Le rouge est mis…la Servante Écarlate de Margareth Atwood

la Servante Écarlate par Margareth Atwood
« Nous vivions, comme d’habitude, en ignorant. Ignorer n’est pas la même chose que l’ignorance, il faut se donner de la peine pour y arriver. »
 

Dans un futur proche, et dans un monde totalement contaminé par le nucléaire, la population est devenue dangereusement infertile. L’Ordre a été rétabli, sous couvert d’une réinterprétation des préceptes de l’Évangile. 



Les femmes, au motif d’être protégées, sont désormais « classées » en fonction de leur capacité de reproduction : les Marthas, vêtues de vert, infertiles mais suffisamment vaillantes pour être au service des Epouses, en bleu, maîtresses de maison, infertiles elles-aussi ; et les Servantes, le corps entièrement recouvert d’amples vêtement rouges et le visage caché, dont la seule fonction est la reproduction. Les autres (rebelles, femmes âgées…) qui n’ont pas leur place dans Gilead, sont envoyées dans les Colonies pour trier les déchets radioactifs.

À travers la narratrice, Defred, une Servante Écarlate qui lutte pour oublier qu’elle fut une femme libre, aimante et aimée, nous découvrons ce nouveau monde hostile, où les sentiments n’ont plus leur place, où peur, méfiance et délation règnent en maîtres.

Dystopie glaçante, roman féministe, Margareth Atwood publie ce roman fort, magnifiquement écrit, en 1985. Grâce à un style sobre, nous plongeons dès les premières phrases dans ce monde effrayant car proche du nôtre. L’auteure nous oblige à prendre conscience qu’il faut rester vigilent(es), qu’il ne faut pas hésiter à toujours remettre en question les idées et décisions qui font barrière à nos libertés d’expression (et de circulation).

Cet ouvrage a été adapté au cinéma en 1990 par Volker Schlöndorff, et fait actuellement l’objet d’une série télévisée.


Un livre à mettre également en relation avec « La lettre écarlate » de Nathaniel Hawthorne, écrit en 1850 et considéré comme le 1er roman de la littérature américaine. Dans cet ouvrage, dont l’action se situe au milieu du XVIIe siècle, les femmes adultères doivent porter un A rouge sur la poitrine et vivre à la périphérie des villes.

Mais si le rouge écarlate est synonyme d’enfermement et d’asservissement pour la Servante, il est plutôt un symbole de libération pour la femme portant cette lettre, car elle lui permet de s’aventurer là où les autres femmes ne le peuvent, entravées par le puritanisme religieux.

Des ouvrages qui nous rappellent qu’il faut encore et toujours continuer à s’indigner… 




La Servante Écarlate de Margareth Atwood
La Lettre écarlate de
Nathaniel Hawthorne, adapté au cinéma par Wim Wenders
DVD musical « No land’s song »

Sandrine B.

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