Écho des livres du 29 avril 2017
Denise nous a envoyées ses comptes rendus de lectures récentes, et appréciées (ceci dit sans spolier...!) :
« Nous
rêvions juste de liberté » par Henri Loevenbruck
C’est
l’histoire d’Hugo , mal aimé dans sa famille , adoubé au lycée par la bande à
Freddy , l’ami de cœur , le mentor , le fil de vie .
C’est ainsi
que commence ce road movie de la ville de Providence à Vernon ;
Récit où
les personnages sont de jeunes paumés, délinquants, certains vont sombrer
jusqu’au meurtre, la route sera l’exutoire, les motos, leurs chevaux de feu
et de fuite dans un monde de bikers structurés et codés.
C’est le
récit de trahisons successives qui mènent Hugo , pur dans son idéal , vers un
horizon mortel.
Il voulait
être libre .
Style
puissant , sentiments d’amitié et d’amour magnifiquement décrits .
À lire
absolument .
« Splendeur »
par Margaret Mazzantini
Simplement
sublime comme le titre du livre.
Un chef d’oeuvre d’écriture, une étude incisive d’un amour impossible mais où tous les possibles sont ouverts et violemment refermés.
Guido,
fort et fragile, tombe amoureux au cours d’un voyage scolaire en Crète d’un
Constantino, aux pieds d’argile, au secret bien caché qui va parasiter toute
la vérité des personnages. Un drame amoureux sublimé par un style flamboyant.
Une idée de
l’Amour poussé au paroxysme. Page 114 « la quintessence de la tromperie
la plus douce, n’était-ce pas cela l’Amour » ?
A posséder
dans sa bibliothèque et à relire sans fin.
Dans
« Venir au monde » du même auteur, il y a déjà ce thème, la moto
et un Guido fragile et fort à la fois.
Chantal a lu :
« Ecoute-moi »
de Margaret Mazzantini
Timoteo, alors
que sa fille plongée dans le coma est opérée, raconte la passion brûlante qui
influença à jamais le cours de sa vie et sa relation avec les trois femmes de
sa vie : sa femme, sa maîtresse et sa fille.
Roman lauréat du prix Strega.
C'est très
finement écrit. Rarement, une femme a fait aussi bien parler un homme.
« La
danse sorcière » par Karine Henry
Grâce à la
danse, Else a pu exorciser le traumatisme de son enfance. Devenue virtuose,
elle enflamme les scènes européennes, de l'Opéra Garnier au Tanztheater
Wuppertal de Pina Bausch. Mais elle a la désagréable impression qu'une ombre
l'épie d'une lucarne située non loin de chez elle, face à la salle vitrée où
elle s'entraîne : angoisse liée au passé ou menace réelle, elle ne sait quoi penser.
Belle
écriture, et roman sur la danse contemporaine, la danse comme thérapie... Une
histoire très bien menée. Un petit bémol sur le nombre de passages très
philosophiques...mais passionnants !
« Sous
le compost » par Nikolas Maleski
Franck Van
Venitas a suivi sa femme, Gisèle, vétérinaire, dans un coin reculé de France.
Il s'occupe de leurs filles et de la maison. Son statut de père au foyer lui
convient parfaitement, jusqu'au jour où il reçoit une lettre anonyme
l'informant de l'infidélité de son épouse...
Cet homme
va tromper sa femme à cause de cette lettre anonyme qui lui dit que sa femme le
trompe ! Et puis des meurtres vont suivre, le tout sur un ton enlevé et
sympa.
« Gentilles
filles, braves garçons » par Roopa Farooki
De retour dans
la région du Penjab pour un enterrement, des frères et sœurs font le bilan de
leur vie et se souviennent de leur mère qui, dans les années 1940, avait imposé
à ses garçons des études de médecine à l'étranger et à ses filles, des mariages
arrangés.
Ce roman
raconte l'histoire d'une famille musulmane indienne, puis pakistanaise (du
Pendjab) après la partition, et dont la mère est d'origine russe. Cette
dernière est violente, autoritaire et manipulatrice. Elle va impacter les vies
de ses enfants, très fort, et très différemment dans chacun des cas. Le tout
avec une écriture très agréable !
Et un livre émouvant !
Et un livre émouvant !
« Le
plus grand des miracles » par Thomas Glavinic
Jonas rejoint une expédition extrême en route vers le toit
du monde. Les conditions très difficiles de l'ascension sont l'occasion pour
lui de faire remonter des souvenirs marquants : son enfance sauvage avec son
ami Werner, le destin douloureux de son frère jumeau, Mike, ses nombreux
voyages à travers le monde, sa rencontre avec la femme de sa vie, etc.
C'est donc le récit de « l'ascension de Jonas » (sic), parallèlement au récit de son passé, son enfance avec son ami Werner (son quasi-père adoptif), qui va le sauver, son frère jumeau handicapé, ses rencontres, ses voyages, et un très bel amour.
Une très belle écriture, avec une petite touche de fantastique : de la télépathie avec son meilleur ami, un moment périlleux de l'ascension où il ne survit que par la voix de son ami mort... du bizarre, de l'étrange... mais vraisemblable.
« La
drôle de vie de Zelda Zonk » par Laurence Peyrin
Après un accident de voiture sur une route d'Irlande, Hanna
est coincée dans un lit d'hôpital pendant des semaines. Elle sympathise avec la
vieille dame qui partage sa chambre, Zelda.
