Rétrospective Terminator 4/4 : Terminator Renaissance

CYCLE TEMPS & IMAGINAIRE

Terminator Renaissance fut le résultat d’une longue période de production chaotique et reste aujourd’hui le dernier vestige de ce qui devait être une nouvelle trilogie située dans le futur, pendant la guerre contre les machines. 

l'usine de fabrication des Terminator modèle T-800



Un film réalisé par McG

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Je dois le dire, j’ai vraiment adoré Terminator Renaissance à sa sortie en 2009 ! Je l’avais vu comme le renouveau d’une des meilleures franchises de Science-fiction d’Hollywood, une sorte de Mad Max Cybernétique hyper jouissif.

Réalisé par McG (Charly et ses drôles de Dames), j'étais pourtant circonspect, mais le réalisateur avait su livrer un travail de grande qualité. Si l'univers visuel n'est pas original, il y a un véritable sens de la mise en scène, une lisibilité de tous les instants et surtout une vraie passion pour l'univers de Terminator.

Sans compter qu'il devait être suivi de deux films qui auraient conclu l'histoire, pendant que la série Les Chroniques de Sarah Connor se proposait de nous faire voyager entre des lignes temporelles infinies à donner le vertige.

Aujourd’hui, cinq ans après, je suis plus mesuré sur le film. En grande partie parce que le projet de trilogie est avorté, que la série a été annulée et qu’il y a du reboot dans l’air.

Plus qu'une critique du film, j'aimerais dresser le bilan de ce qu'il est et de ce qu'il aurait pu être.


« Ici John Connor, si vous écoutez ce message, vous êtes la résistance »


Exit la guerre temporelle et la chasse à l’homme dans le temps. Bienvenue dans l’envers du décor que l’on avait qu’entre-aperçu dans les séquences d’ouverture des films précédents : le futur cauchemardesque d’après l’apocalypse.


Marcus s'éveille dans un monde qui a changé

Et même si le scénario ne parle pas vraiment de voyage dans le temps, le film est à la fois une suite et un prequel de la saga Terminator et sais parfaitement jouer sur les deux tableaux.

Certes, les évènements prennent place chronologiquement après Terminator 3, mais Connor n’est pas le chef de la résistance humaine, Kyle Reese est jeune et n’a pas encore été envoyé dans le passé et surtout les armées de Skynet sont moins avancées technologiquement que ce qu’on a pu en voir dans les films précédents.

Ainsi, le T-800 incarné par Arnold Schwarzenegger est encore à l’état de recherche et développement et la technologie pour voyager dans le temps n'a pas encore été inventée.

Pour toutes ces raisons, Terminator Renaissance s'adresse autant aux habitués de la saga qu'aux néophytes. Lors de la sortie en salles, on me faisait même remarquer qu'il pouvait être considéré comme la suite directe du film original de 1984.


« Je ne sais pas si je peux gagner cette guerre »


Malheureusement, je trouve quelques éléments regrettables dans Terminator Renaissance :

D’une part l'histoire sacrifie ce qui faisait le fondement philosophique de la saga jusqu’ici : être une chasse à l’homme dans un imbroglio de paradoxes sans cesse remaniés, réarrangés à la faveur de lignes temporelles mouvantes, avec en toile de fond un futur apocalyptique d’autant plus effrayant qu’il n’est jamais vraiment montré.

Car, les films précédents ne nous avaient finalement pas appris grand-chose du futur de Terminator. Quelques éléments épars, quelques bribes d’informations, mais rien de vraiment concret. C'était resté un cauchemar à la lisière de la conscience, dont on ne parvient pas, une fois réveillé, à se rappeler les détails.

En enlevant le voile de l’incertitude, en démystifiant ce qui n’avait été que suggéré, Terminator Renaissance galvaude ce futur sombre et inquiétant. Car, la suggestion est toujours nettement plus prégnante que la démonstration, le cauchemar représenté par la guerre contre les machines aura considérablement perdu de son pouvoir d'évocation en étant montré en plein jours.

D’ailleurs, ce n’est pas sans raisons que les meilleurs films de suspens sont ceux qui montrent peu leur menace principale. Car le spectateur est obligé de « combler les vides » en les interprétants avec ses propres peurs et insécurités. Ce qui est bien plus efficace et effrayant que toutes les démonstrations, même maîtrisées.


Le Terminator T-600, ancètre du T-800

D’autre part, il est dommage, que les gens autour de Connor soient informés de son histoire et qu’il soit identifié comme « l’élu » qui doit permettre à la résistance de gagner la guerre. Pour les hommes du futur, il n'existe presque aucun mystère quant à la guerre temporelle qui sévira/a sévit quelques parts dans le temps.

Certes, nombreux sont ceux qui doutent de lui et de sa légitimité, mais je n'ai jamais considéré le personnage de John Connor comme un élu cosmique ou un leader né, mais comme celui qui va commencer à faire ce qui doit être fait.

Non pas en raison d’une quelconque prédestination, mais parce qu’il faut que quelqu'un le fasse et surtout parce qu’il possède un train d’avance sur les autres humains, dans la mesure où il mène cette guerre depuis des années.

« Toi et moi, nous étions déjà en guerre avant même notre naissance. Tu as essayé de tuer ma mère, Sarah Connor. Tu as tué mon père, Kyle Reese. Tu ne me tueras pas. »

C’est ce savoir qui le rend fort, en le plaçant face aux responsabilités de celui qui sait. Ça ne rend pas sa tâche mois dure, ni ne lui confère un quelconque super pouvoir. D'autant que, on l'a vu, le futur n'est pas nécessairement écrit et chaque action de part et d'autres peuvent modifier considérablement la donne.

