Il était une fois dans les Balkans : Capitaine Conan

CENTENAIRE 1914-1918

Alors que l'armistice de 1918 vient d'être signée, une véritable lutte pour survivre va s'engager pour les membres de ce corps francs aguerri aux rigueurs de la guerre.



Roman de Roger Vercel
Adapté à l'écran par Bertrand Tavernier

Appétits de combats


Bien au-delà d'un roman autobiographique, Roger Vercel nous renvoie aux pires heures de notre histoire contemporaine. Et c'est sur le théâtre(méconnu) d'opération à la lisière de la frontière bulgare en septembre 1918 que le récit prend toute sa force. Entre une armée régulière et son corps francs constitués de "guerriers" peu enclin à se plier aux règles , c'est l'étape cruciale de la démobilisation, de l'inaction après une guerre âprement gagnée.





A travers un Bucarest bucolique où misère, prostitution et criminalité sont le quotidien d'une population meurtrie par 4 années de privation, tous les appétits et les instincts le plus vils vont s'abattre comme une maladie endémique. 

D'un côté, une justice militaire droite dans ses bottes foncièrement élitiste engluée  dans un code militaire obsolète, de l'autre, un officier frondeur, le capitaine Conan, survivant d'une sale guerre prêt à accepter les débordements de ses subordonnés. Et puis au milieu,le narrateur de l'histoire, Norbert, l'accusateur (ou plutôt "l'excusateur") du régiment qui représente la voix de la raison dans cette comédie humaine aux allures de fuite en avant.



D'une guerre à l'autre


En adaptant à l'écran Capitaine Conan, Bertrand Tavernier souligne avec conviction l'état d'esprit d'une armée aux abois malgré la victoire. Philippe Torreton en Conan  plus vrai que nature remporte évidemment les suffrages. Mais c'est son aveuglement que Tavernier réussit le mieux à traduire. Un aveuglement qui fait écho à celui d'une armée et d'un pays engagée après 1918 dans une guerre "secrète" contre le péril rouge. 

Une civilisation dans laquelle chaque nation fait la guerre à son voisin en se souciant de préparer le terrain pour la prochaine.





On retrouve aussi dans La vie et rien d'autre (1989) du même réalisateur cette sensibilité toute particulière pour dénoncer les massacres de la "grande guerre" et nous éclairer sur le nécessaire apprentissage de la paix et de la mémoire.


Un roman captivant et un film poignant pour une relecture pertinente à l'occasion du centenaire.

Cédric

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