Eloge de l’hypocrisie
« L’hypocrisie … est ainsi avant tout un exercice social. Sa fonction est de dresser le décor d’un ordre dans le chaos de la réalité. »
L’hypocrisie est-elle mal comprise ? Peut-elle être le socle de notre société comme le revendique l’auteur ?
L’économiste Olivier BABEAU se risque à un éloge de ce trait de caractère honni. L’hypocrisie, pour lui, comme la langue d’Esope, est la pire et la meilleure des choses.
La première de ces « hypocrisies bénignes » ce sont les bonnes manières, les civilités, la bienséance. La politesse n’est pas un mensonge, mais le respect d’une convention qui permet une entente, qui lisse les frictions et édifie une barrière entre vous et l’autre.
Quant à « l’hypocrisie maligne », c’est elle qui sourd des réseaux sociaux et de la religion de l’égalitarisme.
A l’heure où Google, Facebook et autres s’immiscent dans notre intimité, la transparence généralisée qui est celle de la surveillance générale, peut condamner nos sociétés libérales et mettre fin aux ombres protectrices et aux obscurités où l’on se réfugie.
Selon l’auteur, le dogme de l’égalitarisme est une nouvelle hypocrisie, cette fois-ci maligne car elle enferme au lieu d’émanciper. L’égalitarisme est la nouvelle religion à laquelle nous sommes tous sommés d’adhérer. Pour lui toute différence est stigmatisante, preuve en soi d’un mécanisme de domination.
Pour Olivier BABEAU le fondamentalisme d’aujourd’hui s’appelle égalitarisme, il redoute une mise à mort de la liberté et du progrès, un nouveau totalitarisme sans perspective de retour en arrière.
Dans cet essai au titre provocateur, il n’y a pas que l’éloge il y a aussi la condamnation. L’éloge de l’hypocrisie authentique, bénéfique, s’achève donc logiquement, par un plaidoyer pour d'avantage de respect de la vie privée dans notre société.
L’étendue de la culture de l’auteur, de Platon à Thomas More, la qualité de la réflexion, méritent à coup sûr la lecture.
Hanane L. Bibliothécaire
Eloge de l’hypocrisie
Olivier BABEAU, Les éditions du Cerf, 2018
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