Brèves de comptoir / Jean Marie Gourio

C’est qui qui prévient les asticots quand quelqu’un est mort ? 

Les esclaves au moins, ils avaient du travail. 

Sur les vieilles photos je suis jeune et sur les jeunes photos, je suis vieux. 

C’est l’haleine qui m’a trahi. Autrement, ça allait ! 

La machine ne remplacera jamais l’homme, elle n’est pas assez conne ! 

 

Ce qui est formidable avec le cerveau humain, c’est qu’il n’est jamais à l’abri d’une fulgurance. Qu’elle soit philosophique, drôle ou bien atterrante, la brève est rarement neutre. 

Que ce soit dans le cercle familial ou dans le monde du travail, elle peut inopinément apparaître tel un lapin sorti d’un chapeau. 

S’il y a un lieu plus particulièrement propice à la brève, c’est évidemment les cafés, les bistrots, les estaminets,  les tavernes, les assommoirs, les guinguettes, ces lieux de vie et de contacts humains. 

Café de passage ou d’habitués, en ville ou à la campagne, il a toujours joué un rôle considérable dans la vie sociale, politique et littéraire en France.
 

Jean Marie Gourio pousse la porte d’un bistrot, commande une bière et jette un œil sur le petit monsieur flou appuyé au comptoir à côté de lui. Il est le premier à le regarder, à l’écouter, à l’aimer. Il laisse le poète vivre et créer. 

Gourio a laissé traîner ses deux oreilles au comptoir pendant plus de trois décennies afin de recueillir ces aphorismes de premier cru, ces phrases qu’il a compilées dans plusieurs tomes, les fameuses « Brèves de comptoir. » 

Jean-Marie Gourio est auteur et scénariste, collaborateur notamment de Charlie Hebdo. Il a obtenu de nombreux prix grâce à ses brèves. Il décide de cesser définitivement sa collecte au lendemain de l’attentat contre le journal satirique le 7 janvier 2015. Il se consacre depuis à la littérature romanesque avec son complice de toujours Jean Michel Ribes. 

Fred E. Bibliothécaire

Brèves de comptoir
Jean-Marie Gourio
R. Laffont, 2002

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