Des huguenons iconoclastes !

PROTESTANTISMES ET IMAGES - 1517-2017 - 500 ans de la Réforme 2/6

Gabriel de SACONAY, Discours des premiers troubles advenus à Lyon ... – Lyon : Michel Jove, 1569. – in-8° (Carré d’art bibliothèque, 11378)

Cet ouvrage rédigé après la prise de Lyon par les protestants en 1562 montre la ville symbolisée par un lion mise à sac par des huguenots peints, selon un jeu de mots attesté par la littérature de l’époque, en guenons. On y voit un pasteur en chaire exciter ses ouailles à détruire des crucifix et à piller le mobilier du culte.




En France, le phénomène de destruction des images (iconoclasme) a été très marqué.  Il apparaît avant le début des guerres de religion, comme c’est le cas à Nîmes où, le 21 décembre 1561, « le temple de Nostre Dame [= la cathédrale] fut prins et les idoles rompues et abattues. ».

Le mouvement se poursuit jusque dans les années 1580 et même, pour Nîmes, jusqu'aux guerres de Rohan et à l'épisode camisard. Avec les guerres de religion, les mobiles profanes se mêlent aux motifs religieux qui restent déterminants.
La destruction des images est vécue comme une purification.

Elle s’accompagne souvent de moqueries, de cérémonies parodiques, de « supplices » infligés aux idoles jusqu’à leur mise à mort symbolique (décapitation de statues à Saint-Gilles).
Ces actes transgressifs visent à manifester le néant de l’idole, incapable de la moindre réaction. Ainsi à Nîmes en 1621, on se plaint que les protestants aient joué « aux cartes et dez sur les autels, y faisant après leurs ordures dessus... donné des coups de picque et de pierre contre l'image de Nostre Seigneur Jésus-Christ, l'ayant déchiré et plusieurs autres images de saints, parl[a]nt mal de Notre Dame la Vierge Marie et tiré plusieurs arquebusades contre les Croix et images, pissé et fait leurs ordures et vilenies dans les bénitiers ».

Les autorités réformées et les pasteurs s’efforcent de leur côté de canaliser le mouvement et de le maintenir dans les formes de la légalité car comme le dit Calvin, à propos d’une crise survenue à Sauve, « jamais Dieu n’a commandé d’abatre les idoles, sinon à chacun en sa maison, et en public à ceux qu’il arme d’authorité. »


L’exposition Protestantismes et images remet le phénomène iconoclaste dans le contexte global de la place des images dans la Réforme. Hall de Carré d’art, jusqu’au 3 décembre.


Aucun commentaire:

Fourni par Blogger.