En ce sens, je trouve l'évolution de Connor dans ce film nettement moins intéressante que ce que proposaient les deux volets précédents. D'ailleurs le personnage est extrêmement effacé dans le film et Christian Bale ne livre pas ici sa meilleure performance. Pire, la vedette est volée par le personnage de Marcus Wright, beaucoup plus intéressant quant à lui.


« Qu’est ce qui fait de nous des êtres humains... Ce n’est pas quelque chose que l’on peut programmer... »


On l’a vu avec Terminator 2, la fusion Humain/machine avait ses limites. Si la machine est capable de comprendre les émotions humaines, elle ne peut en revanche les ressentir.

Dans Terminator 4, le problème est pris à l’envers. Plutôt que de rapprocher une machine de l’homme, on rapproche l’homme de la machine et l’on aborde le transhumanisme, l’humain augmenté.

Le personnage de Marcus est une des grandes réussites du film et c'est lui le véritable personnage principal. Comme toujours dans la saga, c'est le personnage du Cyborg qui est le plus marquant et c'est de lui dont on se souvient.

Un Terminator qui pense être humain (un twist malheureusement éventé des mois avant la sortie du film), ou l’outil d’infiltration ultime, vu par Skynet comme l’élément manquant dans sa tentative d’éliminer John Connor : insérer un peu d’humanité dans machine pour réussir là où toutes les autres ont échouée.


Marcus est un cyborg

Un personnage très intéressant, car il n'est plus considéré comme humain, mais pas vraiment comme une machine, il représente le meilleur des deux mondes, mais n'appartient à aucun des deux.

Seulement c’est cet élément humain que Skynet ne peux contrôler : le libre arbitre ne peut être réduit en paquets de bits manipulables à volonté.

Marcus dispose donc du pouvoir de choisir. Ce qui aura fait de lui l'outil d'infiltration parfait est également la faille dans le plan de l'Intelligence Artificielle, tout comme c'est la capacité à penser par lui-même qui aura permis à Skynet de renverser ses créateurs.


« On peut passer son temps à regretter tout ce qui a été perdu, ou on peut se consacrer à ce qui reste. »


Lors de la promotion du film, une information étonnante avait filtré sur Internet : John Connor devait mourir à la fin et c'est Marcus qui aurait repris l'identité de John Connor pour mener la résistance humaine à la victoire finale.

Pire, Connor devait être un chef militaire coupé de ses hommes, retranché dans un bunker, effrayé à l'idée que sa mort mettrait fin aux espoirs des humains, hanté par sa propre légende.

Devant le tollé provoqué par cette rumeur, les producteurs du film auraient fait machine arrière et le scénario aurait été réécrit pour donner le film tel qu'on le connait aujourd'hui (cette réécriture expliquant quelques incohérences, comme le fait que Skynet ne tue pas Kyle Reese alors qu'il semble savoir qu'il est le père de Connor).


John Connor est passé très près de la mort

Pourtant, une partie de moi (celle qui ne crie pas au scandale et à la trahison) ne peux s'empêcher de penser que ce twist final était dans la continuité de ce qui avait été mis en place dans Terminator 3, à savoir un Connor pas si flamboyant que ça davantage un symbole qu'un leader (un peu dans l'esprit du troisième volet de la saga Hunger Games).

Évidemment c'est une rumeur, mais je trouve qu'il reste une trace de ces intentions dans le film. Ce qui me fait dire que les auteurs (John D. Brancato et Michael Ferris, les mêmes que pour le troisième volet) savaient où ils allaient et que leur trilogie, thématiquement, philosophiquement et graphiquement très distinct des trois premiers films, se serait tenue.


« La bataille ne fait que commencer »


Finalement, le principal problème du film, qui ne dépend pas que de lui, c’est qu’il a été pensé pour être le premier opus d’une nouvelle trilogie cinématographique.


Ce n'est pas le futur contre lequel Connor était préparé

En tant que tel, il lançait un certain nombre d’intrigues qui ne verront pas leur dénouement ici. Et c’est plutôt plaisant, vu que le film recèle des clins d’œil très sympathiques au reste de la saga et qu'il y a souvent un beau sentiment de continuité.

Mais comme la suite ne verra jamais le jour, on se dit que ce qui nous est raconté n’a aucune importance. Toutes ces pistes qui sont lancées ne déboucheront sur rien, tous ces clins d'œil ne sont que du fan service.

Certes, on peut toujours se consoler  avec la suite en bande-dessinée, écrite par Joseph Michael Straczynski, mais les chances sont très minces que l’on voit un jour ce projet traduit en France. Avis aux anglophiles !


La bataille finale, située après les évènement de Terminator Renaissance

Terminator Genisys : reboot ? Remake ? Revival ?


Vous pensiez qu’on avait fait le tour de la saga ? Que nenni !

Un cinquième volet, Terminator : Genisys, est en route pour 2015 et verra le retour de Schwarzenegger en tant que T-800. Emilia Clarke (la khaleesi de Game Of Thrones) incarnera Sarah Connor et Jai Courtney (le fils de Bruce Willis dans le très mauvais Die Hard 5) campera Kyle Reese.

Le film s’annonce comme le début d’une nouvelle trilogie cinématographique (oui, encore une fois), prenant place dans une ligne temporelle alternative qui se propose de revisiter des passages du film original de 1984.

Difficile d’en dire plus pour le moment, si ce n’est que l’avenir de la franchise n’est pas rassurant, car la solution de facilité du reboot (mais en est-ce bien un ?) ne présage rien de bon, surtout quand on prétend revisiter un classique.





Nicolas

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