A la verticale de soi

A la verticale de soi est une autobiographie d’une sincérité remarquable, anti-égotique, où Stéphanie Bodet dévoile sobrement ses joies, ses épreuves, ses drames et ses choix, mais aussi et surtout comment sa pratique de l’escalade, vécue comme l’instant présent et non un but, a transformé son rapport au monde. Dans un style limpide et poétique, non dénué d’humour, elle nous fait vivre intensément le vertige des hauteurs et de l’existence.


Escaladeuse, ascensionniste, grimpeuse, rochassière, varappeuse…


…tous ces qualificatifs peuvent s’appliquer à Stéphanie Bodet, dont l’escalade est sa passion, son métier, son sacerdoce. Elle est également une ancienne enseignante en lettres, une poétesse amoureuse des mots et une citoyenne engagée dans la lutte pour la préservation de la nature et du respect des peuples confrontés au tourisme d’altitude. 


Un destin hors du commun 

Née asthmatique et allergique, elle vit les cours de sport à l’école comme un enfer, mais, digne et fière, s’accroche et relève le défi. De là est né son apprivoisement de l’effort. Et si rien ne la prédestinait à faire de l’escalade, c’est à l’adolescence, émerveillée par la nature qu’elle considère comme un refuge et initiée par un Club alpin, qu’elle prend goût à crapahuter sur les rochers. Le « virus » est inoculé !

La consécration… et le cheminement vers soi

D’entraînement en compétition, elle remporte à 24 ans la Coupe du monde d’escalade sur bloc de résine, en 1999. Mais très vite, plutôt que de suivre une carrière d’athlète de haut niveau, dont elle n’apprécie pas la célébrité et la surenchère d’exploits, elle se consacre à une vie d’exploratrice des falaises autour du globe : de la Californie où elle gravit El Capitan, la plus célèbre paroi du monde, au grès rouge d’Australie en passant par les pierriers de l’Atlas marocain, les Alpes françaises, la Chine et la Patagonie.
Elle s’adonne à l’escalade « libre », c’est-à-dire en n’utilisant que les prises offertes par le rocher, le matériel ne servant qu'à assurer sa sécurité et non à la tracter, pour une meilleure symbiose avec les éléments naturels.
Ce mode de vie, centré sur les « big walls » (très hautes dalles verticales nécessitant une ascension de plusieurs jours avec bivouac à même la roche), lui permet de donner libre cours à la contemplation, aux rencontres et à une intériorité humble, loin de l’esprit narcissique et de l’objectif de performance propres à certains de ses confrères. Car, dit-elle, « grimper est une occasion de s’élever, dans tous les sens du terme. Plus qu’un sport, c’est un art de vivre ».


L’écrivain

Progressivement, émerge en elle le désir d’écrire et d’être publiée, pour faire partager ses expériences, rupestres et humaines. Ce seront d’abord plusieurs beaux livres de photographies prises par elle et son compagnon, le grimpeur Arnaud Petit, lors de leurs cordées communes. Puis Salto Angel,  le récit de l'escalade des 979 mètres du Salto Angel au Venezuela, les plus hautes chutes d'eau du monde, paru en 2008.


En janvier 2019 paraîtra le premier roman de Stéphanie Bodet, Habiter le monde, édité chez Gallimard, librement inspiré de sa vie d’alpiniste.


Séverine D. Bibliothécaire


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