[DOSSIER] Grands reporters et photographes 2/3: Une réalité sous toutes ses facettes
Face à la frénésie de l'information "à chaud", d'autres voix s'élèvent pour nous proposer une lecture plus nuancée motivée par une démarche somme toute naturelle : l'observation
Grands reporters et photographes 1/3 : Entre réalité et fiction
Grands reporters et photographes 3/3 : Des nouvelles formes d'engagement
( à paraître le 14 mars)
Anne Nivat, journaliste en terrain de guerre a une vision très personnelle des conflits.
Résistante et opiniâtre, sa force est motivée par la passion du métier.
Dans Chienne de guerre, sa couverture de la deuxième guerre de Tchétchénie est une immersion dans le quotidien des différentes communautés ethniques qui compose ce territoire. Sans a priori, ni idées reçues, elle nous décrit des hommes et des femmes qui vivent dans l’adversité d’un conflit, et se dit impressionner par ceux qui donnent le plus alors qu’ils ont le moins.
Dans un portrait que lui consacre Daphné Collignon sous forme de bande dessinée, l’image glamour du grand reporter est écornée. Elle fait rimer talons hauts avec rigueur professionnelle loin de “la baroudeuse moche qui fume clope sur clope et mal dans sa peau”. Ce mélange de graphisme et de photos illustre souvent de façon irréelle la richesse de son travail face à la diversité du monde.
Enfermée et encerclée dans les quartiers mixtes sunnites et chiites de Faloudja pendant la guerre d’Irak, elle parle avec fougue et passion de la question de l’enfermement des familles en temps de guerre. Une patience qui lui donne la force de vivre avec les populations soumises au stress quotidien de la guerre.
Sa motivation : prendre en compte la réalité sous tous ses aspects. Une recherche de l’authenticité qui ne l’empêche pas dans les situations critiques de faire son métier en toute liberté.
Ce besoin viscéral de faire l’expérience de la vie en temps de guerre la rend très critique vis de la corporation des journalistes qui évolue, selon elle, en vase clos. Même si elle réfute l'argument d'une partie de la profession qui sous entend que sa façon de travailler n'est pas faisable, la dérive des blufs journalistiques et les dépêches parfois un peu trop hâtives sonnent comme un aveu d'échec de la dictature de l'émotion.
C'est en s'ouvrant aux gens dans les moments les plus douloureux que James Nachtwey donne un sens à ses photos. Du Vietnam à la Bosnie en passant par les massacres rwandais, ses clichés sont l'oeuvre d'un homme qui dépasse ses limites. Une proximité avec la souffrance et la mort qui confère à son travail une légitimité. Son but : "Avec mes images, je vais réussir à convaincre les gens. Un combat militant pour celui qui s'est constitué une véritable bibliothèque de la souffrance en empruntant à chaque fois un ascenseur pour l'enfer.
Tous belligérants ou organismes engagés sur une zone d'opération se doit depuis les récents conflits modernes d'avoir une couverture médiatique. De facto, on ne parle plus de propagande, concept hérité des deux derniers conflits mondiaux, mais de journalisme embarqué.
L'incrustation au sein d'une armée ou d'une ONG aura comme conséquence directe une vision déformée de la réalité.
Cette coopération peut sembler contre nature. Mais pour un journaliste, c'est le moyen le plus rapide d'accéder à une zone de guerre en recevant une accréditation en bonne et due forme. Pour l'humanitaire, c'est l'assurance d'un reportage choc souvent scénarisé valorisant les actions de l'institution.
Les effets pervers sont pourtant nombreux : standardisations des reportages, informations peu fiables, perte de crédibilité.
Laisser au second plan la véritable raison de leur reportage avec comme risque principal de virer au people pose clairement les limites de telles pratiques.
Cédric
Disponibles dans notre catalogue
Ressources en ligne
Grands reporters et photographes 1/3 : Entre réalité et fiction
Grands reporters et photographes 3/3 : Des nouvelles formes d'engagement
( à paraître le 14 mars)
La passion du métier
Anne Nivat, journaliste en terrain de guerre a une vision très personnelle des conflits.
Résistante et opiniâtre, sa force est motivée par la passion du métier.
Dans Chienne de guerre, sa couverture de la deuxième guerre de Tchétchénie est une immersion dans le quotidien des différentes communautés ethniques qui compose ce territoire. Sans a priori, ni idées reçues, elle nous décrit des hommes et des femmes qui vivent dans l’adversité d’un conflit, et se dit impressionner par ceux qui donnent le plus alors qu’ils ont le moins.
Dans un portrait que lui consacre Daphné Collignon sous forme de bande dessinée, l’image glamour du grand reporter est écornée. Elle fait rimer talons hauts avec rigueur professionnelle loin de “la baroudeuse moche qui fume clope sur clope et mal dans sa peau”. Ce mélange de graphisme et de photos illustre souvent de façon irréelle la richesse de son travail face à la diversité du monde.
La recherche de l'authentique
Enfermée et encerclée dans les quartiers mixtes sunnites et chiites de Faloudja pendant la guerre d’Irak, elle parle avec fougue et passion de la question de l’enfermement des familles en temps de guerre. Une patience qui lui donne la force de vivre avec les populations soumises au stress quotidien de la guerre.
Sa motivation : prendre en compte la réalité sous tous ses aspects. Une recherche de l’authenticité qui ne l’empêche pas dans les situations critiques de faire son métier en toute liberté.
Ce besoin viscéral de faire l’expérience de la vie en temps de guerre la rend très critique vis de la corporation des journalistes qui évolue, selon elle, en vase clos. Même si elle réfute l'argument d'une partie de la profession qui sous entend que sa façon de travailler n'est pas faisable, la dérive des blufs journalistiques et les dépêches parfois un peu trop hâtives sonnent comme un aveu d'échec de la dictature de l'émotion.
Une voix vers l'extérieur
C'est en s'ouvrant aux gens dans les moments les plus douloureux que James Nachtwey donne un sens à ses photos. Du Vietnam à la Bosnie en passant par les massacres rwandais, ses clichés sont l'oeuvre d'un homme qui dépasse ses limites. Une proximité avec la souffrance et la mort qui confère à son travail une légitimité. Son but : "Avec mes images, je vais réussir à convaincre les gens. Un combat militant pour celui qui s'est constitué une véritable bibliothèque de la souffrance en empruntant à chaque fois un ascenseur pour l'enfer.
La tentation du journaliste embarqué
Tous belligérants ou organismes engagés sur une zone d'opération se doit depuis les récents conflits modernes d'avoir une couverture médiatique. De facto, on ne parle plus de propagande, concept hérité des deux derniers conflits mondiaux, mais de journalisme embarqué.
L'incrustation au sein d'une armée ou d'une ONG aura comme conséquence directe une vision déformée de la réalité.
Cette coopération peut sembler contre nature. Mais pour un journaliste, c'est le moyen le plus rapide d'accéder à une zone de guerre en recevant une accréditation en bonne et due forme. Pour l'humanitaire, c'est l'assurance d'un reportage choc souvent scénarisé valorisant les actions de l'institution.
Les effets pervers sont pourtant nombreux : standardisations des reportages, informations peu fiables, perte de crédibilité.
Laisser au second plan la véritable raison de leur reportage avec comme risque principal de virer au people pose clairement les limites de telles pratiques.
Cédric
Disponibles dans notre catalogue
- Anne Nivat, correspondante de guerre de Daphné Collignon
- Chienne de guerre d'Anne Nivat
- Irak, l'ombre de la guerre
- War photographer de James Nachtwey
Ressources en ligne
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