John Carpenter : New York 1997 - 1/4

Le festival de Cannes 2019 a remis ces derniers jours un Carrosse d'Or au réalisateur John CARPENTER pour l'ensemble de son oeuvre. Occasion à nulle autre pareille pour revenir, par l'entremise de quatre de ses films les plus emblématiques, sur l'itinéraire d'un des plus grands réalisateurs américains encore en vie! Aujourd’hui, au menu : New York 1997 !



The future ain't what it used to be

New York 1997 est, avec Halloween et The Thing, l'un des films les plus significatifs du début de carrière de John CARPENTER. Le jeune réalisateur est alors en pleine ascension, s'imposant dans la lignée des auteurs américains révélés par les années 1970 (LUCAS, SPIELBERG, SCORSESE...). Malgré son goût affiché et réitéré pour le western, il se spécialise alors plutôt dans le film de genre de qualité, réalisant thrillers, films fantastiques et films de science-fiction. New York 1997, sorti en 1981, appartient à la dernière catégorie. 

Le futur tel qu’il est présenté dans New York 1997 n’a rien d'une franche gaudriole, on peut même dire qu’il est franchement pourri. Dans cette dystopie, les Etats-Unis sont devenus une dictature présidentielle, tandis que New York a été transformé en une gigantesque prison à ciel ouvert, dans laquelle pourrissent tous les criminels et asociaux du pays. Manque de chance, c'est précisément dans ce puits d'iniquité que l'avion présidentiel a la très (mais alors vraiment très) mauvaise idée de venir s'écraser! Aux abois, le responsable pénitentiaire local n'a qu'un seul recours pour tenter de récupérer le Président : faire appel au nouveau prisonnier qu'on vient de lui livrer, le sinistre Snake PLISSKEN...



"Mon nom est Snake. Snake Plissken"

Dès la première vision du bonhomme, il devient vite évident que vous n'en voudriez pas comme gendre, même si votre fille devait être une ancienne parachutiste junkie alcoolo adepte des sports extrêmes. Visage borgne, expression haineuse et langage corporel de coupeur de gorges, Snake PLISSKEN est un vétéran et un braqueur, un soldat de fortune sans foi ni loi. Dans le Japon féodal on l’aurait qualifié de « ronin » (samouraï sans maître), en termes donjonetdragonesques, on dirait de lui qu'il est d'alignement Chaotique Neutre : un individualiste intégral, d'une amoralité sans limites, le survivant absolu qui pulvérisera tout ce qui aura le malheur de se mettre en travers de son chemin. Afin de s’assurer que ce tueur ne sera pas tenté de se débiner sans faire ce qu’on attend de lui, on l’empoisonne purement et simplement avant de le balancer dans New York, charge à lui de récupérer le Président avant de passer l’arme à gauche. Futur pourri, on vous disait…

Je le disais plus haut : John CARPENTER est un fana inconditionnel de western.
Bizarrerie : il n’en a jamais réalisé un seul. Réponse de l’intéressé, un jour qu’il était interrogé à ce sujet : pourquoi s’embêter à vouloir réaliser un western que personne ne le laissera faire, alors que TOUS ses films sont des westerns déguisés ?! C’est ma foi tout à fait exact, et cette assertion se vérifie parfaitement avec New York 1997 : le film est en réalité un parfait western urbain, avec son cow-boy solitaire maniant l’Ingram en lieu et place du Colt, ses méchants pittoresques et ses habitants déjantés. Comme dans tout bon western, on aperçoit, en sus de Kurt RUSSELL incarnant Snake, les trognes d’acteurs comme Lee VAN CLEEF ou Ernest BORGNINE, que tout bon cinéphile ne se lasse jamais de voir et de revoir à l’écran !


John Carpenter 2019 - © Echo Lake Production




« Je te croyais mort … »

« Je te croyais mort » : c’est cette phrase que tout le monde balance à la figure de Snake au fil de ses pérégrinations dans New York. Une manière pas très subtile de lui faire remarquer qu’il est un anachronisme sur pattes, un homme vivant selon son propre code et se fichant éperdument de ce que pensent les autres. Son comportement, jusque dans les plus petites choses, est en effet hors-normes. Lors d’une des plus belles scènes du film, frappante par sa simplicité, Snake perd la piste du Président. Il n’a aucun indice sur la marche à suivre. Ce que constatant, et alors même qu’il est entouré de milliers d’ennemis sanguinaires, Snake se contente de se saisir d’une chaise, de s’asseoir en pleine rue et de réfléchir à son prochain mouvement. Une marque de sang-froid absolu, rendue de manière impeccable par le jeu d’acteur de RUSSELL et la réalisation élégante de CARPENTER. 

Excellent casting, réalisation aérienne tirant le meilleur parti du Cinémascope, décors angoissants, musique entêtante signée comme d’habitude par John CARPENTER lui-même…tout contribue à faire de New York 1997 une vraie réussite artistique et financière, un des films qui établira solidement la réputation du réalisateur à Hollywood, et qui connaîtra d’ailleurs une suite/remake 15 ans plus tard avec le déjanté Los Angeles 2016. En 1981, John CARPENTER est désormais un réalisateur de premier plan à qui tout réussit. Mais la vie présente parfois le même visage que la fiction, et les héros ne deviennent héros que grâce aux épreuves qu’ils ont à surmonter. Et, nous le verrons au cours dans le prochain billet consacré à John CARPENTER, les épreuves ne lui ont certes pas manqué…

Bruno B. Bibliothécaire

Regarder New York 1997 sur la Bibliothèque à domicile

Aucun commentaire:

Fourni par Blogger.