Petit à petit, elle la soupçonne d'être Marilyn Monroe. Elle commence à penser que si Marilyn a réussi à changer de vie, elle le peut aussi.
Petit à petit, elle la soupçonne d'être Marilyn Monroe. Elle commence à penser que si Marilyn a réussi à changer de vie, elle le peut aussi.
Hanna est une jeune femme sage et rangée. Sa rencontre avec Zelda, vieille dame spirituelle et vraie, la sort de sa maison, littéralement, la fait voyager, la fait tomber amoureuse… les personnages sont extrêmement attachants !
« L’affaire
Rosenblatt » par Joel Haroche
Texas, début des années 1960. Les Rosenblatt sont une
famille juive athée, d'origine russe et gauchiste, une situation compliquée
dans l'Etat le plus réactionnaire. Ils deviennent amis avec un jeune couple, un
marine en rupture de ban et sa compagne russe exilée. En 1963, à l'hôpital de
Dallas, ils croisent J. Kennedy agonisant sur un brancard : l'assassin présumé
n'est autre que leur ami…
Le narrateur est le second fils de la famille Rosenblatt : il a beaucoup d’humour… c’est aussi pour tenir bon face à la situation compliquée de sa famille, et à son extravagance.
Un bouquin très drôle !
« Ma
part de gaulois » par Magyd Cherfi
Avec gravité et dérision, le parolier et chanteur revient
sur le printemps 1981, moment où il a dû concilier ses origines maghrébines,
son vécu toulousain, ses révoltes d'adolescent et sa volonté de réussir son
baccalauréat. Il raconte les difficultés des banlieues en France, de
l'intégration sociale et de se forger une identité pour les enfants d'immigrés.
Un bouquin très bien !! surtout sur l’adolescence, l’année du bac, d’un jeune immigré, bon à l’école, le premier de son quartier à obtenir le bac !! Du coup, c’est un « pédé » !!!
On le suit lui, et ses deux meilleurs amis. Il y a aussi plusieurs exemples de copines du trio, dont le sort est encore pire que celui réservé aux garçons.
81, Mitterrand arrive au pouvoir : dans le quartier, on a peur, car on se souvient de lui comme ministre pro-guerre pendant la guerre d’Algérie ! Il y a un peu de « parler-banlieue », mais pas trop. Un super bouquin !
Sandrine a lu :
« La
baleine Thébaïde » par Pierre Raufast
Richeville, jeune diplômé de l'Essec, se joint à une
expédition pour trouver la baleine 52, qui a la particularité de chanter à 52
hertz. Ses compagnons, Edouard, Marc et Dimitri, se montrent très chaleureux,
mais sont en fait à la solde d'un sinistre docteur nommé Alvarez.
De retour en France, déçu, il monte une start-up de baleines de piscines ! C'est sans compter sur la cupidité de Dimitri.
De retour en France, déçu, il monte une start-up de baleines de piscines ! C'est sans compter sur la cupidité de Dimitri.
J’ai lu ce bouquin car j’avais adoré le précédent « La variante chilienne ». Je n’ai pas été déçue, et c’est une litote !
J’ai aimé : l’imbrication des histoires, assez virtuose ; le sujet de la course aux nouvelles technologies, et des manipulations du vivant ; la quête de sens d’un jeune homme doué, mais perdu ; la construction narrative (dont je ne dirai rien), enfin, mais je dois oublier d’autres aspects fort sympathiques de ce roman… j’attends avec impatience le quatrième roman de pierre Raufast.
« enfance
d’un chaman » par Anne Sibran
S'inspirant de ses nombreux voyages à Sarajacu, une
communauté aux marges de la forêt amazonienne, en Equateur, Anne Sibran fait le récit romancé de la vie
de Lucero Tanguila, le fils de Cristobal et de Sisa, qui, dès l'enfance,
traverse les rites d'une dure initiation chamanique. Soignant la communauté de
son village, il est, à l'époque de la déforestation, le témoin d'une
civilisation en voie de disparition.
Pour évoquer ce livre, dont la lecture a été un vrai plaisir, un voyage, je m’aide d’un extrait de l’article de Frédéric Pagès, paru dans le canard enchaîné du 11 janvier 2017 :
Pour restituer ces expériences où l’espace-temps ondule comme dans un traité d’astrophysique, Anne Sibran, qui n’a rien d’une mystique, choisit d’écrire un roman et non pas un document. Pour raconter le verbe de la magie, la magie du verbe… Le résultat est magnifique, à l’unisson du chant poétique de son ami ( » Quand tu racontes, chaque arbre qui nous entoure semble hocher la tête pour acquiescer derrière tes mots »). Animisme, panthéisme ? Cette vision (fusion ?) du monde n’a pourtant pas une chance de survie aujourd’hui, semble-t-il. Pas si sûr ! Car le livre finit dans un rebond optimiste. Puisque sa forêt, livrée aux compagnies pétrolières, perd ses vertus magiques, Lucero conseille à ses enfants d’apprendre l’espagnol, d’aller en ville faire valoir les droits de la tribu. Et cela marche. L’Etat équatorien renonce à découper la forêt en « blocs » saccageant tracés anciens et sites sacrés.
« Qui soupçonne que le vrai responsable du retard d’exploitation du bloc 23, celui qui fait perdre tant d’argent à la compagnie, est le vieil homme qui affûte ses outils en sifflotant dans sa barbe ? »
Bien joué, l’artiste !
Frédéric Pagés
Sandrine S.
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