Captain America - le Soldat de l'Hiver : sécurité rapprochée

AVIS À CHAUD

Après un premier opus réussi qui ouvrait une voie royale vers le rassemblement des Avengers, c'est peu de dire que j'attendais le Soldat de l'Hiver avec impatience. Les premiers échos promettait un film d'espionnage plus sérieux et plus réaliste. Qu'en est-il ?




Lire la critique du premier volet : Captain America, First Avenger

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Nuances de gris


Promesse tenue, ce second Captain America se prend beaucoup plus au sérieux que les films Marvel Studios précédents, avec une ambiance et des thématiques assez lourdes.

 
Il faut dire que le film se base sur les épisodes de la série Captain America scénarisé par Ed Brubacker. Des épisodes d'importance, assez sérieux, qui faisaient la part belle aux ambiances d'espionnage..

D'ailleurs, plus qu'un film de superhéros, le Soldat de l'Hiver est un authentique film d'espionnage. On y voit les influences de James Bond bien entendu, mais surtout de films plus naturalistes comme Jason Bourne.

Certaines scènes sont d'ailleurs d'énormes clins d'œil au genre, à l'image de Nick Fury, blessé et sanguinolent, qui attend Steve Rogers dans l'ombre de son salon.

Le film est assez violent, les scènes de combats sont beaucoup moins sages que dans les films précédents et la puissance du personnage principal (et de son antagoniste) est plutôt bien exploitée (comprendre: ça tatane sévère !)

Ce sérieux se retrouve aussi dans le visuel du film, gris au point d'en être (trop) sombre…



Le soldat hors du temps


…mais aussi dans l'une des thématiques centrale du film : Steve Rogers hors de son temps. Super Soldat, héros de la seconde guerre mondiale, congelé pendant 90 ans, il déboule dans un monde qui n'est plus le sien, régis par des codes qu'il ne comprend pas.

Un monde ou tout va beaucoup plus vite. Un monde de l'information, ou rien n'est vraiment secret. Mais également un monde ou les notions de confiance sont complètement galvaudées. Pour lui, habitué à faire une confiance aveugle aux hommes sous ses ordres, il est inimaginable de ne pas avoir absolument toutes les cartes en main pour remplir sa mission.

Pire, 90 ans plus tard, avoir gagné la guerre n'a pas rendu le monde meilleur. On ne se défend plus, on commet des attaques préventives et surtout, on ne sait pas contre qui on se bat !

Quant à ses amis, ils sont tous morts, et il a raté son rendez-vous avec son grand amour Peggy Carter.

Le film est traversé par la nostalgie de son personnage principal. Chris Evans est d'ailleurs une nouvelle fois phénoménale dans le rôle tant il parvient à rendre palpable la tristesse qui habite son personnage.



Un personnage qui, quand il se remémore ce qu'il a perdu, se remet beaucoup en cause et questionne son engagement auprès du Shield. Mais que faire quand on combat depuis si longtemps ?


Obsessions sécuritaire


Au-delà de ça, le Soldat de l'Hiver questionne (de manière très légère, ce n'est pas un film à thèse, mais bien un blockbuster que nous avons devant nous) les obsessions sécuritaires qui animent notre monde moderne.

Une critique d'autant plus pertinente que tout cela est plus que jamais d'actualité à une époque ou la notions de vie privée n'a jamais été aussi floue.

Toute l'intrigue du film s'appuie sur le fait que si l'on tente de priver un peuple de sa liberté, il se rebellera, alors qu'il est bien plus efficace de ronger la société de l'intérieur jusqu'à ce que le peuple soit près à renoncer à sa liberté de son plein grès. On pense au Patriot act et à la surveillance constante.

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux." Benjamin Franklin


Alors c'est parfait ?


Certes non !

Déjà, les thématiques passionnantes annoncées plus haut sont trop souvent survolées.

Le fait que Steve Rogers soit hors de son temps est traité plutôt correctement et donne lieu à une très belle scène intimiste avec un personnage de son passé sur son lit de mort. Mais la thématique de l'obsession identitaire est traitée en surface et c'est vraiment dommage, car il y avait beaucoup à dire.

De même, le premier volet était réussi en grande partie grâce à son esthétique pulp qui le démarquait des autres films de la franchise et en faisait un film à part et très réussi. Ce second volet occulte totalement cet aspect et la photographie très grise et plate ne laisse aucune place à la fantaisie.

Sans compter qu'à la réalisation Anthony et Joe Russo font le travail sans plus. C'est correct, mais sans envergure et surtout sans classe, en partie à cause d'un emploi systématique de la caméra à l'épaule qui réduit fortement la lisibilité des plans.



Il faut dire que je déteste la camera à l'épaule ! C'est un artifice de réalisation grossier qui se justifie dans des films à petit budget, pour donner du rythme, mais qui n'a pas (ou peu) sa place dans un blockbuster.

Sans parler de la musique d’Henry Jackman, plutôt fade et qui ne possède pas le pep's qui animait celle du premier volet. Quand on pense que Jackman est l'auteur de la superbe musique de X-Men First Class…

Il semble qu'il y a ait aussi un problème avec les acteurs français au début du film (les terroristes sont censés être d'anciens de la DGSE), mais ayant été contraint de visionner le film en VF je ne pourrais pas me prononcer à ce sujet.


Nouvelle époque, même combat


La continuité avec le premier volet est vraiment appréciable. Je dois avouer que j'avais un peu peur du syndrome "suite de Avengers". Or, si l'on parle bien des évènements du film de Joss Whedon, le Soldat de l'Hiver est bel est bien la suite de First Avenger.

D'autant que le film regorge de petits clins d'œil très appréciables : une mention du Docteur Strange qui fait saliver ou l'apparition du Triskelion, le célèbre QG du Shield, jusque ici absent des adaptations cinéma.

Quand aux personnages, ils sont excellents. Chris Evans est toujours parfait dans le rôle de Steve Rogers, le nouveau venu Anthony Mackie gagne immédiatement un immense capital sympathie ("je fait les mêmes choses, mais plus lentement"), Robert Redford s'amuse et la Veuve Noire compose un fort bon duo avec le Captain (exempt, une fois n'est pas coutume, de toute tension sexuelle).

Je déplore quand même un Soldat de l'Hiver très en retrait. Le personnage n'est pratiquement pas développé et son interprète se contente le plus souvent de froncer les sourcils. En dire plus serait gâcher une des surprises du film (un secret de polichinelle si vous êtes lecteur de comics).

Au final un bon film de divertissement imparfait, mais très intéressant, qui marque un virage de Marvel Studios vers des films plus sérieux. Difficile de dire si le virage sera maintenu et si il sera intéressant pour la suite qu'il le soit…


Le mot de la fin ?


C'est désormais une habitude pour les films Marvel Studios : restez après le générique !

Il y a deux scènes à voir, la première étant la plus importante.





Nicolas
 

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