Brendan et le Secret de Kells : l'imagination au pouvoir
FESTIVAL ÉCRANS BRITANNIQUES
Un bijou d’animation européen imaginé en Irlande, animé en Hongrie et mis en musique en France. Un film qui sent bon la mousse, la bruyère, le papier et l’encre. Un immanquable dans le cadre du festival des Écrans Britanniques.
- Un film de Tomm Moore et Nora Twomey
- Existe aussi en bande-dessinée, du même auteur
- Projeté à la bibliothèque Carré d’Art de Nîmes le samedi 28 février à 14 H dans le cadre du festival des Écrans Britanniques
Dans une Irlande médiévale en proie aux invasions Viking, nous suivons les aventures de Brendan, jeune moine, apprenti enlumineur dans sa quête pour terminer le livre de Kells, morceau d’art religieux.
Librement inspiré de faits historiques réels - le livre de Kells, l’abbé Cellach ou le décor du film (l’Irlande du IXe siècle attaquée par les Vikings) - Brendan et le Secret de Kells est un petit bijou de cinéma, merveilleusement bien animé.
Conte initiatique oblige le film nous parle du passage à l’âge adulte, mais aussi de l’éveil de l’imagination et de la curiosité envers le monde qui nous entoure.
Réalisation soignée
La mise en scène de Tomm Moore et Nora Twomey, très originale, s’inspire des enluminures, qu’elle anime comme autant de tableaux vivants, tout en circonvolutions, en spirales délicates et kaléidoscopique.
S’inspirant des triptyques très moyenâgeux, les réalisateurs font un usage malin du split screen (le montage multi-écrans) pour figurer le temps qui passe.
Quant à l’éveil de l’imagination de Brendan, il est matérialisé par l’apparition de formes de plus en plus circulaires, en oppositions aux lignes droites et austères de l’intérieur de murs de Kells au début du film.
À cette image, Kells est un environnement aussi gris et désaturé que la forêt est luxuriante, emplie de détails et de couleurs, pleine de promesses et de dangers. À l’inverse, les antagonistes du film sont présentés en deux dimensions, dans des dominantes de couleurs très marquées : noir et rouge pour les Vikings sans visages, noir et bleu pour le maléfique Crom Cruach.
Questionner le monde qui nous entoure
« -On n’apprend pas que dans les livres !
-J’ai déjà lu ça quelque part… »
À la faveur de l’arrivée de Frère Aidan, première influence extérieure pour Brendan, ce dernier commencera à questionner le mur qui l’entoure et son avenir qui semble tout tracé par son oncle, l’abbé Cellach.
Ce faisant, il va acquérir autonomie et maturité, jusqu'à tenir tête à son oncle auquel il reproche son repli vers l’obscurantisme quand lui souhaite l’ouverture de la connaissance par l’art.
Car c’est en s’affranchissant de ce qu’il connait déjà, en osant prendre des risques et en bravant l’interdit que le jeune moine vas découvrir un monde extrêmement vaste dont il tentera de retranscrire la richesse dans ses enluminures.
Un scénario en demi-teinte, mais un résultat graphique époustouflant.
Certes, le scénario aurait pu être plus développé. C’est un peu court et surtout le rythme n’est pas toujours très bien dosé.
Mais au final peu importe, car la qualité de l’animation, acidulée et pétillante emporte tout sur son passage et sort des sentiers battus. Au final, n’est-ce pas le plus important dans un film qui place l’art de l’enluminure au centre de son propos ?
Remplie de symboles la forme du film fait presque partie intégrante du scénario tant elle raconte de choses : la découverte par Brendan, habitué aux lignes verticales rigides de Kells, d’un univers de rondeurs et de spirales est un grand moment...Spirales qui lui serviront à vaincre un méchant tout en rigueur de lignes droites.
D’ailleurs, je pense pouvoir dire que c’est un des films d’animation les plus beaux que je n'ai jamais vu : direction artistique, décors, mise en couleurs, fluidité et inventivité de l’animation…du travail d’orfèvre ! Le tout dans un style graphique particulier et original à mi chemin entre les travaux de Genndy Tartakovsky et Kirikou.
D’autant que la musique de Bruno Coulais emballe parfaitement le tout et que d’une manière générale, l’environnement sonore est très réussi.
Nicolas
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