77 – Marin Fouqué


Rapide. Rare. Pour ça que je m’en souviens.

Ce matin, comme tous les matins depuis la rentrée, il ne montera pas dans le car scolaire.
Il laissera partir le Traitre, qui n’a plus de prénom, la fille Novembre qui a violemment retrouvé le sien, le grand Kevin ainsi que tous les autres jeunes qui résident dans cet entre-deux, ni tout à fait banlieue, ni tout à fait Paris. 

Ce matin, fumant des joints, il va rester sur son banc, sous l’abribus, et plus encore dans sa capuche.

 La capuche, il m’a expliqué comme c’était important […] Protection. Armure. Invisibilité.
 
Ce matin, il va se plonger dans ses souvenirs pour plonger en lui-même, et, peut-être, enfin se trouver et se libérer.

77 (prononcez sept-sept) est d’abord un roman oral, un rythme de lecture déroutant au départ, et qui, au fil des pages devient hypnotique. Marin Fouqué joue avec le lecteur, l’oblige à lire, vite, en retenant son souffle, puis à prendre des pauses… « Métallisée, métallisée, métallisée »… Il alterne les phrases longues parfois de plusieurs lignes, avec des mots uniques.

Marin Fouqué signe un premier roman vif, singulier, percutant, rageur, libre, qui « prend aux tripes », sur une jeunesse démolie, coincée, mais qui cherche à sortir la tête hors de l’eau, à se détacher des injonctions à « être » d’une société largement patriarcale, une société où l’irrespect de « l’autre » est omniprésent.

Un flow envoutant, le livre reste ouvert...

Sandrine B. Bibliothécaire


77
Marin Fouqué
Actes Sud 2019

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