Beaucoup de Bruit pour Rien : adaptation fougueuse d’une pièce atypique de Shakespeare

FESTIVAL ÉCRANS BRITANNIQUES

Davantage théâtre filmé qu'œuvre cinématographique pure, l'adaptation de "Beaucoup de Bruit pour Rien" par Kenneth Branagh est une excellente comédie servie par un parterre délectable d'acteurs qui cabotinent à n'en plus finir.
 


Un film de Kenneth Branagh
Adapté de la comédie de William Shakespeare
Également adaptée pour le cinéma en 2012 par Joss Whedon

Le film sera projeté le mardi 8 mars à 14 à Carré d'Art dans le cadre du Festival des Écran Britanniques.

Le moins que l’on puisse dire c’est que cette adaptation est pleine d’entrain et de fougue, aussi légère qu’amusante, une vraie bouffée d’air frais.

Kenneth Branagh s’éclate devant comme derrière la caméra et passe le récit de William Shakespeare à la moulinette d’une réalisation musclée et d’une caméra hyperactive qui virevolte sans jamais se poser.

Ainsi, tout le monde danse, court, trépigne et déclame dans un élan ébouriffant qui n’accorde que de très brefs moments de répit. Seuls les comploteurs semblent avancer à une vitesse normale, jurant avec le reste d’une maisonnée sous acide.




Pas tant du cinéma que du théâtre filmé


D’ailleurs, Branagh ne s’attache d’aucun réalisme, puisqu’il reprend les dialogues originaux de Shakespeare et traite son (superbe) décors unique comme la scène d’un théâtre.

Sans compter que le jeu des acteurs, parfois outré, évoque davantage une interprétation théâtrale que cinématographique. Il suffit de voir la performance complètement habitée de l’excellent Michael "Batman" Keaton, sorte de Jack Sparrow avant l’heure, pour s’en convaincre.

À ce sujet, le casting, une des grandes réussites du film, est malicieusement pensé. Le meilleur exemple, c’est Don Pedro et Don Juan. Ils sont demi-frères, du coup, l’un est noir, l’autre blanc. L’excellent Denzel Washington s’amuse dans la lumière, tandis que le très blanc Keanu Reeves rumine les aigreurs de sa perfide traitrise dans l’ombre des caveaux.


Burlesque et surréalisme


Il y a donc comme une sensation de surréalisme dans ce film, amplifié par certaines scènes comme celle du bal masqué.

D'ailleurs, Branagh compose ses plans comme des tableaux. Cet effet est particulièrement bluffant sur le plan d'ouverture du film
(qui commence sur un tableau justement) tant les couleurs acidulées et la composition du cadre font penser à un tableau de maître qui prendrait soudain vie pendant 1 h 40.



Surréaliste également la joute, que dis-je, la véritable guerre amoureuse, que se livre le couple Bénédicte/Béatrice (formidables Emma Thompson et Kenneth Branagh, vrai couple à la ville au moment du tournage).

Branagh déclame d'une vois aiguë avec force gestes (la scène de la chaise longue, hilarante) quand Thompson, la voix plus posée, est bien campée sur ses pieds, "porte la culotte" et en remontre tant par l'esprit que le physique à tous les hommes de l'assistance.


L’amour de Shakespeare et des acteurs qui se font plaisir


Au-delà des qualités du film, on sent, en filigrane, tout l’amour que porte l’acteur-réalisateur au texte de William Shakespeare.

Il suffit d’ailleurs de regarder la filmographie de Kenneth Branagh pour s’en convaincre : il est un passionné de Shakespeare et sa renommée en la matière n’est plus à faire.

Quant aux acteurs, ils semblent s’être passé le mot pour accompagner Branagh dans son délire tant tout le monde semble s’amuser et prendre un véritable plaisir à jouer.

Un plaisir communicatif au visionnage d’un film qui pourtant s’éloigne de la forme cinématographique habituelle pour ressembler davantage à du théâtre

Bref, vous l’aurez compris, Beaucoup de Bruit pour Rien est un très bon moment. Un film qui donne la pêche !




Nicolas G.

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