Le cinéma s'en va-t-en guerre # 01 : Le Bal des Maudits
Symbole du classicisme hollywoodien des années 50, l'adaptation du roman, The Young Lions, d' Irwin Shaw, n'en reste pas moins une oeuvre, que l'on se doit de (re)découvrir.
A travers ce "faux roman de guerre", Irwin Shaw pose un regard à la fois réaliste et pertinent sur la judéité de son héros. Le portrait autobiographique d'un homme en guerre avec les préjugés de ses contemporains. Il traduit aussi avec force une volonté de se libérer de cet état en s'engageant dans une armée qui sera loin d'être conciliante avec ses croyances. Les scènes de pugilat entre Noah et ses collègues de chambrée sont particulièrement intenses par la manière dont elles décrivent sa détermination à se faire respecter en tant qu'homme.
Ackerman finira par gagner ses galons d'individu libéré de l'intolérance en se confrontant avec la mort sur les champs de batailles. Mais c'est à travers sa demande en mariage de Hope auprès de son futur beau-père que celui-ci remportera sa plus belle victoire sur la vie.
3ième personnage particulièrement intéressant, Michael, l'artiste intellectuel deviendra la mémoire de ce récit. Tantôt cynique sur les raisons de l'engagement dans la guerre, sa conception va évoluer au point de devenir un ardent défenseur des valeurs humaines.
Irwin Shaw en fera le témoin privilégié d'une Amérique imparfaite, divisée, orgueilleuse, elle aussi gangrénée par "un racisme ordinaire", mais aussi porteuse d'un esprit de liberté universel.
L'armée est aussi mise à mal dans ce qu'elle représente de plus abjecte.
Dans le film, son personnage relève plus de l'anecdote que d'une adaptation réussie. Les subtilités de l'évolution du personnage sont occultées au profit de la belle gueule de Dean Martin.
Mais au-delà de la richesse de ce roman, l'auteur frappe par le recul qu'il prend sur des positionnements particulièrement clivants.
L'auteur prend le parti d'un "socialisme chrétien" qui ne manquera pas de lui attirer quelques années plus tard les foudres du maccarthysme.
Il fait le choix intellectuel et moral de nous faire comprendre plutôt que de condamner.
Quant au film de Dmytryk, il aura le mérite de vous faire (re)plonger la tête la première dans un des romans les plus intelligents de l'après-guerre.
Cédric
Adapté au cinéma par Edward Dmytryk
Christian Diestl, le plus charismatique, est un allemand idéaliste séduit par le nazisme.
Noah Ackerman est l'archétype de l'individu tiraillé entre intégration et judéité.
Quand à William Whitacre, il se retranche derrière un cynisme de composition face au drame qui se déroule sous ses yeux.
Des situations dramatiques voire tragiques qui pousseront les protagonistes jusque dans leur dernier retranchement.
Personnage emblématique, Christian est le symbole du renouveau pour une Allemagne traumatisée par la défaite de 1918. Shaw réussit parfaitement à retranscrire ce sentiment animé par une nation en quête de revanche historique, sociale et économique.
Sortir de sa condition, s'élever au dessus de sa classe, deviennent une obsession que seules les promesses d'un nouvel ordre mondial peuvent offrir.
Radicalement antimilitariste, le propos de l'auteur n'en est pas pour autant moins lucide. La guerre n'explique et ne justifie pas tout. Son héros luttera pour conserver une certaine noblesse d'âme. La prestation de Marlon Brando, particulièrement réussie, trahie malgré tout le personnage assez antipathique du roman.
Un homme pragmatique mais humain confronté à l'intolérance, la folie et la cruauté de ses semblables et qui finiront par anéantir ses espoirs d'un lendemain meilleur.
Un véritable chemin de croix pour Diestl qui accompagnera l'effondrement de ces certitudes pour l'adaptation cinématographique. Une vision plus positive du héros qui démarque de la
détermination indéfectible de Diestl dans le roman.
3 hommes face à l'Histoire
A travers ce roman fleuve, Irwin Shaw décrit une humanité sur le point de sombrer dans les heures sombres de la seconde guerre mondiale. En dressant le portrait d'individus pris dans la marche inéluctable de l'Histoire, le romancier nous captive autour des motivations de chacun de ses personnages.Christian Diestl, le plus charismatique, est un allemand idéaliste séduit par le nazisme.
Noah Ackerman est l'archétype de l'individu tiraillé entre intégration et judéité.
