Superman Red Son : sous les rayons d’un soleil rouge !

Imaginez un monde où Superman n’est pas arrivé sur Terre à Smallville aux États-Unis, mais dans un Kolkhoze en 1938. Un monde où il arbore fièrement la faucille et le marteau sur la poitrine. Un monde où l’homme d’acier est le successeur de Joseph Staline…Un récit alternatif brillant par Mark Millar !



Roman graphique de Mark Millar, dessins de Dave Johnson et Kilian Plunkett


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L’homme d’acier : le dernier fils de Krypton

L’histoire de Superman est très connue : Kal El, encore nourrisson, est envoyé par son père sur Terre pour échapper à la destruction de Krypton, planète condamnée par l’explosion de son soleil.

Recueilli par des fermiers du Kansas, il découvrira que l’exposition aux radiations d’un soleil jaune lui confère les pouvoirs d’un dieu. Il apprendra à les maitriser pour devenir Superman, l’homme d’acier.

Héros solaire par définition, Superman est un personnage profondément optimiste et droit. Il représente le côté lumineux de l’univers DC, quand Batman est son côté sombre et Green Lantern les nuances de gris entre les deux.



Elseworlds : mondes parallèles


La mini-série Superman Red Son de Mark Millar appartient à la ligne Elseworlds publiée par DC Comics.

Elseworlds, littéralement autres mondes est une collection de récits alternatifs situés dans l’univers DC basée sur le principe du « Et si… ? » cher aux amateurs de Science-Fiction.



« Et si Superman était arrivé sur Terre 12 heures plus tard et avait atterri en URSS ? ».

Ce principe permet, pour le fan, de se plonger dans des récits alternatifs (un genre d’Uchronie superhéroïque) et pour le néophyte de lire des histoires dégagées de la lourde continuité habituelle.

Aussi, vous n’avez pas besoin d’avoir lu la moindre page de Superman pour savourer Red Son !


Une relecture amusante du DCverse


Lois Lane est mariée à Lex Luthor, Batman est un dissident révolutionnaire avec une Chapka sur la tête, Wonder Woman est convertie au communisme et Green Lantern représente la dernière ligne de défense du monde capitaliste contre un communisme devenu majoritaire, tout puissant et omniscient.

D’une manière ou d’une autre, Mark Millar s’amuse à réinventer les principaux concepts, alliés et ennemis de Superman, au détour de clins d’œil plus ou moins appuyés.

Certains sont voyants, comme les origines du Batman communiste. D’autres sont plus discrets à l’usage des habitués : Jimmy Olsen (le pigiste fallot) agent de la CIA, ou Barry Allen (Flash, l’homme le plus rapide du monde) journaliste sans aucun pouvoir, en passant par Bizarro en Superman Américain...


Un graphisme old school lisible et beau


Au niveau dessin c’est très bien, parfaitement lisible, un vrai plaisir de lecture.

Les deux dessinateurs (Dave Johnson et Kilian Plunkett) sont excellents. Leurs styles old school, à l’encrage épais pas du tout réaliste, sont complémentaires et collent très bien à l’ambiance du scénario de Millar.

À noter que l’édition d’Urban Comics propose à la fin un carnet de croquis préparatoires et d’illustrations de toute beauté (les fausses affiches de propagande sont magnifiques).


Un récit à la (dé)mesure de l’homme d’acier


Superman est, comme Wolverine, un personnage très excitant sur le papier, mais qui a rarement connu les honneurs de récits à la hauteur du mythe.

Ici c’est pourtant bien le cas. C’est même, à mon avis, un des meilleurs récits sur Superman.

Car, Red Son vas plus loin que son simple postulat de départ, en racontant la vie entière de Superman en trois chapitres équilibrés (l’arrivée, l’ascension, la chute) et en déroulant une histoire efficace et riche, très condensée, presque trop.

D’ailleurs, le récit esquive complètement Clark Kent. Dans cet univers, Superman n’a pas d’alter ego humain, pas d’identité secrète, ce qui nous permet d’éviter de pénibles histoires d’origines (déjà multi-racontées  tant sur papier qu’au cinéma) pleines de clichés et de rentrer immédiatement dans le vif du sujet. 



Ce faisant, Mark Millar parvient à éluder l’écueil qu’aurait pu poser l’entreprise : un Superman devenu mauvais parce que Communiste. Fort heureusement, Red Son ça n’est pas Superman contre les USA ou capitalisme versus communisme.

Car Superman, communiste ou non, reste le héros qu’il a toujours été : son but est de protéger l’humanité, contre elle-même si besoin, en imposant ses vues si nécessaire, sans comprendre pourquoi certains refusent sa doctrine, préférant mourir librement de faim qu’être bien nourri, mais sans pensée individuelle.


Une analyse du phénomène Superman


Superman Red Son est une œuvre incontournable, une analyse brillante du héros le plus emblématique de l’univers DC

Car au-delà de l’argument monde alternatif, Millar analyse, décortique et démystifie le célèbre personnage en poussant à son paroxysme la nature du héros et en montrant qu’il est faillible.

Au fond l’album nous invite à découvrir ce qui se passerait si Superman s’ingérait dans les affaires humaines et imposait (de manière relativement douce, puisqu’il ne fait pas la guerre aux USA, mais expose une idéologie par la discussion et l’exemple) ce qu’il considère comme étant la bonne voie.

Sans compter que le récit propose une fin extraordinaire (l’album vaut le coup rien que pour ça) qui offre une sensation de complétude comme peu d’œuvres sont capables d’en offrir.

Nicolas

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