Hunger Games - La Révolte : n’arrêtez pas de filmer

La pression monte dans ce troisième volet de la saga Hunger Games. Au cinéma, le roman est adapté en deux films, dont la première partie est un opus de transition qui pose les bases d’un final que l'on espère grandiose.




Roman de Suzanne Collins
Adapté au cinéma par Francis Lawrence

"si nous brûlons, vous brûlerez avec nous !"


Si vous nous lisez depuis quelques temps, vous vous souvenez peut-être que nous aimons beaucoup la saga Hunger Games de Suzanne Collins.

Or, le troisième volet est probablement le plus intéressant, car il aborde frontalement les conséquences psychologiques de ce que subissent les personnages depuis le début de la saga.

Dans ce volume, terminé les jeux télévisés, c'est la guerre  : morts, désespoir, blessures, sacrifices, révélation sur l'exploitation sexuelle des tribus, dépendance, traumatismes en tout genre… décrits sans concession par une Suzanne Collins au style toujours aussi épuré et efficace.

Le coup de génie du livre, c’est d’aller là où on ne l’attend pas : vous pensiez voir Katniss prendre les armes et assumer son rôle d'héroïne révolutionnaire ? La voir marcher sur le Capitole pour libérer le petit peuple d’un joug tyrannique ? Vous allez être surpris ou déçus, au choix.

Car, La Révolte n’est pas une histoire de rébellion, pas plus qu’une histoire de héros. C’est une guerre qui se combat par biais de propagande et de manipulation médiatique des deux côtés. Il y a bien des combats et des batailles, mais c’est en marge du récit.

L'histoire de Katniss et Peeta est récupérée, déformée, idéalisée, utilisée, par les deux camps, comme objet de communication afin d'enrôler ou d'effrayer les citoyens de Panem.

Celle qui, au départ voulait seulement sauver sa sœur devient la voix et le visage d'une rébellion, tandis que son compagnon d'infortune fait l'apologie du Capitole par écran interposé.



Pourtant, le Geais Moqueur fait ici bien pâle figure et n’est plus qu’une épave sous morphine. Complètement brisée psychologiquement, Katniss ne parvient pas à surmonter les traumatismes subis pendant les jeux. La cause rebelle la dépasse complètement et elle est incapable d’en comprendre les tenant et aboutissants, sans jamais voir (et le lecteur non plus) la situation dans son ensemble.

En allant à contre-courant, en racontant l’histoire d’une héroïne fragile, brisée et égoïste, que la cause rebelle n’intéresse pas, en ne mettant pas l’accent sur les temps forts de la guerre, en décrivant les évènements par le petit bout de la lorgnette, le roman sait habillement jouer avec les frustrations de ses lecteurs et surprendra peut-être par l’âpreté de ses retournements de situation.

"Ce qu'on attend de moi, c'est que j'endosse le rôle qu'on a conçu à mon intention."


C’était à craindre, le film souffre du même défaut que l’adaptation du dernier volet d’Harry Potter : une première partie inégale en termes de rythme, car tous les morceaux de bravoures ont été gardés pour le quatrième et dernier film.

Tout cela manque cruellement d'enjeux, car l'histoire est coupée au milieu. Une coupure qui manque de naturel, puisque le film demeure très fidèle au roman d'origine, non coupé lui.

D’autant que le découpage ne me parait pas très heureux. Il y avait une scène d'action qui aurait pu conclure ce premier film d'une manière satisfaisante et équilibrer le récit par un climax final plus intense.

En clair, même si j'ai bien aimé, je reste sur ma fin, ce découpage commercial en deux films douche mon enthousiasme et me donne l'impression d'être coincé dans un entracte d'un an !

Car, il est probable que le film gagnera à être revu dans la continuité de la seconde partie (prévue en 2015) et que, à l’instar d’Harry Potter et les Reliques de la Mort, il ne s’agira pas de deux films, mais bien d’un gros film de cinq heures en deux parties.



"Au lieu de ça, je me regarde me prendre une balle en direct."


Ce que le film parvient fort bien à faire en revanche, c’est à retranscrire à quel point Katniss est écrasée par des enjeux qu’elle ne comprend pas.

Davantage égérie et symbole que combattante, elle est au centre d’intrigues politiques visant à la manipuler pour la faire rentrer de force dans le grand jeu médiatique qui constitue le nerf de la guerre que ce livrent le Capitole et le District 13, personnifiés par le président Snow et la présidente Coin.



Car au fond, si la cause des rebelles est plus juste et leurs méthodes moins discutables, il n’y a pas vraiment de gentils et de méchants dans Hunger Games.

Chaque camp use et abuse d’outils de marketing pour arriver à ses fins (un clin d’œil au Starship Troopers de Verhoven) et utilise les anciens tribus comme vecteurs de propagande.

Le film s’emploie à nous montrer à quelle point la guerre peut être une affaire de communication : discours réglés au millimètre, clips tournés à grand renforts d’effets spéciaux, costumes et blessures mis en scènes, manipulation mentale…

« - Et si vous mourrez ?
- Surtout n’oubliez pas de filmer ! »

Il s’agit, pour chaque camp, de faire passer un message. Tantôt pour galvaniser les troupes, tantôt pour démoraliser l’ennemi. Mais au fond les techniques sont les mêmes et ne dépareilleraient pas dans une campagne d'élections.



"Oh, ma chère mademoiselle Everdeen. Moi qui pensais que nous étions convenus de ne pas nous mentir."


Sur la forme, l’équipe est la même que sur le film précédent, nous sommes donc en terrain connu. L'histoire fait la part belle aux décors réels et utilise les effets spéciaux avec une parcimonie bienvenue.

Le début du film est très froid, sans musique, intimiste et calme. Francis Lawrence nous livre une mise en scène léchée et quelques très belles images. Comme pour le film précédent, rien de révolutionnaire, mais un travail élégant et efficace.

Mais, outre son scénario, c'est la distribution le point fort du film. Un casting cinq étoiles qui montre que le genre est pris au sérieux par ses producteurs : Jennifer Lawrence, bien entendu, mais aussi Donald Sutherland, Julianne Moore ou le regretté Philip Seymour Hoffman… et quelques fausses notes (Liam Hemsworth transparent).

C'est peut-être parce que cette saga est traitée aussi sérieusement qu'elle surclasse au cinéma tout ce qui se fait dans le genre young adult.

Viendras-tu, oh, viendras-tu
Me retrouver au grand arbre
Où ils ont lynché leur soi-disant meurtrier.
Des choses étranges s'y sont vues
Et moi, j'aurais tant aimé
Te revoir à minuit à l'arbre du pendu

Viendras-tu, oh, viendras-tu
Me retrouver au grand arbre
Où le mort a crié à sa belle de filer.
Des choses étranges s'y sont vues
Et moi, j'aurais tant aimé
Te revoir à minuit à l'arbre du pendu.

Viendras-tu, oh, viendras-tu
Me retrouver au grand arbre
Et partir avec moi comme je te l'avais demandé.
Des choses étranges s'y sont vues
Et moi, j'aurais tant aimé
Te revoir à minuit à l'arbre du pendu.

Viendras-tu, oh, viendras-tu
Me retrouver au grand arbre
Porter un long collier de chanvre à mes côtés.
Des choses étranges s'y sont vues
Et moi, j'aurais tant aimé
Te revoir à minuit à l'arbre du pendu

Nicolas




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