Un enlèvement de François Bégaudeau

Une satire grinçante et jubilatoire d’une famille bourgeoise, bien-pensante, moralisatrice, ultra-connectée, mais enfermée dans un monde rempli de certitudes.

 

Le monde selon Emmanuel 

Tout doit correspondre à la vision idéalisée de ce père de famille.

Passer ses vacances d’été de préférence dans un immeuble haut de gamme, partager sa vie avec une femme belle et intelligente, avoir des enfants avec un niveau intellectuel au-dessus de la norme, sains de corps et d’esprit.

Sûr de lui, adepte de running, scotché à sa montre connectée, il se lance des défis pour se prouver qu’il est encore dans le coup, athlétique et bien conservé pour son âge.

« D’une inspiration profonde je me suis empli d’air pur, puis j’ai entamé une série de gainage de 5 × 30, le corps parallèle au sol, les abdominaux contractés pour ne pas me cambrer. Tout en bas une file indienne de seniors fendait l’eau plate du matin, les bras prolongés de raclettes. Leur allant m’a réjoui. Ils n’étaient pas près de mourir et donc moi encore moins… »

Le moindre problème sera abordé lors d’un conseil de famille car comme le dit Brune : « là où manquent les mots germent le conflit ». En situation de crise, les mots doivent être précis, mesurés. La parole contenue, il ne doit pas y avoir de place pour le mensonge.

La vie selon les membres de sa famille 

Brune, sa femme est loin d’être dupe et devine ses infidélités.

Justine, sa fille si cultivée ne rêve que de se rendre au podium NRJ de la station balnéaire où elle passe ses  vacances en famille.

Louis le petit dernier qui s’enferme dans son mutisme est sans doute plus intelligent que ce que l’on pense.

Ce qu’Emmanuel ne voit pas c’est que le monde existe aussi sans lui. Ses mensonges et ses trahisons ne trompent que lui-même.

Marie-Pierre G. Bibliothécaire

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