Les mots du bitume : de Rabelais aux rappeurs, petit dictionnaire de la langue de la rue

« Gava », « soum-soum », « tiekson », « moula »… Si ces mots vous paraissent exotiques ou martiens, c’est qu’ils sont issus de la rue, principalement des banlieues, mais indirectement aussi du parler populaire français.


Repris dans d’autres contextes, transformés en verlan, en acronymes, abrégés, empruntés à des langues étrangères (allemand, arabe, anglais, espagnol, langues du Mali, de Côte d’Ivoire…), ils ont acquis leur signification et leur connotation propres mais sont en constante évolution. Le « swag » (allure/mode de vie décontracté), apparu en France dans les années 1990 en provenance des Etats-Unis, est déjà ringard au début de la décennie 2010…


Aurore Vincenti, linguiste, lexicographe et chroniqueuse de l'émission "Qu'est-ce que tu m'jactes ?" de France Inter, brosse un panorama haut en couleurs du vocabulaire quotidien des cités qui s’est démocratisé auprès des collégiens, lycéens et trentenaires, en le mettant en parallèle avec les synonymes tout aussi fleuris de l’argot français parfois ancien (XVIe siècle).


Elle en donne l’étymologie, les différents sens (littéral et figuré), les utilisations à éviter selon qu’on admire ou qu’on veut rabaisser quelqu’un… Et ne passe pas sous silence les rapports de classe, le racisme et le machisme, souvent présents dans les expressions « du bitume ».


Chaque terme est illustré de citations de rappeurs et slameurs français (NTM, Booba, Orelsan, Disiz la peste, Grand Corps Malade, Oxmo Puccino…) et, avec un humour canaille, Aurore Vincenti donne leur équivalent dans les textes de Brel, Brassens, Barbara, Renaud ou d’écrivains…


Et pour vous familiariser avec cette langue riche en sonorités et en origines géographiques, un petit exemple de traduction :
 « Gros, ma go c’est pas une michto, elle est OKLM, elle charbonne, elle a des dollz, si tu crois que j’suis meskine, j’te marave ! »
« Mec, ma copine c’est pas une fille entretenue, elle est au calme, elle bosse, elle a de l’argent, si tu crois que je suis pauvre, je te frappe/tue »


Séverine D. Bibliothécaire


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