos, s’intéresser à ce qu’il se passe… ! Tout
simplement.
Voilà, nous nous retrouvons le samedi 17 février, à 10h,
pour encore plus d’échos !
Sandrine S.
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