Un papillon sur l’épaule, Barcelone fin 70’s

Ce film de 1978 est un peu oublié de nos jours. A tort. C’est un digne représentant de ce que le cinéma français arrivait à faire au cours de ces années-là, distillant sans esbroufe une atmosphère prenante qui tient le spectateur en haleine...

A vrai dire, l’intrigue politico-policière dans laquelle se retrouve inopinément plongé Roland Fériaud n’est qu’un prétexte. Il devient vite évident que le véritable héros du film n’est pas le personnage incarné par Lino Ventura, mais bien la ville de Barcelone. 


Le choix de Barcelone comme lieu de l’action était particulièrement bien vu. En effet, L’Espagne connaissait depuis la mort de Franco en 1975 une période de flottement de plusieurs années pendant laquelle le destin du pays fut dans la balance, avant que la démocratie finisse par s’imposer en 1982.

C’est cette ambiance crépusculaire, presque gramscienne, que Jacques DERAY s’ingénie à mettre en place. Le malheureux Fériaud erre ainsi d’un quartier à l’autre du vieux Barcelone, celui d’avant les travaux effectués à l’occasion des JO de 1992. Rien ne semble le menacer ; pourtant, derrière l’apparence les façades des avenues taillées au cordeau ou des coquets jardins publics, semble planer une menace d’autant plus angoissante qu’elle est inexpliquée. 

On est alors en présence de ce paradoxe, qu’un homme, circulant en plein jour dans une ville active, lumineuse et apparemment sans risques, passe son temps à se sentir en danger ! Il n’y a là nul fantasme, la fin tragique venant corroborer toutes les appréhensions du personnage incarné par Lino Ventura. 

Une fin tragique oui, et aussi une dernière scène d’une dureté d’autant plus atroce qu’elle fut filmée dans des conditions réelles et laissait présager de manière visionnaire le développement d’une indifférence cruelle à son prochain qui, pour le coup, n’allait en rien être le propre de la seule ville de Barcelone…

Bruno B. Bibliothécaire

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