The American
Ce qui nous touche le plus lorsqu'on lit les premiers chapitres du roman de Martin Booth, c'est le soin qu'il porte à décrire ces paysages, ces hommes et ces situations avec un souci d'authenticité.
Roman de Martin Booth
Adapté au cinéma par Anton Corbijn
Adaptation cinématographique oblige, "A very private gentleman" est devenu "The American". Et même si Georges Clooney vampirise l'écran, le personnage créé par son auteur "Il signor Farfalla" reste énigmatique et discret, grand amoureux de l'art, des femmes et de la bonne chère.
Concerto pour un tueur
"Je ne suis pas Hitler, ni Staline, Churchill, Johnson ou Mao Tse-Toung. Je ne suis pas le Christ ni Mahomet. Pourtant je suis dans les coulisses celui qui prépare le changement, fournit les moyens en vue d'une fin. Moi aussi, je change le cours de l'histoire."Retiré dans un petit village des Abruzzes, cet artisan de la mort prépare une dernière arme qui changera le cours d'une vie ou bien la sienne. Non sans humour car à chaque opération manuelle correspond une musique :
- Elgar : les variation Enigma pour la préparation des munitions,
- Tchaïkovski, ouverture de 1812 pour l'usinage du pignon,
- Toccata et fugue en ré mineur de Bach pour l'allongement du canon.
Metamorphose
En quête d'amour, il devra d'abord faire face à "l'habitant de l'ombre", qui menace son existence. Les relations avec le père Benedetto sont à peine effleurés dans le film alors que Martin Booth privilégie les joutes verbales entre les deux hommes devant une assiette de "prosciuitto" et un bon armagnac.Anton Corbijn, le réalisateur, a fait du personnage, un héros "melvillien" à l'image de son Samouraï. Martin Booth, décédé en 2004, aurait surement apprécié la comparaison.
La photographie et la lumière sont admirables au point de se retrouver pendant le film à explorer une peinture de l'Italie profonde.
Que dire de la composition musicale de Herbert Grönemeyer, auteur et compositeur prolifique outre-Rhin et à l'internationale, sinon qu'elle mène inexorablement son héros vers sa destinée entre guitare et piano, pas à pas à travers un thème mélancolique et tournoyant. Des emprunts musicaux à la Ennio Morricone aux grands classiques comme Un bel di vedremo de Maria Callas font de the American un hymne à la vie à la mort.