Quand à William Whitacre, il se retranche derrière un cynisme de composition face au drame qui se déroule sous ses yeux.
Des situations dramatiques voire tragiques qui pousseront les protagonistes jusque dans leur dernier retranchement.
Du nazi errant
"Le monde s'écroule, la race humaine lutte pour sa vie, et je consacre mon temps à enseigner à des petites filles trop grasses l'art et la manière de glisser le long d'une colline sans tomber sur le nez ! "Personnage emblématique, Christian est le symbole du renouveau pour une Allemagne traumatisée par la défaite de 1918. Shaw réussit parfaitement à retranscrire ce sentiment animé par une nation en quête de revanche historique, sociale et économique.
Sortir de sa condition, s'élever au dessus de sa classe, deviennent une obsession que seules les promesses d'un nouvel ordre mondial peuvent offrir.
Radicalement antimilitariste, le propos de l'auteur n'en est pas pour autant moins lucide. La guerre n'explique et ne justifie pas tout. Son héros luttera pour conserver une certaine noblesse d'âme. La prestation de Marlon Brando, particulièrement réussie, trahie malgré tout le personnage assez antipathique du roman.
Un homme pragmatique mais humain confronté à l'intolérance, la folie et la cruauté de ses semblables et qui finiront par anéantir ses espoirs d'un lendemain meilleur.
Un véritable chemin de croix pour Diestl qui accompagnera l'effondrement de ces certitudes pour l'adaptation cinématographique. Une vision plus positive du héros qui démarque de la
détermination indéfectible de Diestl dans le roman.
Au juif triomphant
"- Ce que je me demande, c'est ce que tu veux ?
- Que tous les juifs soient traités comme s'ils pesaient tous 100 kilos !"
A travers ce "faux roman de guerre", Irwin Shaw pose un regard à la fois réaliste et pertinent sur la judéité de son héros. Le portrait autobiographique d'un homme en guerre avec les préjugés de ses contemporains. Il traduit aussi avec force une volonté de se libérer de cet état en s'engageant dans une armée qui sera loin d'être conciliante avec ses croyances. Les scènes de pugilat entre Noah et ses collègues de chambrée sont particulièrement intenses par la manière dont elles décrivent sa détermination à se faire respecter en tant qu'homme.
Ackerman finira par gagner ses galons d'individu libéré de l'intolérance en se confrontant avec la mort sur les champs de batailles. Mais c'est à travers sa demande en mariage de Hope auprès de son futur beau-père que celui-ci remportera sa plus belle victoire sur la vie.
La volonté de l'engagement
"Seuls auraient le droit de parler les hommes qui seraient revenus du front, du vrai front, avec la certitude d'avoir payé pour leurs opinions et de les posséder, irrévocablement, une fois pour toutes..."3ième personnage particulièrement intéressant, Michael, l'artiste intellectuel deviendra la mémoire de ce récit. Tantôt cynique sur les raisons de l'engagement dans la guerre, sa conception va évoluer au point de devenir un ardent défenseur des valeurs humaines.
Irwin Shaw en fera le témoin privilégié d'une Amérique imparfaite, divisée, orgueilleuse, elle aussi gangrénée par "un racisme ordinaire", mais aussi porteuse d'un esprit de liberté universel.
L'armée est aussi mise à mal dans ce qu'elle représente de plus abjecte.
Dans le film, son personnage relève plus de l'anecdote que d'une adaptation réussie. Les subtilités de l'évolution du personnage sont occultées au profit de la belle gueule de Dean Martin.
Une oeuvre humaniste et éclairée
Ecrit "à chaud" au lendemain du conflit, The Young Lions, se lit comme une fresque dans laquelle une humanité en marche essaie d'accoucher du pire comme du meilleur. Irwin Shaw nous surprend en nous décrivant avec précision les attentes et les doutes d'une Europe ravagée. De son expérience de la guerre, l'auteur exorcise avec justesse sa vision horrifique de la mort et plus particulièrement celle de sa découverte des camps d'exterminations.Mais au-delà de la richesse de ce roman, l'auteur frappe par le recul qu'il prend sur des positionnements particulièrement clivants.
L'auteur prend le parti d'un "socialisme chrétien" qui ne manquera pas de lui attirer quelques années plus tard les foudres du maccarthysme.
Il fait le choix intellectuel et moral de nous faire comprendre plutôt que de condamner.
Quant au film de Dmytryk, il aura le mérite de vous faire (re)plonger la tête la première dans un des romans les plus intelligents de l'après-guerre.
Cédric
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