L'Art et la manière : une certaine idée de l'Amérique
Roman de George V. Higgins
Adapté à l'écran par Andrew Dominik
Situation de crise
A travers ses personnages, Georges Higgins signe un roman policier dans la plus pure tradition. A une exception : une lecture assez rebutante du fait que les protagonistes s'expriment comme s' ils avaient quitté l' école au cours préparatoire.
Les deux pieds nickelés que sont Frankie et Russell vont laisser autant d'indices que le petit Poucet à celui qui doit "résoudre cette crise". Les dialogues sont à l'image de leur situation : tragique et comique.
L'Amérique, c'est que du business
Andrew Dominik en transposant l' Art et la Manière à notre époque propose un éclairage particulièrement cinglant et cynique de la société américaine. Pour lui, l'argent du crime fascine plus que le crime lui-même. Une critique à peine voilée du capitalisme financier qui a plongé le monde dans la crise.
L'avocat (Richard Jenkins) et Cogan (Brad Pitt) sont les dignes représentants d'une Amérique qui limite toujours la casse. Pour renforcer ses propos, le discours de réélection d'Obama en 2008, en fond sonore tout au long du film, sonne comme une litanie qui ne trouve jamais d'échos dans les réalités d'une Amérique individualiste.
Une mention particulière pour Joe Gandolfini en tueur dépressif et au bout du roulot.
"Là où les laissés pour compte payent toujours l'addition, les hommes entreprenants raflent toujours la mise, quelque soit la situation."
Un position radicale de la part du réalisateur dont les déboires financiers de son film L'assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford semblent avoir profondément influencé le scénario.
Au final, une adaptation qui relève un roman assez moyen, plutôt bavard mais dont la galerie de personnages n'attendait plus que son passage à l'écran.
A vous de juger !
Cédric