Le Hobbit - La Bataille des Cinq Armées : conclusion sans gloire

Un troisième opus décevant qui conclue une trilogie en demi-teinte dont seul le premier opus est vraiment intéressant.




Un roman de John Ronald Reuel Tolkien
Adapté au cinéma par Peter Jackson :

  1. Le Hobbit - Un voyage inattendu
  2. Le Hobbit - La Désolation de Smaug

Lire aussi : Le Seigneur des Anneaux : Le vrai sens de l’Athelas

Si vous avez lu ma critique de La Désolation de Smaug, vous vous souvenez que j’avais été déçu par le film. Trop d’action, pas assez de scénario et surtout un manque d’autonomie qui trahissait le découpage en deux films, opéré à la dernière minute.

J’espérais à l’époque un troisième volet qui terminerait la trilogie en beauté et rattraperait les outrances du second opus.

Hélas, il n'en est rien ! C'est un peu mieux, mais c’est insuffisant. Un film de 2H20 (le plus court de la saga) dont l'essentiel est consacré à des combats et des batailles. Le spectacle est au rendez-vous, mais où est l'aventure ? Où sont les enjeux ?



Le découpage : mal pensé et mal équilibré


Le film hérite du découpage bancal de la fin de l'opus précédent et démarre donc sur les chapeaux de roues puisqu’il reprend au moment exact au se terminait le second.

Ce passage, qui clôture l’arc autour de Smaug dure une dizaine de minutes tout au plus et aurait dû figurer à la fin de La Désolation de Smaug. En l’état, cela déséquilibre le récit qui commence trop fort sans laisser au spectateur le temps de respirer et s’habituer au film.

Car finalement, ce n’est pas la réalisation ou le scénario en lui-même qui gâche les deux derniers volets, mais le montage qui est mal pensé. Rien de surprenant, puisque Peter Jackson a dû fournir près de quatre heures d'images en plus que prévu à l'origine !


La forme : trop lisse, trop d’effets spéciaux...


Sur la forme, les allergiques au numérique ne seront pas à la noce. Cela dit, ce n’est pas un problème spécifique à La Bataille des Cinq armées, mais à toute la trilogie : l’image y est très retouchée, elle parait factice et lisse.

À l’image du personnage de l’orc Azog incarné en Motion Capture, alors qu’un acteur maquillé aurait eu bien plus de présence. Au prix, il est vrai, de longues séances éprouvantes de maquillage, ce qui pourrait expliquer ce choix étrange.




Quant aux effets spéciaux, ils sont inégaux en qualité. Certains sont très réussis, d’autres sont complètement ratés : la conclusion de l’arc du Nécromancien tombe à plat tant ses effets visuels ne semblent pas terminés. 


Mise en scène : entre moments de grâce et incontinence graphique


La Bataille des Cinq Armées, c'est aussi la parfaite illustration de certains défauts dans la mise en scènes de Peter Jackson. Des défauts déjà présents dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et dans les précédents volets du Hobbit.

À l'image de la scène du Royaume des Gobelins dans le premier film, de l’éprouvante scène des tonneaux dans le second ou du combat contre les Nazgûls dans le troisième : comment s’inquiéter pour des personnages qui accomplissent des prouesses improbables sorties tout droit d’un dessin animé ou d’un jeu vidéo ?

Heureusement, par moments, Jackson nous rappelle toute la maestria dont il est capable, lors de scènes clés qui ne déçoivent pas : le combat entre Thorin et Azog, l'arrivée des nains...

Quelques fulgurances, quelques plans de génie, certains personnages se complexifient (Thranduil nettement plus intéressant)… Peter Jackson reste un excellent cinéaste : il y a de l'ampleur, une direction d'acteurs solide, des décors et des costumes magnifiques.



Émotions à fleurs de peau : un spectacle (trop) généreux


Il faut dire que le cinéma de Peter Jackson est un cinéma plein d'émotions, au risque parfois d’en faire trop : Smaug face à Bard, le combat de Thorin contre Azog, les morts de certains personnages, l’humanisation de Thranduil, les larmes de Thauriel... Ces scènes sont magnifiques, j'aurais tellement aimé que l'ensemble du film soit aussi bon.

D’ailleurs, malgré que le film soit plus court que les autres, on sent bien que Peter Jackson a du mal à quitter la Terre du Milieu. Comme dans le Retours du Roi, le film n’en finit pas de finir lors de plusieurs scènes d’adieux qui pourraient figurer comme autant de conclusions possibles, comme si le réalisateur lors du montage, n’avait pas su choisir.

Malheureusement, tout cela est au service d'un scénario aux enjeux limités. Le souffle aventureux d’un Voyage Inattendu a disparu au profit d'un récit épique, grandiloquent et parfois artificiel qui traine en longueur. 



Dilution de l’intrigue : un film de trop


Car, la dilution de l’intrigue est un vrai problème à l’échelle de la trilogie : le premier film souffre de longueurs, alors que les deux derniers manquent de scénario et de moments de contemplation.

Un problème qui aurait pu être résolu en gardant le plan initial de deux films, ce qui était largement suffisant pour adapter le court roman de Tolkien. Le découpage artificiel gâche à la fois la fin de La Désolation de Smaug et le début de la Bataille des cinq Armées.

Sur l'ensemble de la trilogie, tout cela produit une histoire bancale, aux enjeux pas clairs, aux sous-intrigues multiples mal dosées, ainsi que quelques petits problèmes de cohérence sans gravité avec la trilogie du Seigneur des Anneaux.

Lorsque le film sera disponible en version longue, il sera temps de visionner l’intégralité de la saga, pour émettre un avis définitif. Pour le moment, je suis surtout déçu…


En complèment, une critique de France Culture sur la Désolation de Smaug, à l'angle original

Nicolas


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