O Nuit, ô mes yeux, où l'âge d'or égyptien



Lamia Ziadé nous propose un voyage à peine fantasmé dans une époque où tout est possible. Le Caire, capitale culturelle du monde arabe des années 20 à 70 attirait tels des papillons de nuit, les artistes des pays alentours. Oum Kalthoum régna en maître sur la ville pendant 50 ans que ce soit à la radio ou au cinéma. Entrée dans la postérité, elle en fit presque oublier les autres artistes qui transformèrent profondément la culture arabe et son rayonnement à travers le monde.


Des biographies sans fards

Au grès des drames personnels et historiques, nous suivons le parcours des artistes qui ont autant marqué leur époque, leur culture, leur pays que le monde.

Des chanteurs les plus connus comme Oum Kalthoum, l'Astre d'Orient, la Diva Egyptienne, la Callas du Caire, de Farid El Atrache qui fût l'acteur principal des studios égyptiens, Fairouz, Asmaham...aux danseuses qui ont créé un style qui perdure jusqu'à aujourd'hui :


Raqs Al Sharki ou danse du ventre, avec la très populaire Samia Gamal découverte en France dans Ali baba et les 40 voleurs de Fernandel, aux artistes qui n'ont pas su traverser les frontières égyptiennes, non par manque de talent ni de popularité.

La rivalité de Oum Kalthoum et Asmahan,  démontre la difficulté d'accéder au pouvoir et s'y maintenir.

Les petites histoires dans la grande
 

Le livre retrace l'accession d'un pays à son indépendance et en parallèle évoque l'autonomie que ces artistes femmes, ont acquise au fil du temps.

Femmes de tête, femmes de pouvoir, femmes libérées, chaque parcours est ponctué de victoires et de tragédies. Epoque de libéralisation, les femmes se dévoilent, accèdent aux métiers jusque là réservés aux hommes. Oum Kalthoum chantant en tenue de garçon à ses début, et qui finit sa carrière en tailleur jupe ou robes de soirée occidentales.

Des fantasmes qui ont la vie dure, sur les danseuses orientales, sur la place de la femme et de la culture, font écho à une Egypte actuelle endiguée dans ses propres paradoxes.



Un roman graphique

Ce livre est une très belle découverte, un roman graphique qui se lit comme un polar.
Les aquarelles quelque fois de qualité inégales, apportent un contrepoint étonnant par rapport au récit. Telles des cartes postales anciennes que l'on retrouve dans un tiroir et qui rappellent de vagues souvenirs enfouis. C'est notre mémoire collective qui est touchée et cela nous rend un peu mélancolique.
Lamia Ziadé, illustratrice et écrivaine, nous délivre un message contemporain en parlant avec nostalgie d'un passé révolu.
Une belle réussite

Stéphanie R. , lectrice
Ô nuit, ô mes yeux
par Lamia Ziadé
Collection : Fiction Publié par : POL  , 2015

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